Utiliser l’ADN pour calculer l’âge d’un chien

« Docteur, mon chien de 2 ans a-t-il bien 14 ans en âge humain ? Il paraît qu’il suffit de multiplier son âge par sept pour obtenir l’équivalent chez l’humain. » Chacun d’entre nous a dû répondre à cette question, et indiquer que ce rapport semble peu conforme à la réalité. Des tableaux d’équivalence selon la taille ou la race d’un chien existent d’ailleurs pour éclairer nos clients sur ce point.

Allant plus loin, une étude* réalisée par des chercheurs de la faculté de médecine de l’université de Californie à San Diego a mis au point une formule permettant de calculer avec précision l’âge d’un chien et son équivalent humain à partir de son ADN.

Comparer les marques épigénétiques

La clé de cette nouvelle approche est la comparaison à différents âges des marques de méthylation, ou marques épigénétiques, qui se trouvent sur des bases de cytosine dans l’ADN humain et canin, et qui changent au cours du temps d’une manière assez prévisible. L’étude visait initialement l’utilisation de ces marques de méthylation sur l’ADN de globules blancs pour détecter précocement l’apparition d’un cancer, mais le projet a échoué, confirmant qu’elles ne sont caractéristiques que de l’âge des patients testés. Afin d’éviter le biais lié à la race, l’étude n’a été réalisée qu’avec des labradors de différents âges.

L’analyse de l’ADN de 104 chiens âgés jusqu’à 16 ans et de 320 humains âgés jusqu’à 103 ans a dans un premier temps confirmé que le taux de vieillissement canin n’est pas linéaire par rapport à celui de l’humain. Ainsi, s’il semble qu’un chien d’un an est plus semblable à un humain d’environ 25 ans, l’évolution de son âge se stabilise ensuite rapidement. Vers la fin de la vie du chien, le rapport de un sur sept se vérifie davantage, et comparer un chien de 10 ans à un humain de 70 ans paraît vraisemblable.

Mieux adapter les soins

Dans un second temps, cette étude a permis d’établir une équation donnant la vitesse de vieillissement des chiens par rapport aux personnes (voir encadré). Cela peut notamment permettre de déterminer l’âge d’un chien de refuge, par exemple, bien plus précisément que par l’examen des dents pratiqué actuellement. L’intérêt de cette application directe est de pouvoir adapter les soins apportés à un animal, ainsi que les médicaments ou aliments qui peuvent être conseillés.

En outre, l’une des co-auteurs de l’étude souhaiterait étendre cette méthode au bétail, dans le même but d’adapter les soins et les traitements administrés, et elle est actuellement utilisée pour étudier l’évolution de l’âge dans d’autres races canines, et même d’autres espèces.

Enfin, d’autres universités** s’associent à l’université de San Diego pour créer le «<0x00A0>Dog Aging Project<0x00A0> », dont l’objectif est de comprendre comment les gènes, le mode de vie et l’environnement influencent le vieillissement. Les propriétaires de chiens de tous âges sont ainsi invités à envoyer un échantillon de salive de leur animal et à décrire régulièrement son état de santé et ses expériences de vie, afin d’analyser leur ADN et de constituer une base de données.

• 1. Étude : Cell Syst. 2020 Aug 26;11(2):176-185. e6. doi: 10.1016

• 2. Universités de Washington et A&M (Agricultural and Mechanical) du Texas, par exemple.