RECOMMANDATIONS POUR LE BIEN-ÊTRE ÉQUIN AUX JEUX OLYMPIQUES 2024, ENFIN DES AVANCÉES ? - La Semaine Vétérinaire n° 1946 du 27/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1946 du 27/05/2022

EXPRESSION

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHANTAL BÉRAUD

Un rapport, présidé par le député Loïc Dombreval, détaille 46 propositions pour remettre la santé animale au cœur des pratiques sportives équestres. Cet art pourrait-il devenir davantage éthique, utopie ou future réalité ?

JACQUES NARDIN (L80)

Praticien à Signes (Var) et intervenant du contrôle antidopage équin

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DES MOYENS EXISTENT

Les recommandations 19 à 25 visent à lutter contre les névrectomies abusives et le dopage. S’il se produit des accidents graves durant les JO de Paris 2024, le public risque de condamner l’ensemble du sport équestre. Il est urgent dans l’intérêt de tous d’agir ensemble. Par exemple, via la mesure 21 : faire un suivi longitudinal des chevaux candidats et prévoir des prélèvements antidopage entre un mois et 15 jours avant la visite vétérinaire en amont des épreuves. Il faut aussi interdire les injections intra-articulaires, 14 jours avant les épreuves et jusqu’à leur fin ! Les recommandations 24 et 25 sont fondamentales : contrôler ce qu’apportent les équipes, car il y a des médicaments sans autorisation de mise sur le marché qui entrent et sont utilisés en France ! Enfin, il faut absolument faire un appel d’offres élargi pour le choix des laboratoires d’analyse à retenir pour les JO, en plus des 5 déjà retenus par la Fédération équestre internationale. Pour éviter le retour de résultats faux négatifs ou de faux positifs faisant accuser à tort un cavalier de bonne foi.

LOÏC DOMBREVAL (A91)

Président du groupe d’études Condition animale à l’Assemblée nationale

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FAIRE DES JO DE PARIS LES JO DU BIEN-ÊTRE ÉQUIN

Trois principaux incidents ont terni l’image des JO de Tokyo. Par exemple, Annika Schleu, athlète allemande, le 6 août 2021, en pentathlon moderne, n’a pas réussi à faire sauter son cheval Saint Boy et s’est acharnée sur lui à coups de cravache et d’éperon. Ensuite, son entraîneuse, Kim Raisner, lui a aussi donné des coups de poing… C’est pourquoi la proposition numéro 44 est la création et l’application d’une note de « bien-être équin », qui sera expliquée aux médias et au grand public comme un classement pour un « sport bienveillant ». J’imagine que certaines de ces 46 recommandations apparaîtront probablement excessives à certains professionnels et insuffisantes aux yeux de certains animalistes. Cela signifie sans doute que le curseur est bien placé, raisonnable et sans excès, un équilibre qui permettrait à tous de vivre ces JO sous le signe du bien-être des chevaux. C’est donc au Comité d’organisation des JO Paris 2024 et à lui seul, en lien avec les différentes organisations auditionnées, qu’il revient maintenant de décider du devenir de ces 46 recommandations…

CÉCILE BERAULT (T93)

Praticienne à Sablé-sur-Sarthe ( Sarthe)et directrice de centre équestre

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TRANSFORMONS CES RECOMMANDATIONS EN LOI !

En dressage, j’ai été auditionnée avec le « Collectif pour les chevaux » par les députés à propos de l’hyperflexion de l’encolure. D’après le rapport, « bien que tout le monde semble s’accorder sur sa nocivité, cette pratique est toujours utilisée à tous les niveaux de la compétition. Certains cavaliers tirent même maintenant si fort et si longtemps sur les rênes que le mors de bride fait garrot et la langue du cheval devient bleue ». Légiférons donc pour interdire l’hyperflexion (ce qu’a déjà fait la Suisse depuis 2014, en entraînement comme en compétition). Il faut aussi dire non au serrage excessif des muserolles et à tout autre matériel délétère ! Ces méthodes n’ont qu’un but : obtenir rapidement une complète soumission du cheval, pour gagner du temps et de l’argent. C’est pourquoi il serait utile de mettre en place des formations – y compris pour les vétérinaires – afin d’'en expliquer la nocivité et de montrer que l’on peut parvenir exactement au même niveau de résultat sportif en respectant l’animal. Mais cela demande un apprentissage de plusieurs années au cheval et à son cavalier, comme nous l’appliquons au sein de l’école de dressage de légèreté.

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