Stratégies d’utilisation hivernale de l’herbe conservée - La Semaine Vétérinaire n° 1947 du 03/06/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1947 du 03/06/2022

Conférence

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Par Jean-Paul Delhom

Olivier Fortineau (35) a exposé la stratégie d’utilisation hivernale de l’herbe conservée en élevage laitier lors de la 11e journée vétérinaire bretonne, le 29 mars dernier au Centre des congrès de Saint-Quay-Portrieux (Côtes-d’Armor).

Quand un éleveur veut permettre à ses bovins de pâturer en hiver, il doit augmenter ses stocks d’herbe conservés sous forme d’ensilage, d’enrubannage ou de foin. Or, comme la valeur alimentaire de l’herbe conservée est le reflet direct de celle du fourrage vert, la fauche doit permettre de maîtriser les épis quand le pâturage ne l’a pas permis. Elle peut en outre permettre d’exploiter des parcelles isolées non accessibles aux bovins.

L’ensilage, une technique de conservation

L’ensilage d’herbe est la technique la plus performante de conservation de l’herbe, lorsqu’elle est associée avec l’ensilage de maïs pour favoriser la production laitière. Toutefois, afin de stocker du volume pour la saison hivernale, l’éleveur décale généralement la date de récolte au détriment de la valeur alimentaire du fourrage. Comme l’a indiqué le conférencier : « C’est un mauvais calcul qui pénalise le rendement de la prairie et l’efficacité alimentaire car en connaissant la nature des plantes ensilées, leur stade de récolte, les conditions de cette récolte et de conservation, on peut prédire la qualité alimentaire de l’ensilage ». Par ailleurs, l’ensilage d’herbe ne permet pas une production laitière élevée s’il n’est pas complété par un apport de concentré, a noté Olivier Fortineau.

L’enrubannage, une technique complémentaire

L’enrubannage est une technique plus facile à mettre en œuvre et adaptée aux petites surfaces. Elle reste cependant coûteuse et forte consommatrice de plastique. La conservation de l’herbe se fait alors par fermentation anaérobie, comme dans l’ensilage. La qualité du pressage et l’étanchéité des films conditionnent la qualité de la conservation. L’incorporation de l’enrubannage aux rations complètes des vaches laitières est délicate, sauf s’il a été coupé au moment du pressage, et la distribution en libre-service ne garantit pas une ingestion homogène au sein du troupeau. En effet, comme il est souvent très appétent, il est parfois consommé en excès et il est préférable de le distribuer à l’auge pendant quelques heures.

Des foins aux qualités variables

La qualité du foin dépend des conditions météorologiques : il faut presque une semaine sans pluie pour faire sécher un foin. Sa valeur énergétique varie selon les variétés récoltées et le stade de récolte. L’incorporation du foin aux rations complètes des vaches laitières présente les mêmes contraintes que l’enrubannage et il est préférable de l’utiliser à l’auge pour contrôler l’ingestion. Le foin est plus appétent et plus digestible que la paille pour les jeunes génisses.

Le cycle du végétal

Comme l’a indiqué Gilles Rouquet, vétérinaire, (Gavray 50), les graminées ont deux phases de pousse : le stade végétatif et le stade de reproduction. En phase végétative lorsqu’une feuille apparaît, la plus ancienne entre en sénescence. La plante a un maximum de trois feuilles. Une talle est émise à ce stade, c’est-à-dire une pousse qui émerge après que la tige principale s’est développée, à l’aisselle des bases de la plante. À chaque formation de feuilles, une racine est produite. Si la plante peut continuer sa croissance, elle entre en phase de transition, puis de reproduction. Une fois ce cycle démarré, le tallage et formation racinaire cessent.

On appelle cycle de pousse le temps que met une parcelle après pâturage ou fauche à revenir au stade trois feuilles. En région tempérée, lors de la mise à l’herbe précoce (déprimage) en février-mars, le cycle de pousse est de 5 à 6 semaines, 30 jours en avril, 22 jours en mai et juin puis 30 jours en juillet, voire en arrêt en fonction du climat. Le retour des pluies d’automne fait redémarrer le cycle avec un arrêt l’hiver. Ces cycles reposent uniquement sur les graminées.

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