Journées annuelles du Gedac : tout savoir sur les otites au quotidien - La Semaine Vétérinaire n° 1948 du 10/06/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1948 du 10/06/2022

Dermatologie

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Laurent Masson

Environ 150 congressistes se sont réunis aux Journées du Gedac (groupe d’étude en dermatologie de l’Afvac) sur le thème des otites du 12 au 14 mai derniers à Aix-en-Provence. Focus sur quelques points essentiels.

Au quotidien, voici des points utiles à retenir. Devant une otite externe avec peu de sécrétions, l’hypothèse à privilégier est celle d’un corps étranger ou d’une dermatite atopique lors d’atteinte respectivement unilatérale ou bilatérale. Si les sécrétions sont abondantes, il convient de rechercher la présence de parasites et de réaliser une cytologie. La corticothérapie est indispensable lors de sténose. Le scanner est conseillé lors de sténose du conduit et d’otite moyenne ; en revanche, l’IRM est préférable en cas de suspicion d’otite interne, pour mieux visualiser les structures nerveuses. Une gêne, des mouvements de tête sans lésion à l’otoscopie, une perte d’audition doivent faire penser à une otite moyenne. Néanmoins, lors de syndrome vestibulaire périphérique (SVP), il est prudent de ne pas conclure trop vite à un diagnostic d’otite moyenne ou interne, qui ne représente que 24 % des cas (la première cause est le SVP idiopathique). Lors d’otites, les résultats de l’antibiogramme sont peu prédictifs, sauf cas particuliers de localisation (otite moyenne ou interne) et/ou de cytologie, ou d’exigences réglementaires (prescription de fluoroquinolones). Il est indispensable de prendre en compte la présence d’un biofilm et de demander au laboratoire d’analyses de préciser l’espèce bactérienne, le Staphylococcus intermedius est différent du Staphylococcus aureus, surtout si le germe est métiR (c’est-à-dire qu’il a développé une résistance à la méticilline dans le milieu hospitalier).
La vidéo-otoscopie ou oto-endoscopie permet de beaucoup mieux visualiser la région proximale du conduit. La pars flaccida apparaît moins bombée chez le chat, le marteau plus rectiligne et la pars tensa est plus vascularisée. La vidéo-otoscopie permet une meilleure visualisation d’obstructions proximales, du tympan, de petites lésions des méats, un confort de travail, offre la possibilité de capture d’images et de montrer l’état de l’oreille au propriétaire, de visualiser les interventions (flushing, curetage, paracentèse, biopsie/exérèse).

Entretien de l’oreille

Quel produit nettoyant choisir parmi la cinquantaine de produits actifs ? À quelle fréquence ? Ce sont deux parmi les questions posées lors la table ronde consacrée aux règles d’entretien d’une oreille saine. « Il faut nettoyer si l’oreille est sale et plus elle est sale, plus il faut nettoyer » peut ainsi résumer notre confrère Dominique Héripret. En revanche, mieux vaut ne pas nettoyer une oreille propre, le cérumen jouant un rôle hydratant. Recommandons aux propriétaires de nettoyer les oreilles, en les surveillant régulièrement, notamment chez les chiens prédisposés à la dermatite aotpique. Lorsque le chien ne se laisse plus examiner l’oreille, il ne faut pas hésiter à l’anesthésier pour un examen otoscopique approfondi sans prendre le risque de créer des lésions iatrogènes : cela permet d’aboutir à une qualité, un confort et un plaisir de l’examen.

Les progrès de l’allergologie moléculaire

Notre confrère Thierry Olivry a présenté les progrès en allergologie moléculaire chez Nextmune : la technique d’avenir du diagnostic des sensibilisations d’un patient utilise non pas les extraits allergéniques, mais leurs composants moléculaires individuels tels que Derf1, Derf2, Derf3, Derf10 et Derf15. L’allergologie moléculaire (Component Resolved Dignostics, CRD, et Precision Allergy Molecular Diagnostic Applications, PAMD@) offre plusieurs intérêts : augmentation de la sensibilité des tests sérologiques IgE due à la concentration augmentée d’allergènes, aide à la détermination des allergènes sensibilisants « primaires », à la détermination des réactions croisées, à la prédiction de l’évolution clinique et au choix des allergènes pour l’immunothérapie spécifique. Par ailleurs, cette nouvelle technologie rend l’immunothérapie spécifique plus rapide et plus efficace grâce à une concentration augmentée en allergènes « pathogènes ». Dans un avenir plutôt proche, le laboratoire Nextmune proposera aux vétérinaires un test multiplex quantitatif PAX1 sur cartouches contenant 250 allergènes : un tiers d’extraits « classiques » et deux tiers de composants moléculaires. Cette technologie MADX sera disponible pour le chien, le chat et le cheval.

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