Quelle efficacité des vaccins EHV-1 ? - La Semaine Vétérinaire n° 1957 du 13/09/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1957 du 13/09/2022

Maladies infectieuses équines

FORMATION MIXTE

L’infection par l’herpèsvirus équin de type 1 (EHV-1) peut provoquer divers symptômes pouvant entraîner une issue fatale et une restriction des mouvements des chevaux, en particulier dans le cas d’épizooties impliquant des signes neurologiques. La vaccination est l’un des outils utilisés pour contrôler l’infection. Il est notoire qu'elle n’est pas totalement efficace pour protéger des différentes formes de la maladie causées par ce virus. Du reste, l’efficacité réelle de la vaccination contre les maladies liées à l’EHV-1 n’a pas été mesurée et aucune revue systématique n’existe sur ce sujet.

Études

Les objectifs de cette revue étaient d’effectuer une revue systématique et une méta-analyse sur l’efficacité des vaccins commerciaux ou candidats contre l’EHV-1 dans des essais contrôlés randomisés impliquant tous une infection expérimentale des sujets testés.

- Huit études ont été sélectionnées et analysées pour leurs caractéristiques respectives et leurs éventuels défauts. Les résultats des « randomised controlled trials » ont révélé une amélioration générale des résultats cliniques et virologiques de l’infection par l’EHV-1 après la vaccination, mais avec des effets modérés. Les vaccins utilisés dans les études incluses différaient beaucoup les uns des autres en termes de type (vivant atténué, inactivé et ADN) et de technologie. Dans tous les cas, le comparateur était un témoin non actif (négatif).

- Les populations étudiées présentaient une extrême variabilité en termes de type d’animal utilisé (poney ou cheval), de sexe, d’âge et de race. Aucune des études sélectionnées n’incluait de jument gestante . Le nombre d’animaux était faible, allant d’un maximum de dix à un minimum de deux sujets par groupe, pour un total de 97 sujets dans le groupe vacciné et de 87 dans le groupe témoin. Les critères d’inclusion pour la population générale n’étaient pas explicitement énoncés. Les conditions générales de gestion de l’élevage avant le début d’une expérience et l’état de l’infection au début d’une expérience n'étaient décrits que dans certains cas. Les calendriers de vaccination, la souche virale utilisée pour l’infection et le temps écoulé entre la dernière vaccination et l’infection virale étaient aussi variables, donc susceptibles d’entraîner des différences dans l’efficacité de la réponse à la vaccination. Les souches virales utilisées pour le challenge étaient toutes isolées d’épidémies de maladies naturelles caractérisées par des signes cliniques sévères. Ces signes n’étaient généralement pas typés génétiquement au moment de l’essai (cependant, beaucoup d’entre eux ont été typés ensuite, dans les années qui ont suivi l’étude). La dose virale et la voie d’administration (via les voies respiratoires) étaient plutôt homogènes.

- Les caractéristiques du suivi étaient similaires en termes de durée depériode d’observation (médiane 21 jours, minimum 14 jours et maximum 200 jours) et de fréquence des tests réalisés. En revanche, la variation des méthodes d’analyse différait au fil du temps. Pour l’investigation virale directe, les tests allaient de l’isolement viral et du titrage à la réaction de polymérisation en chaîne (PCR). Cette dernière comprenait à la fois une PCR en temps réel et quantitative pour la détermination de la charge virale dans un écouvillon nasal ou du sang. Les méthodes moléculaires sont généralement plus sensibles que les méthodes traditionnelles, car elles sont capables de détecter de plus faibles quantités d’acide nucléique viral (y compris pour les virus infectieux, virus inactivé, fragments d’acide nucléique viral) et pendant une période plus longue. De plus, les PCR, en temps réel ou quantitatives, n’identifient que l’ADN, à savoir que ce qui est détecté, soit un virus infectieux ou non. Pour les enquêtes sur la réponse immunitaire spécifique au virus, les méthodes conventionnelles (neutralisation du virus, test de fixation du complément, Elisa) ont été remplacées dans les études les plus récentes par des méthodes plus définitives décrivant la réponse immunitaire humorale au niveau de l’isotype d’anticorps.

Résultats

Les résultats ont probablement été les aspects les plus hétérogènes des études sélectionnées et ceux-ci étaient difficiles à comparer. Certaines études ont utilisé des scores cliniques qui n’étaient cependant pas définis dans leur composition et non standardisés. Parfois, les résultats étaient attribués au groupe et non aux sujets de test individuels, de sorte que les données sur le nombre d’animaux présentant de multiples signes cliniques n’ont pas pu être extraites. La normalisation de certains paramètres était présente dans les études les plus récentes. Différents paramètres ont parfois été mesurés pour l’excrétion nasale virale et pour la virémie. La charge virale a été évaluée dans certaines études, la durée de l’excrétion du virus dans d’autres, et dans d’autres encore, le nombre d’excréteurs ou d’animaux virémiques a été déterminé. Dans certaines études portant sur la durée, seules les moyennes de groupe ont été rapportées, sans aucune mesure de dispersion au sein du groupe. Ceci s’appliquait également dans le cas de l’écart-type, rendant impossible la réalisation d’une comparaison et d’une analyse quantitative. Même lorsque les mêmes méthodes ont été utilisées pour évaluer les résultats, les différences de temps de lecture finale des tests utilisés pour mesurer la réponse en anticorps et/ou les titres viraux ont rendu difficile la comparaison des résultats

À l’exception d’une seule étude, qui a obtenu un score de 4, la qualité des études incluses était médiocre. Une étude avait un score de 2, quatre avaient un score de 1 et deux un score de zéro. La randomisation est décrite mais semble appropriée dans une seule étude (12,5 % des études), alors que dans deux études (25 %), elle n’a pas été abordée. Le masquage n’a été envisagé que dans deux études (25 %), alors qu’il n’a pas été envisagé dans d’autres. Probablement en raison du petit nombre d’animaux utilisé dans les études, il est rare qu’ils aient été perdus dans le suivi, cependant ces données n’ont jamais été explicitement rapportées (tableau 1).

Conclusion

Une méta-analyse a montré que la vaccination contre l’EHV-1 entraîne généralement une légère amélioration des résultats cliniques et virologiques, mais pas de manière significative. Les résultats cumulés ont probablement été affectés par le manque d’information sur certains paramètres, non systématiquement rapportés dans les études. Une amélioration de la qualité des rapports et une meilleure normalisation des données recueillies auraient probablement amélioré la qualité de chaque étude et permis une comparaison plus efficace des études entre ces dernières.

  • D’après l’article de Maria Luisa Marenzoni, Chiara De Waure, Peter J. Timoney (2022) Efficacy of vaccination against equine herpesvirus type 1 (EHV-1) infection : systematic review and meta-analysis of randomized controlled challenge trials, Equine Veterinary Journal. https://urlz.fr/j4H7
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