EXPRESSION
Auteur(s) : Propos recueillis par Clothilde Barde
Alors que la conscience écologique est de plus en plus importante dans la société, qu’en est-il des vétérinaires dans leur quotidien ? Des changements de pratiques sont-ils possibles et/ou souhaités ? Témoignages de trois vétérinaires praticiens exerçant en milieu mixte ou rural.
Ophélie Bonhomme (L 20)
Praticienne salariée, activité mixte à prédominance rurale (50 % lait-50 % allaitant) en Lorraine (clinique de Landres)
On essaie d’avoir des pratiques plus écologiques à la clinique
Pour les chirurgies de convenance, par exemple, s’il y en a beaucoup, nous gardons les mêmes seringues d’antibiotiques ou d’anti-inflammatoires non stéroïdiens pour plusieurs animaux. Cette mesure, qui avait d’abord été mise en place dans une de nos deux structures, est maintenant adoptée dans les deux. Un tri sélectif est réalisé au sein du cabinet. Malgré tout, les déchets en carton, notamment liés aux commandes, restent nombreux. Pour les déplacements dans les élevages, chaque vétérinaire utilise sa voiture de fonction qui, toutes, sont diesel, mais nous essayons de demander aux éleveurs de prévenir au plus tôt quand ils souhaitent que nous allions les voir pour prévoir un parcours de visite le plus court possible. Toutefois, c’est parfois compliqué, d’autant plus que, comme dans toutes les clientèles, les temps de trajet ont tendance à s’allonger. Ainsi, il y a quelques années, deux cliniques situées à proximité ont arrêté leur activité rurale donc nous avons dû reprendre leur clientèle.
Gwydion Pinon (N 21)
Salarié, activité rurale lait dans les Côtes-d’Armor
Ce n’est pas vraiment un sujet discuté dans la clinique
Au quotidien à la clinique, nous trions tous les déchets et, dans ma voiture de fonction, j’ai décidé d’installer deux poubelles (la première pour les consommables et emballages et l’autre pour tout le matériel souillé). Au sein de notre clinique, qui appartient au réseau Vet&Sphère, un bilan carbone a été réalisé. Pour compenser ce bilan, un projet d’installation de panneaux solaires à la clinique a d’ailleurs été évoqué, le sujet est en réflexion. Selon moi, développer des systèmes d’énergie renouvelable pourrait être intéressant, mais cela pose néanmoins actuellement la question de l’investissement. Pour le passage à des voitures de fonction électriques ou hybrides, cela semble compliqué et ce n’est pas d’actualité pour le moment. Enfin, dans notre structure, aucune règle de bonne pratique écologique n’est imposée. Cela dépend de la volonté de chacun et, d’ailleurs, ce n’est pas un sujet qui est vraiment discuté entre nous.
Nicolas Gaudout (T 04)
Vétérinaire associé, activité rurale à Villaines-la-Juhel (Mayenne)
Il n’est pas évident d’apporter des notions d’agroécologie en élevage
Nous avons des confrères plus jeunes au sein de la clinique, donc l’écologie est un point que nous ne pouvons pas négliger. J’ai d’ailleurs travaillé pendant deux ans en agroécologie, ce qui m’a amené à penser différemment. Selon moi, il n’est pas évident d’apporter des notions d’agroécologie en élevage car le principal facteur à moduler est l’alimentation. Or, en tant que vétérinaires, nous n’avons pas beaucoup de prise là-dessus. Nous pouvons cependant réfléchir aux impacts des traitements que l’on met en place sur la faune sauvage car, concrètement, nous avons des témoignages d’éleveurs et d’apiculteurs qui constatent des effets. L’écologie est une question qui se pose de plus en plus dans la société, et nous devons apporter des réponses pertinentes sur le sujet à nos clients. Mais, pour le moment, nous sommes encore démunis à ce niveau-là. Au sein de notre clinique, nous essayons néanmoins de réduire la quantité de déchets générés et nous interrogeons sur l’usage de seringues réutilisables, à condition de mettre en place un système de nettoyage stérile contrôlé.