Phytothérapie
FORMATION CANINE
Auteur(s) : Audrey Chevassu Conférencière Nathalie Biais, comportementaliste, praticienne à Orvault (Loire-Atlantique). Article rédigé d’après une visioconférence organisée par Wamine le 17 février 2022.
La phytothérapie, associée à un traitement comportemental voire à d’autres traitements conventionnels, peut aider à améliorer une situation problématique selon les troubles du comportement dont le chat est atteint. Pour commencer il convient de déterminer ses principaux problèmes (hyposomnie, anxiété voire des troubles non comportementaux par exemple diarrhée, léchage, etc.). Ensuite, un diagnostic à la fois clinique et comportemental est établi. Enfin, pour chaque problème, il faudra essayer de trouver les plantes qui répondent le mieux et apportent la meilleure solution selon le système de neurotransmetteur en cause.
Actions des plantes sur les neurotransmetteurs et le système nerveux
Bien connaître les neurotransmetteurs et leur action permet d’aider à faire les bons choix. Le système nerveux est divisé en systèmes orthosympathique et parasympathique. Le système orthosympathique est celui du stress, grâce à différentes hormones neuro-transmettrices : l’adrénaline, la noradrénaline principalement et le cortisol. Les systèmes de la sérotonine et de la dopamine sont souvent impliqués dans les troubles comportementaux et Gaba. La sérotonine, par ses effets, doit être considérée comme le neurotransmetteur « frein » de l’organisme, à la différence de la dopamine, laquelle a plutôt un effet antagoniste dit « starter ». Ainsi, la sérotonine est connue pour diminuer l’anxiété, l’hyposomnie et favoriser la satiété. La dopamine favorise quant à elle l’acquisition des autocontrôles, la gestion de l’anxiété et est responsable de symptômes digestifs d’origine émotionnelle. En fonction de l’objectif souhaité, différentes plantes peuvent être utilisées. Les habitudes et les connaissances du praticien orientent alors le choix. Des familles de plantes se distinguent ainsi selon leur action : plantes anxiolytiques (griffonia, mélisse, passiflore, rhodiole, valériane), sédatives (mélisse, passiflore, valériane), antalgiques (cassis, ortie, reine-des-prés, saule), de la digestion (mélisse, noyer, alchémille, figuier).
Utilisation des EPS
Les extraits de plantes standardisés (EPS) doivent être donnés à la dose de 0,5 ml matin et soir sur les croquettes. Si le chat n’aime pas leur goût, la préparation peut être mélangée à du beurre ou du fromage et déposé sur les lèvres du félin. Les EPS doivent être conservés au froid. Ils peuvent être dilués avec de la valériane ou de la bardane pour favoriser l’observance et atténuer le goût fort de certains. Il est conseillé d’administrer des probiotiques pendant quelques jours en association pour améliorer l’absorption des EPS.
Plantes d’intérêt en comportement
> Le griffonia est une plante qui a de nombreuses actions, le 5HTP qu’elle contient étant le précurseur de la sérotonine. Celle-ci est impliquée dans l’appétit, l’humeur et le sommeil. Elle a une action anxiolytique et antidépressive et permet de réduire les attaques de panique. Enfin, par son effet sur le sommeil, elle en améliore la qualité et la quantité. Elle a un léger effet inhibiteur de la monoamine-oxydase (Imao).
> Le mucuna contient de la lévo-dopamine utile lors de troubles du système dopaminergique tels qu’un défaut d’acquisition des autocontrôles. Elle a un effet Imao A et B en maintenant les taux de dopamine et sérotonine endogènes. Elle est utilisée chez l’humain en cas de troubles de l’attention et hyperactivité (TDA/H). Son utilisation est possible chez les animaux hypersensibles-hyperactifs (HS-HA). Elle exerce aussi une activité antidépressive.
> La valériane est une plante multifonction, elle est anxiolytique par son action sur le métabolisme du Gaba. Elle a une action hypnotique et sédative grâce à l’acide valérénique. Enfin, elle agit sur le sommeil et améliore l’endormissement, la durée du sommeil et sa profondeur.
> La mélisse a également un effet sédatif et sur le sommeil, proche de l’effet des benzodiazépines. Elle est aussi anxiolytique par son action sur les récepteurs Gaba-ergiques. Enfin, elle a une activité antispasmodique et protectrice du système gastro-intestinal en favorisant la sécrétion de mucines.
Ces plantes sont intéressantes à utiliser chez les animaux impulsifs, hyposomniaques et ayant des troubles de l’acquisition des autocontrôles comme chez les animaux HS-HA.
> Le cassis a une action anti-inflammatoire qui a de nombreuses indications dont l’arthrose par exemple et sans l’effet ulcérogène que peuvent avoir les anti-inflammatoires. Elle a un pouvoir analgésique périphérique intéressant par la diminution de la concentration de TNF-alpha.
> La passiflore est connue surtout pour son action sédative et tranquillisante par son action sur le système orthosympathique (adrénaline, noradrénaline). Elle est à la fois psychostimulante et anxiolytique. Elle agit sur le système nerveux central et stimule la production de sérotonine. Elle agit également sur les systèmes opioïdes et Gaba-ergiques. Enfin, elle favorise l’endormissement. Son activité analgésique est dose dépendante.
Le cassis et la passiflore peuvent être utilisées chez le chat qui vieillit, est sujet aux cystites ou toute autre cause de douleur chronique.
Autres médications possibles
Si la préparation des EPS n’est pas possible ou que le goût ne plaît pas à l’animal, il existe des préparations toutes faites en comprimés (« Sérénité » comprimés de Wamine par exemple, qui contient de l’aubépine, du griffonia, de la passiflore, du magnésium et de la vitamine B61). Associés aux EPS, les diffuseurs d’huiles essentielles peuvent être intéressants (par exemple « Petscool » qui contient de la valériane principalement et a donc une activité sédative et tranquillisante). Du magnésium peut être utilisé dans la gestion du stress, celui-ci agit sur le Gaba, principal neurotransmetteur inhibiteur. Il favorise la libération de la sérotonine et contribue à réduire la production de la noradrénaline. La vitamine B6 est essentielle à la formation des neurotransmetteurs et peut donc être donnée en complément des traitements qui agissent en faveur de la production de ceux-ci.
La thérapie comportementale
La thérapie comportementale ne doit jamais être négligée chez le chat, de même que les traitements symptomatiques conventionnels qui doivent parfois être associés à la phytothérapie. Parmi ces éléments, il est rappelé l’importance de l’enrichissement de l’environnement, d’un mode de distribution des repas adapté au comportement de grignoteur du chat, l’organisation de l’espace des coins repas et des litières. Il faut savoir être à l’écoute des propriétaires et des problématiques soulevées pour pouvoir y répondre.
Suivi
Le suivi est important, au minimum téléphonique ou par mail quelques jours après la consultation puis quelques semaines plus tard. L’effet de la phytothérapie est assez rapide, en général en 48 heures des améliorations peuvent être perçues.