Quel usage faites-vous de la téléconsultation ? - La Semaine Vétérinaire n° 1973 du 20/01/2023
La Semaine Vétérinaire n° 1973 du 20/01/2023

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Pierre Dufour

Lancée en mai 2020, la télémédecine vétérinaire devait bénéficier initialement d’une expérimentation de dix-huit mois. Aujourd’hui, le cadre réglementaire n’est toujours pas défini et le dossier stagne. Force est de constater que ce service a du mal à soulever l’enthousiasme dans ce contexte. Certains emplois, notamment en suivi de comportement, s’y prêtent pourtant bien.

Christian Diaz (T 81)

Praticien comportementaliste à Toulouse (Haute-Garonne)

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La téléconsultation est complémentaire

Après une phase d’expérimentation, de mai à novembre 2020, nous sommes encore dans une période juridique floue et nous attendons les textes encadrant la téléconsultation. Elle ne concerne que les animaux déjà vus dans les douze derniers mois et ne peut conduire à un diagnostic, puisque celui-ci nécessite un examen clinique. Pour ma pratique exclusive de médecine du comportement, cela s’y prête bien pour les consultations de suivi avec une observation de l’évolution de l’animal, et pour un entretien avec les propriétaires. Certains de mes clients viennent de loin, ils peuvent alors limiter leurs déplacements lorsque la consultation physique n’est pas indispensable. La téléconsultation est même complémentaire étant donné que je ne pratique pas à domicile : cela me permet d’observer l’animal dans son système, en interaction potentiellement avec les autres animaux du domicile et membres de la famille. Des ajustements dans l’agencement de l’environnement peuvent ainsi être proposés plus facilement. Je réalise également des expertises sur pièces à distance, ce qui simplifie et accélère les procédures. 

Muriel Marion (L 90)

Praticienne comportementaliste à Marseille (Bouches-du-Rhône)

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Je la propose en dernier recours

La téléconsultation peut être intéressante soit pour le suivi, soit pour un cas référé si l’animal a été vu par son vétérinaire traitant dans les trois derniers mois. Je la propose en dernier recours quand aucune autre solution n’est trouvée, ce n’est pas vraiment une offre de service. Je l’utilise depuis le début de la pandémie de Covid-19, avec certains propriétaires positifs à la maladie, quand il était préconisé de ne recevoir physiquement que pour les consultations d’urgence. Je n’utilise pas de plateforme, j’ai recours à FaceTime car la caméra peut être renversée pour filmer facilement l’animal. Ce type de consultation ne représente pas un volume important, ni une demande fréquente des propriétaires. Je privilégie toujours le présentiel, cela m’apporte beaucoup plus d’informations. Il est en outre difficile de garder l’attention à distance, surtout avec plusieurs personnes. Les informations institutionnelles ne sont pas très claires, pour les référés en particulier, et le renouvellement de l’ordonnance par le vétérinaire traitant peut être un peu ennuyeux en matière de transfert de responsabilités.

Nathalie Loriot (L 91)

Praticienne à Belleville-en-Beaujolais (Rhône)

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Cela semblait assez prometteur

Pendant la pandémie de Covid-19, nous utilisions la téléconsultation pour rassurer nos clients ou programmer une consultation d’urgence si nécessaire. Nous pensions continuer à l’employer pour le suivi de consultation en douleur, en comportement ou en dermatologie, par exemple. Cela semblait assez prometteur, même si l’évaluation des animaux est tout de même moins efficace. Mais, finalement, nous sommes déjà bien occupés. Il aurait fallu libérer des créneaux spécifiques, comme nous l’avons fait pour les rendez-vous en ligne. Nous ne recevons pas de demandes spontanées des clients pour la téléconsultation. Aujourd’hui, nous nous servons de Linkyvet, surtout pour donner des nouvelles et envoyer des photos des animaux hospitalisés sur un chat, pendant une certaine durée. Cela nous permet de garder le lien avec les propriétaires et de ne pas encombrer le standard et la boîte mail, et nous l’incluons dans le service d’hospitalisation. Les inconvénients sont le temps qui y est consacré, ainsi que l’exigence d’une réponse presque instantanée et la perte d’une certaine distance médicale.

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