Prise en charge d’une hernie discale Hansen de type I - La Semaine Vétérinaire n° 1951 du 01/07/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1951 du 01/07/2022

Chirurgie

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Gwenaël Outters

CONFÉRENCIÈRE

Mylène-Kim Leclerc, diplômée en neurologie du Collège américain de médecine interne vétérinaire (ACVIM), praticienne au Centre vétérinaire Rive Sud, Brossard, Québec, Canada.

Article rédigé d’après une conférence présentée au e-congrès de l’Association des médecins vétérinaires du Québec (AMVQ), qui s’est déroulé du 23 avril au 2 mai 2021.

La hernie discale Hansen de type I est secondaire à un processus dégénératif qui conduit à la rupture de l’anneau fibreux du disque intervertébral et l’extrusion du noyau pulpeux. Cela entraîne une compression plus ou moins sévère de la moelle épinière et des structures qui y sont rattachées. Il s’agit de la maladie neurologique affectant la moelle épinière la plus fréquente. Elle se rencontre principalement chez les races chondrodystrophiques, entre l’âge de 3 et 6 ans. Elle épargne généralement les vertèbres T1 à T10. Le poids, l’exercice et le sexe n’ont aucune incidence sur sa prévalence.

Présentation clinique

L’apparition de la hernie de type I est généralement aiguë avec une douleur vive. La lésion se situe le plus fréquemment sur les segments C2-C3 et T12 à L1 chez les petites races et C6-C7 et T13 à L3 chez les grandes races. La sévérité des symptômes varie en fonction de la force et de la vitesse d’extrusion, la quantité de matériel hernié et la durée de la compression, mais n’y est pas nécessairement corrélée.

Démarche diagnostique

L’anamnèse recherche des épisodes antérieurs de douleur dorsale ou d’ataxie. L’examen physique est complet. Une douleur abdominale peut mimer une douleur lombaire. La démarche est étudiée à distance, dans un couloir, en ligne droite, éventuellement sur plusieurs surfaces (carrelage, trottoir). Les tests de proprioception et les réflexes sont scrupuleusement réalisés : ils permettent de localiser la lésion. La douleur est recherchée et localisée. Les nerfs crâniens sont évalués pour éliminer d’autres causes d’anomalie de la démarche.

Imagerie

Des radiographies, centrées sur les zones suspectées, avec un positionnement parfait, sont préconisées en première intention, au moins pour éliminer toute autre cause de douleur dorsale. L’imagerie de référence de la moelle épinière est l’IRM, mais elle n’est pas toujours disponible. Chez les races chondrodystrophiques, le noyau pulpeux a tendance à se minéraliser, ce qui rend la tomodensitométrie exploitable, à moindre coût et de façon plus rapide. Dans les cas douteux, l’IRM est recommandée.

Traitement

Pour les hernies de type I, la chirurgie est presque toujours le traitement de choix. La gestion médicale ne constitue pas un traitement car elle ne permet pas de retirer le matériel hernié, de décomprimer la moelle épinière et de prévenir la détérioration de l’état neurologique. Elle peut s’entendre si la quantité de matériel hernié est moindre, ce qui ne peut être évalué que par l’imagerie avancée, l’intensité des signes cliniques n’étant pas corrélée à la sévérité de la hernie. Pour notre consœur, la recommandation de traiter médicalement une hernie discale de type I ne devrait pas être donnée en premier choix et surtout pas en l’absence d’imagerie. Les cas traités médicalement récidivent dans 30 à 50 % des cas entre 1 et 36 mois et les signes cliniques de dégénérescence, irréversibles, peuvent se développer au fil des ans. Les thérapies alternatives (acupuncture, ostéopathie, physiothérapie) sont efficaces pour gérer la douleur et la récupération postopératoire.

Pronostic

Le pronostic dépend de la présence ou non de la douleur profonde au moment du diagnostic, de la durée d’évolution (hernies chroniques de moins bon pronostic), de la taille du patient (retour à la fonction motrice plus rapide chez les petits formats) et de l’atteinte du motoneurone inférieur. La récupération postopératoire est de 86 à 96 % chez les animaux ayant conservé la sensibilité profonde. La récupération est de 50 % si l’animal a perdu la sensibilité profonde mais est opéré dans les 12 à 36 h. Le pronostic s’assombrit fortement pour une prise en charge au-delà de 72 h. Les animaux non ambulatoires récupèrent la locomotion en 6 jours en moyenne.

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