Le pâturage des vaches laitières : comment ça marche ? - La Semaine Vétérinaire n° 1946 du 27/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1946 du 27/05/2022

Conférence

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Jean-Paul Delhom

Conférence (partie I) présentée par Gilles Rouquet (vétérinaire, G 50) à l’occasion de la 11e Journée vétérinaire bretonne, qui s’est déroulée le 29 mars dernier au Centre des congrès de Saint-Quay-Portrieux dans les Côtes-d’Armor.

« C’est la méthode d’alimentation la plus simple, la moins coûteuse et la plus respectueuse de l’environnement. Cependant concilier le pâturage et les performances d’un troupeau nécessite de connaître le fonctionnement d’une prairie afin de valoriser au mieux la production d’herbe pour obtenir une production animale optimale » a annoncé Gilles Rouquet (vétérinaire, de la commission Vaches laitières Société nationale des groupements techniques vétérinaires) lors de sa présentation le 29 mars 2022. Ainsi, indiquait-il, dans une prairie cohabitent légumineuses et graminées, les premières fournissant de l’azote pour les secondes. De plus, la macro et la microfaune du sol ont un rôle essentiel dans le cycle du carbone. « Un sol vivant contient 4 tonnes de vers de terre par hectare, remuant 800 kilos de terre par jour ». Par ailleurs, la prairie naturelle et pâturée, ne nécessite, en théorie, pas d’amendement (engrais) ; tandis que lorsque la production est exportée (ensilage, fauche), des amendements carbonés devront compenser les prélèvements.

Une consommation variable

La quantité d’herbe consommable par les vaches, d’une hauteur au-dessus de 6 cm (la QHO équivalant à la quantité d’herbe offerte) est une notion importante, exprimée en tonne de matière sèche par hectare (MS /ha), estimée par l’expérience ou des pesées. En effet, l’ingestion potentielle quotidienne de la vache se calcule en fonction de son poids et de son niveau de production. Par exemple pour une vache de 680 kilos produisant 24 kilos de lait, on applique la formule de calcul suivante : 2 % poids de la vache + ¼ de la production laitière. C’est-à-dire 680 x 2 % + 24 kg divisés par 4 = 19,6 kilos de matière sèche. Pour atteindre les objectifs de production les vaches devront donc trouver cette quantité quotidiennement. Or, il existe plusieurs types de pâturage, à savoir continu, rationné, tournant ou tournant dynamique, ce dernier étant à privilégier pour utiliser efficacement les parcelles, le temps de séjour étant d’une demi-journée à un jour par parcelle. Le stade idéal d’une parcelle est le stade trois feuilles (l’étape culminante de production de la graminée) avec une hauteur d’herbe de 15 cm.

Vers un pâturage réussi

Pour bien réussir son pâturage, le moment déterminant de la gestion d’une parcelle est celui de la sortie des vaches au pâturage, selon le conférencier : « Il faut que la plante possède au moins une feuille (même coupée), sinon le redémarrage est allongé. De plus, la parcelle ne doit pas changer de couleur (jaune) et le surpâturage est une situation à éviter absolument (pas plus de trois jours sur un même pâturage sous peine d’épuisement des plantes) ». Par ailleurs, pour faire un découpage optimal des parcelles, des calculs s’imposent, en fonction de la taille de l’exploitation et des périodes de rotation variables a indiqué Gilles Rouquet. À cet égard, pour un élevage de 50 vaches laitières en pâturage intégral, ayant une production moyenne de 24 litres de lait, il faudra 980 kilos de matière sèche (MS) par jour.

Des périodes de rotation variables

Ainsi, dans l’exemple présenté ici, le pâturage est intégral à partir d’avril et la rotation étant de 30 jours, par conséquent si la quantité d’herbe offerte (QHO) est estimée à 1,5 tonne par hectare, la surface quotidienne nécessaire sera d’environ 0,66 hectare par jour (980 /1 500). Pour que le pâturage soit intégral dès le début de la mise à l’herbe, lorsque la pousse est lente il faudra 30 paddocks de 0,66 hectare ; la surface totale nécessaire pour pâturer sera donc de 21 hectares (30 x 0,66). Avant avril ou en fin d’été (période de faible pousse), la rotation est de 45 jours, le troupeau reste alors 1,5 jour sur chaque paddock et la quantité d’herbe disponible est de 660 kg (1,5 t/ha x 0,66 / 1,5 jour). Il faudra donc une distribution à l’auge de 340 kg de matière sèche. Par ailleurs, en période de forte pousse (mai juin), la rotation est de 21 jours. Il y a alors un excédent d’herbe et des stocks peuvent être constitués par la fauche afin d’avoir une quantité d’herbe offerte constante et une période de pâturage la plus longue possible. La complémentation dépend alors du choix et de la stratégie de l’éleveur et se pilote grâce aux indicateurs d’élevage. Enfin, en période estivale la pousse s’arrête et la ration doit être distribuée complètement, avec parfois la sortie sur des parcelles sacrifiées pour préserver les autres paddocks.

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