Volonté de synergie entre le SNVEL et les ENV pour repenser l’avenir - La Semaine Vétérinaire n° 1990 du 19/05/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1990 du 19/05/2023

Universités de printemps

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Lorenza Richard

La diversité de l’exercice vétérinaire en clientèle était à l’honneur des Universités de printemps du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral les 11 et 12 mai dernier à VetAgro Sup. L’occasion de présenter les diverses facettes de l’exercice vétérinaire aux étudiants et d’engager une réflexion collective concernant l’avenir de la profession.

Après Oniris en 2022, c’est VetAgro Sup qui a accueilli les Universités de printemps 2023 du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL), les 11 et 12 mai, sur son campus vétérinaire à Marcy-l’Étoile (Rhône). « Cela s’inscrit dans une volonté de synergie entre le SNVEL et les écoles nationales vétérinaires (ENV), a déclaré Laurent Perrin, président du SNVEL. Cette synergie a été renforcée cette année par la présence au Salon international de l’agriculture du stand des ENV au sein de celui des vétérinaires, organisée par le syndicat. » Cette année, les Universités ont traité de l’exercice varié que nous offre notre diplôme. « Un diplôme, des métiers, dit l’adage, a précisé Laurent Perrin, qui fait le constat qu’une partie des diplômés ne vont pas ou abandonnent la clientèle, mais aussi les abattoirs, les laboratoires d’analyses ou de recherche… Le sujet est trop complexe pour perdre du temps à rechercher des responsabilités passées. Nous devons imaginer des solutions ensemble, étudiants, jeunes diplômés, enseignants-chercheurs, praticiens, futurs employeurs. » « La diversité de l’exercice vétérinaire fait la force du métier, il faut en parler aux étudiants pour qu’ils puissent faire leur choix, a également déclaré Mireille Bossy, directrice de VetAgro Sup. Nous sommes à la fin d’un modèle et nous devons préparer nos étudiants aux nouvelles attentes sociétales. »

Motiver les jeunes à exercer en clientèle

L’objectif de ces Universités était ainsi de lancer une réflexion collective sur ces problèmes, au cours de neuf ateliers collectifs dont les résultats ont été restitués. Pour Mireille Bossy, ces ateliers illustrent la volonté commune de renforcer le lien qui existe entre la profession et les ENV. Des conférences ont présenté aux étudiants, et rappelé aux praticiens, un comparatif des différents statuts d’exercice en clientèle, afin de leur permettre de connaître le champ des possibles et de choisir en connaissance de cause, tout en précisant qu’aucun statut n’est définitif et qu’il est possible de passer de l’un à l’autre au cours de sa carrière. Les étudiants ont également été mis en garde sur l’importance de lire toutes les pages d’un contrat qui va les lier à une structure ou à une chaîne, et de se faire aider par des professionnels, avocats et experts-comptables. Le second cycle de conférences était dédié au bien-être des équipes vétérinaires, notamment aux risques psychosociaux liés à l’activité et à la façon d’intégrer le mieux possible les jeunes diplômés dans une structure. Il est en effet essentiel de motiver les jeunes à exercer et garder leur motivation.

Des évolutions politiques en cours

La diversité des modes d’exercice a été présentée aux étudiants à travers les projets variés dans lesquels est engagé le SNVEL, comme la médecine solidaire avec Vétérinaire pour tous ou la formation des jeunes avec la plateforme de recherche de stages vétérinaires Stage Vet1. Le syndicat a également participé aux groupes de travail du pacte loi d’orientation et d’avenir agricoles, qui devrait passer à l’automne 2023, avec une application effective prévue début 2025. La délégation d’actes aux auxiliaires vétérinaires fait partie de ce projet de loi. Les discussions à ce sujet sont encore à venir, mais Jérôme Frasson, vice-président du SNVEL, a indiqué qu’il serait envisagé que la délégation d’actes soit réalisée à l’intérieur des structures par du personnel disposant d’un titre d’auxiliaire vétérinaire, sous la responsabilité et en présence du vétérinaire. De plus, la rédaction des textes concernant le suivi sanitaire permanent est en cours, mais il serait prévu que le seul praticien par atelier qui pourra prescrire hors examen clinique soit le vétérinaire traitant déclaré par l’éleveur en contrepartie de la permanence et continuité des soins qu’il s’engagera à assurer ou à organiser. « On veut que le vétérinaire de proximité soit reconnu », indique David Quint, trésorier du SNVEL. De même, il rappelle qu’actuellement aucun texte n’encadre la télémédecine vétérinaire, et que la réflexion en cours sur ce sujet escompte également de privilégier le vétérinaire traitant.

Des avancées concrètes pour le maillage

Enfin, Laurent Perrin a rappelé que les premiers travaux sur les solutions à apporter pour maintenir le maillage vétérinaire dans les zones rurales ont été menés en 2016 par Pierre Buisson, alors président du SNVEL. Ils ont abouti à la loi Daddue, adoptée le 3 décembre 2020, qui permet aux collectivités territoriales de délivrer des aides à l’installation des vétérinaires ou à l’accueil de stagiaires. En février 2023, un rapport a été remis par les organisations professionnelles vétérinaires et agricoles au ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire2, après un appel à manifestation d’intérêt pour le diagnostic des territoires. Celui-ci a été mis en place, en partant du local, sur les bassins de vie, et, parmi 26 candidats, 11 ont été sélectionnés. Ces concertations au niveau local entre les organismes professionnels, qui se connaissaient et étaient prêts à travailler ensemble pour trouver des solutions, ont amené à un diagnostic partagé sur les enjeux et les solutions à apporter. Ainsi, les représentants de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) ont notamment présenté le plan d’aide de 1,5 million d’euros par an, adopté en été 2022. Fabrice Pannekoucke, vice-président de la région Aura, a indiqué qu’un effort particulier est réalisé pour aider à l’installation des praticiens. « Les vétérinaires sont les piliers du bien-être et de la santé animale, des acteurs majeurs de la question du sanitaire, a-t-il déclaré. Il n’y a pas d’agriculture s’il n’y a pas d’exercice vétérinaire, car il contribue de manière évidente à l’aménagement du territoire. » Pour lui, ce plan « n’est pas un effet d’annonce, mais du concret » et l’engagement financier est réparti en un accompagnement aux investissements (construction, matériel, logement) et à la formation, en dynamisant l’intérêt des étudiants pour la pratique rurale. « Je suis optimiste, a indiqué Laurent Perrin. Le travail sur le maillage est la preuve que l’on peut réunir autour d’une table toutes les parties prenantes d’un projet, être constructif, et enfin arriver à un résultat. »

  • 2. Maillage vétérinaire, appel à manifestation d’intérêt, diagnostics de territoires : bit.ly/3BpGEwf.
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