L’exposition aux antibiotiques en baisse, sauf pour les carnivores domestiques et les chevaux - La Semaine Vétérinaire n° 1967 du 25/11/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1967 du 25/11/2022

Antibiosurveillance

PHARMACIE

Auteur(s) : Michaella Igoho-Moradel

En 2021, la vente d’antibiotiques destinés aux animaux a atteint son niveau le plus bas depuis 1999. Si des réductions de consommation ont été observées pour les principales espèces productrices de denrées alimentaires, ce n’est pas le cas pour les chats, les chiens et les chevaux.

En 2021, 371 tonnes d’antibiotiques ont été vendues, bien loin des 1 300 enregistrées en 1999, date à laquelle a commencé le suivi des ventes de ces produits en médecine vétérinaire par l’Agence nationale du médicament vétérinaire-Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses-ANMV). Cela correspond à une baisse de 10,7 % par rapport à l’année 2020 et de 59,5 % depuis 2011, année de lancement du premier plan Écoantibio. Ces résultats annuels ont été dévoilés en exclusivité lors d’une conférence de presse organisée le 15 novembre dernier par l’Anses.

L’Alea a diminué de 3,2 % entre 2020 et 2021

Cette réduction des tonnages d’antibiotiques concerne toutes les voies d’administration, orale comme parentérale. « Cette baisse est beaucoup plus importante pour la voie orale qui, en médecine vétérinaire, est particulièrement représentée par les prémélanges médicamenteux, les poudres et les préparations orales. C’est une bonne nouvelle car c’est une voie particulièrement sensible », explique Franck Fourès (T 95), récemment nommé président de l’ANMV. Une tendance qui concerne également l’indicateur d’exposition des animaux aux antibiotiques (Alea), exprimé en pourcentage d’animaux traités. En moyenne, celui-ci a diminué de 3,2 % entre 2020 et 2021, et plus encore depuis 2011 (- 47 %). « L’Alea prend en compte la quantité nécessaire pour traiter un animal ainsi que son poids, l’évolution des effectifs d’animaux et, surtout, la posologie de chaque molécule. » Sur la période de référence, les données varient selon les espèces : - 12,7 % pour la filière cunicole ; - 7,2 % pour les porcs ; - 8,6 % pour les volailles et - 0,9 % pour les bovins. Cette baisse est encore plus marquée sur les dix dernières années : - 23,0 % pour les bovins ; - 58,5 % pour les porcs ; - 67,9 % pour les volailles ; - 44,7 % pour les lapins. L’exposition aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de dernières générations semble aussi maîtrisée. « Depuis 2017, la fréquence des traitements avec les antibiotiques d’importance critique est devenue très faible. », note le rapport.

Une tendance à la hausse pour les carnivores domestiques

Le niveau d’exposition des animaux à la colistine est de 66,6 % par rapport aux années de référence 2014-2015, bien au-delà de l’objectif de 50 % fixé par le deuxième plan Écoantibio. Côté carnivores domestiques, si une diminution a été observée entre 2014 et 2015, l’Agence constate une augmentation de l’exposition entre 2020 et 2021 (+ 9,9 %), faisant suite à une hausse de 6,9 % entre 2019 et 2020. « Cette tendance n’est pas due à un accroissement des populations de chiens et de chats en France, mais plutôt à une meilleure médicalisation de ces animaux. Elle est confirmée par un certain nombre d’indicateurs, notamment l’augmentation globale des ventes d’autres médicaments pour ces espèces, du nombre de consultations chez les vétérinaires, du nombre d’ovariectomies et du nombre d’animaux identifiés par puce électronique. Il semblerait donc la médicalisation de ces espèces se soit améliorée entre 2019 et 2021, mais cette hypothèse doit être confirmée », analyse le directeur de l’ANMV. Chez les chevaux aussi, l’Agence appelle à surveiller une propension à la hausse de leur exposition aux antibiotiques (+ 17, 7 % en un an), qui pourrait s’expliquer par le vieillissement de cette population.

Des objectifs européens à l’horizon 2030

Le pacte vert pour l’Européen a fixé un objectif de réduction de 50 % des ventes globales d’antibiotiques pour les animaux d’élevage dans l’Union européenne d’ici à 2030, en prenant comme référence l’année 2018. « Pour la France, cela représente un défi car la baisse de la consommation d’antibiotiques vétérinaires est en cours depuis 2007-2008. En 2018, cela faisait déjà dix ans que l’utilisation d’antibiotiques avait diminué. Nous allons donc partir d’une référence déjà basse. Cet objectif pourrait toutefois être atteignable », explique Franck Fourès, directeur de l’Agence nationale du médicament vétérinaire. Le règlement européen sur les médicaments vétérinaires prévoit en outre d’étendre le suivi des ventes à l’ensemble des antimicrobiens (antibiotiques, antifongiques, antiprotozoaires, antiviraux). Enfin, le projet Calypso permettra de reccueillir les données d’utilisation de ces antimicrobiens par les ayants droits, que ce soient les vétérinaires, les pharmaciens ou les fabricants d’aliments médicamenteux.

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