EXPRESSION
Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR PIERRE DUFOUR
Quelles nouveautés souhaiteraient intégrer les consœurs et confrères dans leur pratique quotidienne ? Les attentes sont variées. Témoignages de trois vétérinaires.
MARIE-LOU MAYAUD (T16)
Praticienne à Marseille (Bouches-du-Rhône)
LE CAPTEUR QUI MESURE LE GLUCOSE
Pour améliorer les prises en charge de diabète, j’aimerais mettre en place le capteur « freestyle libre » utilisé en médecine humaine, qui mesure le glucose sous la peau de manière suffisamment sensible pour être équivalent à la glycémie. La valeur est lue sur le smartphone avec une application associée. On peut donc faire des courbes de glycémie directement chez les propriétaires, plus régulières, sans le biais associé au stress de l’hospitalisation. La mise en place du capteur est assez simple et c’est beaucoup moins invasif qu’une prise de sang ou une goutte prélevée de manière répétée à l’oreille. De plus, les propriétaires aiment être acteurs de la santé de leur animal, et cela ne semble pas excessivement cher par rapport à la réalisation d’une courbe de glycémie classique.
De manière générale, il nous manque, surtout pour les maladies chroniques, des formes galéniques appétentes ou simples à donner par les propriétaires, en particulier de chats, par exemple les gels transdermiques de thiamazole pour le traitement de l’hyperthyroïdie.
WILLIAM ADDEY (A03)
Praticien à Buchy (Seine-Maritime)
L’INTÉGRATION D’UNE SEULE SANTÉ
J’ai suivi le cursus de VetAgro Sup « One Health en pratique », qui m’a permis de replacer ma pratique de la médecine vétérinaire bovine dans un contexte plus large, à la fois environnemental et sociétal.
Auparavant le suivi des maladies zoonotiques réglementées, l’antibiorésistance et les effets environnementaux des antiparasitaires m’étaient une contrainte. Aujourd’hui je sens que j’ai les moyens et la motivation de dépasser l’aspect purement technique du métier pour être acteur de ces problèmes complexes. La nouveauté thérapeutique est donc pour moi l’intégration du concept Une seule santé.
Pour aller plus loin, connaître les problématiques de professionnels de la santé humaine, et environnementale, m’a permis de mieux comprendre et de découvrir des nouvelles notions. En soignant mieux l’animal, en privilégiant la prévention, la nutrition et les thérapies non médicamenteuses, je soigne aussi les humains et l’environnement. Cela a redonné du sens à mon métier, a élargi mon réseau au-delà des frontières vétérinaires, et m’a donné des outils pour m’adapter aux nouveaux enjeux en santé animale.
BAPTISTE POUCHAN (T13)
Praticien à Lourdes (Hautes-Pyrénées)
LES CELLULES SOUCHES
L’utilisation des cellules souches incubées semble être très prometteuse pour le traitement chez le chat des entéropathies chroniques comme les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, ou des lymphomes intestinaux, notamment sur des animaux jeunes dont on sait que la corticothérapie, entre autres, aura au long cours un impact important.
Cela consiste en trois injections intrapéritonéales de milliers voire quelques millions de cellules, produites à partir de cellules mésenchymateuses. On peut observer, de manière assez spectaculaire la résolution complète des signes cliniques comme la diarrhée chronique. Cela pourrait être une bonne alternative, permettant de diminuer drastiquement les différentes thérapeutiques utilisées, parfois difficiles à équilibrer entre elles.
Les cellules souches semblent également avoir un intérêt pour le traitement de l’arthrose, l’ostéochondrite, la maladie rénale chronique, la gingivostomatite féline : le potentiellement curatif et régénératif semble assez large. L’injection reste cependant assez onéreuse, environ 400 euros, ce qui peut limiter son utilisation.