Quand le corps en dit plus que les mots - La Semaine Vétérinaire n° 1947 du 03/06/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1947 du 03/06/2022

Communication

ENTREPRISE

Auteur(s) : Par Françoise Sigot

Les gestes, le regard, l’attitude influencent grandement les messages que l’on porte avec des mots. Les maîtriser permet souvent de communiquer plus justement.

Un regard en coin, une tête baissée, des jambes qui se croisent et se décroisent ou des mains qu’on ne sait où poser… Le langage non verbal prend parfois le pas sur les mots. Pour cause, si l’on apprend dès son plus jeune âge à travailler sa parole, à utiliser les mots justes, on ne se soucie pas de la gestuelle. Pourtant, elle en dit souvent plus long que de beaux discours. Et parfois, c’est le contraire des mots qu’elle exprime. Autant dire que dans ce cas, le message ne passe pas. Comme d’autres choses, la communication non verbale se travaille, mais la comprendre est déjà un pas vers la transmission de messages plus vrais et donc mieux reçus par ses interlocuteurs. Un atout pour les managers, car améliorer ses compétences en communication non verbale fait de soi un meilleur communicant. Par ailleurs, comprendre le langage du corps des membres d’une équipe peut notamment aider à percevoir si une personne est mal à l’aise.

Comprendre

« La communication non verbale regroupe tout ce que l’on peut transmettre par nos gestes et nos mimiques », résume Olga Ciesco, spécialiste de la communication non verbale. Au-delà des gestes, les tenues vestimentaires, la façon de se maquiller et de se coiffer, l’élocution, le ton de la voix participent à ce type de communication. Même les plus réservés d’entre nous n’y échappent pas. Comme les mots, le corps parle, et sans bruit il fait souvent passer des messages plus forts que les mots. « Prendre conscience que le langage du corps existe a une influence sur la qualité de la relation que l’on entretient avec les autres et sur la manière dont on est perçu par les autres. Dans une position de management, comme dans celle d’un soignant il est important d’y faire attention », explique Olga Ciesco. Cette prise de conscience prend d’autant plus de sens à l’aune de la « règle des 3V », qui s’appuie sur des études publiées en 1967 par le professeur Albert Mehrabian. Selon ses travaux, seuls 7 % d’une communication est verbale et donc repose sur le sens des mots, alors que 38 % de cette communication est vocale, c’est-à-dire vient de l’intonation et du son de la voix et enfin, 55 % est visuelle et passe par l’expression du visage et le langage du corps. Reste que si le corps parle, comme les mots sa signification n’est pas universelle, mais diffère selon les cultures. Un point à prendre en compte lorsque l’on travaille avec des collaborateurs de différents pays.

Décrypter

De façon générale, les spécialistes estiment qu’il existe neuf sources de communication non verbale. D’abord le corps, qui transmet des messages à partir de sa posture. Les gestes des mains, des jambes, voire des doigts sont également une source importante d’expression non verbale. Viennent ensuite les expressions du visage, comme le sourire ou le hochement de tête, le contact visuel et l’intonation. De même l’espace personnel, c’est-à-dire la distance physique qui vous sépare d’une autre personne entre dans le champ de la communication non verbale. C’est également le cas du toucher, mais aussi de l’apparence vestimentaire et enfin des objets, tels qu’un sac à main conservé au plus près de son corps ou un agenda dont on ne parvient pas à se séparer. Une fois que l’on connaît ces éléments qui contribuent au langage du corps, il est plus facile de les surveiller et de les décrypter. « Avoir conscience de ce pouvoir de la gestuelle est déjà un grand pas vers une meilleure maîtrise », estime Olga Ciesco. Certains signes sont faciles à interpréter, chacun comprendra aisément qu’un collaborateur avachi sur son siège n’est guère réceptif aux propos qu’on lui tient, même s’il assure qu’il a parfaitement compris ce qu’on lui dit et qu’il le respectera à la lettre. En revanche, un clignement d’œil répété ou des jambes croisées et décroisées sont plus difficiles à comprendre, mais renvoient en général à une attitude plutôt marquée par le stress ou l’impatience. Sans chercher à interpréter chaque détail, l’attention portée à ces postures suffit à donner des indications, portant à croire que les informations transmises par le corps ne sont pas en cohérence avec celles transmises par les mots. De même, lorsque l’on s’exprime devant un collaborateur ou un client, il est important de prendre en compte le langage du corps pour mieux faire passer ses messages. Et c’est bien là l’intérêt de la communication non verbale.

Accepter

Certes, les grands managers et plus encore les hommes et les femmes politiques vont chercher à maîtriser chacun de leur geste et chacune de leur mimique pour convaincre, mais pour tout un chacun, le langage du corps vient simplement en appui de ce que l’on dit. Dans une position de manager, inutile de chercher à être dans la maîtrise excessive et permanente. « Si l’on est convaincu, on est convaincant », lance la spécialiste de la communication non verbale. « Celui qui manque de confiance risque de ne pas faire passer les messages correctement », ajoute-t-elle. C’est pourquoi, elle conseille d’être simplement bien. « Pour faire passer un message, il vaut mieux chercher à se détendre qu’à maîtriser ses gestes ». Ce faisant, les gestes suivront naturellement les mots, l’ensemble sera en accord et les messages seront passés et compris sans encombre. D’autant mieux que tout le monde ne dispose pas des mêmes atouts pour communiquer. Comme avec les mots, certains ont une aptitude naturelle à se servir de leur corps pour communiquer, quand d’autres plus réservés ont moins de facilité à poser les bons gestes au bon moment. La personnalité, l’histoire personnelle, le ressenti amènent chacun à interpréter différemment le langage du corps. Fort heureusement, la communication est faite d’un ensemble et c’est bien en prenant en compte les aspects verbaux et non verbaux qu’elle doit s’entendre et se comprendre. Au-delà des gestes, l’écoute, la reformulation, et le dialogue doivent être mis à profit pour se comprendre et avancer.

Les enjeux de la communication non verbale

Le corps parle pour transmettre des informations qui vont permettre globalement d’interagir positivement ou négativement avec l’autre ou les autres de façon plus lisible et efficace, mais aussi de convaincre plus facilement (ou pas) en adoptant des gestes et une posture en adéquation avec les mots. La communication non verbale permet ainsi de réorienter un dialogue ou une négociation en repérant les signes de stress, de mensonge, d’accord ou de désaccord ou de non-intérêt. Le langage du corps en dit aussi long sur la personnalité des gens à qui l’on s’adresse et donc de repérer et de gérer plus vite et avec plus de facilité les non-dits, la montée d’un conflit, mais aussi les éventuelles résistances à des changements à venir. C’est donc en écoutant les mots et en regardant les corps que l’on repère où et quand il faut agir pour évoluer dans un cadre apaisé, ou à l’inverse mettre fin à une relation professionnelle qui conduit dans une impasse.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr