De l’art de créer une culture d’entreprise positive - La Semaine Vétérinaire n° 1959 du 30/09/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1959 du 30/09/2022

Management

ENTREPRISE

Auteur(s) : Par Françoise Sigot

À l’heure où la concurrence est vive pour attirer des talents et une clientèle et surtout les conserver, la culture d’entreprise est l’élément indispensable à l’identité singulière de la clinique. En outre, l’élément différenciant qui fait mouche auprès des collaborateurs et par ricochet, des clients.

Il y a quelque temps les circonstances étaient plus favorables pour attirer les talents. Aujourd’hui la donne a changé. Les collaborateurs restent certes sensibles à la rémunération et aux avantages, mais ils recherchent surtout le supplément d’âme, la singularité, l’ambiance, l’épanouissement au travail qui leur donneront envie de travailler dans l’entreprise. Autant d’éléments souvent immatériels qui fondent la culture d’entreprise, autrement dit ce qui distingue une organisation de ses concurrents. Ce phénomène né avec l’arrivée des générations X et Y et maintenant dans le monde du travail ne se dément pas. Ces collaborateurs recherchent du sens et ne sont pas prêts à se vendre à n’importe quelle entreprise. La tendance s’observe aussi au sein du monde vétérinaire, où les nouveaux entrants et leurs aînés sont de plus en plus sélectifs à l’heure de signer un contrat de travail. Face à ce constat, les cliniques vétérinaires doivent trouver les éléments qui fonderont leur culture d’entreprise. Chacun fera d’abord en fonction de sa personnalité pour les mettre en œuvre, mais il faut s’appuyer sur quelques valeurs sûres qui ont fait leurs preuves.

Donner plus de flexibilité

Dans les cliniques les journées sont longues et les clients de plus en plus exigeants, il est donc impératif d’allouer à nouveau du temps à la vie personnelle de ses collaborateurs. D’autant plus depuis la crise sanitaire qui favorise le télétravail dans beaucoup de métiers, alors que l’exercice vétérinaire reste, sauf dans quelques cas,  impossible à exercer dans ce cadre. L’heure n’est plus à la tergiversation, il faut donc compenser par plus de flexibilité et moins de routine. D’abord en mélangeant les équipes, ce qui permet de travailler avec des collègues différents et ce faisant de découvrir des méthodes de travail propres à chacun. Certains y prendront goût, d’autres préféreront s’ancrer dans des binômes ou trinômes réguliers. Il faudra en tenir compte et adapter l’organisation du travail de chacun, en laissant assez de flexibilité, donc d’écoute, pour réorienter l’organisation.

Du manager au coach

Si liberté et flexibilité deviennent des incontournables de toute organisation attrayante, la qualité du travail ne doit en aucun cas être sacrifiée sur l’autel de ces valeurs. La hiérarchie reste présente, ainsi que les horaires de travail et les processus. Le manager reste le garant de la bonne marche de la clinique. Il lui faut donc adopter une posture moins verticale, laissant à chacun une marge de manœuvre plus importante, mais pas non plus totalement horizontale. Le manager devient un facilitateur dans l’organisation et endosse un rôle plus humain. Il ressemble à un coach à l’écoute et surtout entend ses collaborateurs et les fait évoluer dans leur vie professionnelle. Un accompagnateur, porteur de bienveillance qui laisse le droit à l’erreur, non pas en l’ignorant, mais en le débriefant pour analyser d’où vient l’erreur et comment il est possible de s’améliorer. Ce management bienveillant favorise les prises de risque et les initiatives. Il fait la part belle au collectif et valorise la diversité des profils et in fine les erreurs sont plutôt rares et surtout les solutions partagées.

Un cadre de travail positif

On avait vu poindre l’importance du cadre de travail peu avant la crise du Covid, cet événement l’a renforcé. Les collaborateurs sont de plus en plus sensibles à leur environnement de travail. D’ailleurs, Ce lieu devient le vecteur de l’image de marque auprès des employés, mais aussi des clients. Rien d’étonnant puisque plusieurs études ont prouvé que la qualité de vie au travail tient en grande partie à l’environnement dans lequel on exerce. Environnement qui d’ailleurs affecte grandement l’état d’esprit, la créativité et la productivité des équipes. Pour parvenir à concevoir un espace de travail dans le respect des attentes de chacun, rien de tel qu’une co-conception avec les équipes. Chacun pourra ainsi exprimer ses besoins et ses envies et la synthèse sera plus facile.

Partages et échanges

Dans le prolongement du cadre de travail, les relations entre les équipes sont un des éléments fondamentaux de la culture d’entreprise.La crise a aussi renforcé ce besoin d’échanges et de moments partagés entre les collaborateurs et leur hiérarchie. Ils sont porteurs de cohésion et d’un sentiment d’appartenance essentiel à l’épanouissement professionnel et par prolongement, personnel. Pour mettre en place des moments de partage, chacun fera avec ses valeurs. Certains privilégieront le sport, d’autres la culture, d’autres encore le jeu ou la gastronomie. Parfois, ces temps partagés seront pris sur le temps de travail, d’autres fois, ils seront organisés durant les fins de journée voire les week-ends. La recette universelle n’existe pas, mais les ingrédients doivent être issus d’un intérêt partagé. Donc encore une fois, partir des idées des collaborateurs est un bon moyen de viser juste pour créer du lien et ainsi parvenir à faire naître et entretenir une belle harmonie au sein des équipes.

Intégrer et se séparer avec bienveillance

La culture d’entreprise se construit avec l’ensemble des collaborateurs. Autant dire qu’un soin tout particulier doit être pris lors de l’arrivée d’un nouveau membre dans l’équipe, afin que le nouveau ou la nouvelle venue s’imprègne de la culture de la clinique et trouve sa place au sein de l’organisation. Recruter n’est qu’une petite partie de la phase de recrutement, il faut prendre soin d’intégrer et d'être disponible pour tout nouvel entrant. Cela passe par un accompagnement à la prise en main des processus en place, si besoin de la formation et surtout des échanges réguliers pendant plusieurs semaines, afin de voir comment se passe l’intégration et au besoin de réorienter ou d’approfondir certains sujets. En regard, se séparer d’un salarié pourrait faire croire à un processus totalement inverse, il n’en est rien. Bien au contraire, le départ d’un collaborateur doit lui aussi être accompagné. Demander un retour au partant sur ce qu’il a apprécié, moins aimé, ce qui lui aurait permis de rester est un moyen d’enrichir ses pratiques et donc d’améliorer la culture d’entreprise. Car en la matière, rien n’est jamais acquis. La culture d’entreprise vit au rythme de l’organisation, avec des hauts et des bas. Souvent, elle doit être réinterrogée et adaptée pour rester l’élément qui attirera des talents, permettra de les conserver et en fera des ambassadeurs hors pair auprès des collaborateurs à venir, mais aussi des clients. Car si la culture d’entreprise se vit de l’intérieur, elle se ressent aussi à l’extérieur.

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