Urgence - La Semaine Vétérinaire n° 1948 du 10/06/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1948 du 10/06/2022

EDITO

Auteur(s) : Tanit Halfon

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Depuis les deux épizooties successives d’influenza aviaire hautement pathogène de l’hiver 2015 avec 77 foyers en élevage, puis de 2016 avec 486 foyers, il n’y aura eu que deux années de répit. Hiver 2020-2021 : près de 500 foyers en majorité dans le Sud-Est, et plus de 3 millions de volatiles abattus. Les cabinets vétérinaires avaient été mobilisés plusieurs mois. Et les praticiens avaient alerté sur le risque d’implosion du système de surveillance sanitaire, et la pérennité du maillage vétérinaire. Hiver 2021-2022 : presque 1 400 foyers en élevage et plus de 16 millions de volailles abattues. Cette fois-ci, et pour la première fois, le Grand Ouest est massivement touché. Un choc. Et la suite ?

Sans nul doute qu’un des enjeux majeurs sera d’avancer, de manière significative, sur les questions relatives à l’économie de la santé animale : qui est responsable de quoi ? Qui paie quoi ? En particulier qui paient les vétérinaires ? Dans un récent article du bulletin de l’Académie vétérinaire de France, Guillaume Lhermie, chercheur associé à l’EnvT actuellement en poste de professeur associé en économie de la santé animale à l’Université de Calgary (Canada), avait avancé des éléments de réponses, issues d’une réflexion collective sur le sujet. « Si le travail du vétérinaire sanitaire désigné a une valeur pour les éleveurs et pas seulement pour l’État, il est important que les acteurs comprennent que des ressources financières y soient allouées » ; « le coût de financement de la caserne, qui permet d’éteindre un possible incendie, est réel, mais n’est assuré par personne. Dans le dispositif actuel, l’État paie en cas d’incendie (comme dans le cas de l’influenza). Il convient donc de définir quelles dépenses relèvent de dépenses privées et publiques » ; « un des défis de la profession vétérinaire est de convaincre de la valeur de non-usage du vétérinaire assurant des services dépassant largement le cadre des soins aux animaux ». Selon lui, la contractualisation est « une réponse crédible » mais avec encore du flou pour les modalités d’application.

Ces réponses seront complétées lors d’une prochaine réunion organisée par le SNVECO, le 14 juin, sur le sujet. Il y a urgence. Les acteurs, privés comme publics, prendront-ils rapidement leur part de responsabilité pour préserver le réseau vétérinaire ?

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