Intérêt de l’échographie pour le bilan de généralisation du lymphome - La Semaine Vétérinaire n° 1967 du 25/11/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1967 du 25/11/2022

Cancérologie

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Tarek Bouzouraa

Le bilan de généralisation d’un lymphome requiert la réalisation de ponctions à l’aiguille fine des organes cibles de la diffusion lymphomateuse (nœuds lymphatiques, rate, foie). Ce bilan est parfois délicat à établir par ce moyen. C’est notamment le cas lors de thrombopénie (qui augmente le risque de saignement et d’épanchement cavitaire), lorsque l’opérateur manque d’expérience ou que le surcoût engendré par la procédure et par les analyses cytologiques décourage les propriétaires. Dans ce contexte, l’aspect échographique des organes internes a fait l’objet de plusieurs études en vue de faciliter le bilan de généralisation. Le dépistage d’une infiltration lymphomateuse serait plus sensible pour le parenchyme splénique que pour le parenchyme hépatique. Cependant, les études considérées souffrent de plusieurs limites, qui réduisent l’applicabilité de leurs conclusions (faible effectif ou matériel échographique inadapté). L’une1 d’entre elles visait à déterminer la sensibilité et la spécificité de l’échographie pour dépister une infiltration lymphomateuse dans le foie et la rate chez le chien et le chat. Elle répertorie les résultats échographiques de tous les chiens et les chats présentés au sein du centre hospitalier universitaire vétérinaire de Liverpool (Royaume-Uni), entre novembre 2010 et novembre 2019, pour lesquels le diagnostic de lymphome était confirmé. Les animaux sont inclus uniquement si un diagnostic cytologique ou histopathologique a été établi à partir d’échantillons prélevés durant l’échographie abdominale, au moment du bilan de généralisation. Sont recrutés 161 cas : 132 chiens et 29 chats. Parmi eux, 98 chiens et 4 chats ont un lymphome multicentrique ; 7 chiens et 13 chats un lymphome digestif ; 16 chiens et 3 chats un lymphome cutané ; 2 chiens et 1 chat un lymphome médiastinal ; 9 chiens et 8 chats présentent une autre forme de lymphome.

Un intérêt limité chez le chien

Chez les 57 chiens avec une infiltration hépatique confirmée à l’analyse cytologique, un foie discrètement hétérogène est observé pour 33 cas (58 %), une hépatomégalie pour 25 cas (44 %) et des nodules pour 15 cas (26 %). Aucun chien ne présente de nodule en « cocarde », défini par une périphérie anéchogène ou hypoéchogène et un centre hyperéchogène (voir figure 1).

Chez les 71 chiens avec une infiltration splénique confirmée par cytologie, 44 (62 %) présentent un parenchyme très hétérogène dit en nid d’abeille (voir figure 2), 40 (56 %) une splénomégalie, 22 (31 %) des nodules spléniques et 21 (30 %) une discrète hétérogénéité parenchymateuse isolée. Aucun de ces chiens n’a d’anomalie de la rate à l’échographie.

Les résultats diffèrent pour le chat. Pour les 3 chats avec une infiltration hépatique confirmée sont respectivement retrouvés un foie hypoéchogène, une hépatomégalie et une absence de toute anomalie. Chez les 7 chats avec une infiltration splénique confirmée, l’aspect échographique est variable : parenchyme normal, splénomégalie, hétérogénéité discrète ou marquée, rate en « nid d’abeille » ou présence de nodules spléniques.

Chez le chien, l’échographie détecte une infiltration hépatique avec une sensibilité de 15,7 % et une spécificité de 91,1 % : la précision correspondante est de 49 %. Chez le chat, ces chiffres sont de 33 %, 90,9 % et 89 %.

Chez le chien, l’échographie détecte une infiltration splénique avec une sensibilité de 77,5 % et une spécificité de 91,6 % : la précision correspondante est de 83,2 %. Chez le chat, ces chiffres sont de 28,6 %, 100 % et 80 %.

L’analyse de risque résume les informations pertinentes. Un parenchyme normal à l’échographie témoigne de l’absence d’infiltration avec 3,44 fois plus de chances qu'en présence d'anomalies. Une rate dite en nid d’abeille ou une splénomégalie ont respectivement 43,29 et 14,47 fois plus de chances d’être visualisées en présence d’une diffusion splénique du lymphome chez le chat.

  • 1. Sumping J.C., Maddox T.W., Killick D., Mortier J.R. Diagnostic accuracy of ultrasonography to detect hepatic and splenic lymphomatous infiltration in dogs and cats. J Small Anim Pract. 2022;63(2):113-9.
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