FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Laura Warin Article rédigé d’après une présentation des 14es journées de la recherche avicole et palmipèdes à foie gras (Tours, 9 et 10 mars 2022), « Quels sont les besoins comportementaux de l’espèce Gallus gallus domesticus ? », de Warin L., Guinebretière M., Bellegarde L., et al.
Respecter le bien-être des animaux d’élevage passe par la bonne expression de leurs besoins comportementaux. Dans un environnement ne permettant pas la satisfaction de ces besoins, leur bien-être est impacté négativement (frustration par exemple), et des comportements anormaux peuvent s’exprimer.
Chez l’espèce Gallus gallus domesticus (poules pondeuses et poulets de chair), ces besoins ont été passés en revue dans le cadre d’un groupe de travail réunissant des scientifiques travaillant sur le bien-être et/ou les comportements des poules. Leur travail s’est appuyé sur les connaissances acquises sur les poules domestiques et sur la poule de jungle (ancêtre de la poule qu’on élève actuellement). Leur objectif final est de pouvoir faire évoluer dans la bonne direction le modèle de production du poulet de chair standard.
La poule exprime une multitude de comportements spécifiques. Tous sont importants, il n’y a pas de hiérarchie possible, mais certains comportements se manifestent plus longuement que d’autres. Au total, le groupe de travail a listé dix besoins comportementaux que la poule exprimera au cours de la journée (journée type de 14 heures de jour et 10 heures de nuit).
Explorer l’environnement et rechercher sa nourriture
La recherche d’alimentation et la découverte de l’environnement occupent 90 % de la journée d’une poule dans la nature, avec environ 8 h 30 de picorage par jour et/ou 5 heures de grattage du sol. Dans la nature, l’animal passe aussi 60 % de son temps à se déplacer, ce qui contribue à une bonne santé mentale et physique de l’animal. Le déplacement peut être de la marche, de la course ou encore du vol correspondant à monter et à descendre des perchoirs en élevage. Le temps de perchage est également central puisque toutes les poules vont se percher la nuit dans la nature ; quelques-unes le font aussi en journée. Le temps de repos correspond à la nuit de sommeil, permettant la récupération physiologique ; la poule peut se reposer aussi pendant la journée. Se percher permet à l’animal de se reposer tout en ayant la sensation d’être protégé des prédateurs, car en hauteur. Pour cette raison, la poule se perche aussi pour faire sa toilette. L’animal consacre environ 1 h 30 par jour à la toilette (soit un peu moins de 15 % du temps d’une journée), généralement le matin et en fin de journée. La toilette sert à la communication entre individus, au déparasitage et à l’entretien des propriétés thermo-isolantes du plumage.
Jouer pour une bonne cohésion sociale
La poule fait des bains de poussière deux ou trois fois par jour étant jeune, puis tous les deux jours en moyenne, pendant 30 minutes, généralement en début d’après-midi. Comme le toilettage, cela permet l’entretien du plumage, et l’élimination de parasites. Ces bains sont particulièrement appréciés des volatiles. De la même manière, les bains de soleil génèrent des émotions positives : durant ce moment, la poule va souvent étendre une patte et écarter ses ailes dans une zone ensoleillée. Le jeu est un autre comportement connu comme associé à des émotions positives : il assure notamment la cohésion sociale au sein du groupe puisque les animaux interagissent entre eux de manière visuelle, vocale ou physique. Les liens varient entre les individus ; par exemple, pour une mère, il est particulièrement important de protéger ses poussins sous ses ailes en cas d’alerte. Enfin, les poulets domestiques s’étirent les ailes en moyenne 25 fois par heure, ce qui participe au maintien du bon confort physique. Les battements d’ailes sont par ailleurs une façon de communiquer entre les individus.
Contrôler son environnement
La poule est un animal qui a la capacité d’apprendre, via d’autres individus ou par elle-même. Dans un environnement donné, elle va pouvoir en identifier toutes ses ressources et ses dangers potentiels. Lui donner la possibilité d’anticiper les changements environnementaux, et les moyens de réagir selon ses besoins, participe à son bien-être, elle contrôle ainsi mieux son environnement. Par exemple, lorsque la luminosité change à la même heure, la poule sait quand aller vers son perchoir pour la nuit ; si l’éleveur frappe à la porte avant d’entrer dans le bâtiment, elle peut anticiper son arrivée en changeant de place au besoin. Permettre aux poules d’anticiper peut également générer des émotions positives, par exemple en amont d’une distribution d’aliments.