Bilan 2021 du dispositif Oscar - La Semaine Vétérinaire n° 1945 du 20/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1945 du 20/05/2022

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Clothilde Barde

Dressé à partir des données saisies du 1er janvier au 31 décembre 2021 par les groupements de défense sanitaire (GDS) des 25 départements participants, le bilan du dispositif Oscar (Observatoire et suivi des causes d’avortements chez les ruminants) est désormais disponible.

En 2021, chez les bovins, parmi les maladies recherchées systématiquement, la néosporose reste la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée (14 %) et, parmi les maladies à recherche facultative, il s’agit de l’ehrlichiose (25,7 %). Chez les ovins, la toxoplasmose est la cause infectieuse recherchée systématiquement la plus fréquemment retrouvée (30,2 %) et une origine mycosique peut être mise en évidence dans 13,5 % des cas (recherche facultative) à l’instar des caprins (10,9 %), chez qui la fièvre Q reste la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée (27,3 %). Ces données, collectées par le dispositif Oscar en 20211, mettent en évidence les résultats des diagnostics différentiels effectués lors d’avortements de ruminants en France afin d’orienter au mieux la prévention et la lutte contre les causes infectieuses des avortements.

Des analyses plus nombreuses

Animé par le groupement de défense sanitaire (GDS France), ce protocole de prélèvements d’avortements est standardisé selon les espèces animales. Au cours de l’année 2021, « le nombre de séries abortives investiguées est en augmentation pour les trois espèces – 22,6 %en bovins, 17,5 % en ovins et 3 % en caprins » ont constaté les experts. Parmi les maladies de première intention, la diarrhée virale bovine (BVD) est retrouvée dans 3,2 % des cas en 2021, ce qui témoigne d’une forte diminution par rapport aux années précédentes (6,7 % en 2020, 7,7 % en 2019), en cohérence avec la mise en place de mesures généralisées de surveillance et de lutte vis-à-vis de cette maladie. De plus, comme les années précédentes, la néosporose reste la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée en élevages bovins (14,4 %), et plus particulièrement en élevages bovins laitiers (16,6 %), en cohérence avec la littérature et les données de terrain 1. La fièvre Q reste la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée en élevages caprins (27,3 %), la deuxième en bovins (9,6 %) et la troisième en ovins (19 %) et son implication apparaît plus importante en élevages caprins (27,3 %) et ovins (19 %) qu’en bovins (9,6 %). Ces chiffres correspondent aux retours de terrain des acteurs locaux impliqués depuis de nombreuses années dans la surveillance de cette maladie, ainsi qu’aux résultats de l’étude fièvre Q réalisée dans dix départements français de 2012 à 20152.

Une évolution des techniques de prélèvement

Comme les années précédentes, la proportion de résultats « non conclusifs » est beaucoup plus élevée pour la fièvre Q en ateliers bovins (22,9 %), qu’en ateliers ovins (5,4 %) et caprins (5 %), ce qui renforce, selon les experts, la nécessité pour cette maladie de disposer de deux résultats PCR pour conclure. Ainsi, en élevage bovin, le vétérinaire pourrait réaliser de façon systématique un écouvillon à chaque avortement lors de la visite de dépistage de la brucellose, puis le laboratoire vétérinaire départemental (LVD) devrait le stocker pendant un mois, afin de pouvoir réaliser une analyse PCR fièvre Q, dans le cas où un second avortement surviendrait dans les 30 jours. Comme l’ont indiqué les experts, « il est également important de renforcer la bonne sélection des animaux pour la sérologie afin de maximiser les chances de statuer – en privilégiant les prélèvements sanguins sur les femelles ayant avorté ou présentant un problème de reproduction ». En effet, parfois alors que les sérologies ne permettent pas de conclure, les résultats d’analyses PCR se situent entre la limite de détection et le seuil clinique, ou bien l’on ne dispose que d’un seul résultat PCR (au lieu de deux). Concernant la toxoplasmose, la proportion d’avortements liés à cette maladie en 2021 par rapport à l’année 2020 a doublé en élevages ovins et triplé en élevages caprins. Selon le rapport des experts, cette forte augmentation apparente s’explique très probablement par le changement des grilles d’interprétation entre 2020 et 2021. La toxoplasmose devient ainsi la cause infectieuse la plus fréquemment retrouvée en élevages ovins (30,2 %) et, comme les années précédentes, la chlamydiose reste aussi une cause infectieuse majeure dans ces élevages (23,7 %).

Des limites au dispositif

Concernant les maladies dites de « deuxième intention », leur recherche, bien que facultative, montre que la proportion d’avortements d’origine mycosique est en augmentation par rapport aux années précédentes pour les trois espèces, et plus fortement en élevages ovins et caprins. Ainsi, en élevages bovins, elle s’élève à 20,1 %, en élevages ovins à 13,5 % et en élevages caprins à 10,9 %. Pour les salmonelles, la proportion d’avortements imputables à Salmonella est restée stable en ateliers bovins par rapport à 2020 et en légère augmentation en ateliers ovins. En ateliers caprins, alors que cet agent bactérien n’a pas été mis en évidence, l’ehrlichiose a été considérée comme responsable de l’épisode abortif dans 25,7 % des cas. Cependant, comme l’ont conclu les experts, ces résultats ne sont pas extrapolables à la France entière et « la variabilité quant à l’implication des différents agents pathogènes dans les séries abortives investiguées pouvant être forte entre départements, il est nécessaire d’être très prudent dans l’interprétation de ces résultats ».

Choix des maladies de « première » et de « seconde intention »

Il existe un grand nombre d’agents infectieux potentiellement abortifs. Une liste nationale de maladies à diagnostiquer en première intention a été définie par les experts de la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA). ElIe intègre les maladies abortives pour lesquelles la prévalence des avortements liés à l’agent correspondant est considérée comme importante à l’échelle nationale, dont les conséquences économiques et/ou sanitaires liées aux avortements sont notables, pour lesquelles les outils de diagnostic disponibles permettent l’obtention de résultats interprétables quant à la responsabilité de l’agent infectieux dans la série d’avortements et enfin, celles pour lesquelles il existe des moyens de prévention et de lutte spécifiques qui peuvent être mis en œuvre suite à leur diagnostic.

Les maladies de première intention recherchées systématiquement sont la fièvre Q, la BVD et la néosporose pour les bovins, la fièvre Q, la chlamydiose et la toxoplasmose pour les ovins et caprins. En ce qui concerne les maladies de deuxième intention, le choix des maladies est ajusté à l’échelon local selon le contexte épidémiologique, l’historique de l’élevage et le tableau clinique. Ainsi, pour les bovins il s’agit des avortements d’origine mycosique (notamment liés à Aspergillus), des avortements dus aux salmonelles, aux chlamydia, à Listeria monocytogenes, à des leptospires, à Campylobacter fetus fetus et à Campylobacter fetus venerealis, à Anaplasma marginale (anaplasmose) et  Anaplasma phagocytophilum(ehrlichiose). Pour les ovins et caprins, ce sont les avortements dus à Listeria monocytogenes, d’origine mycosique (notamment liés à Aspergillus), dus au virus de la Border Disease et enfin, ceux dus à des salmonelles.

  • 1. Reichel MP, Alejandra Ayanegui-Alcerrecera M, Gondim LF, et al.. What is the global economic impact of neosporoa caninum in cattle – the billion dollar question. Int J parasitol 2013 ; 43 : 133-42 ; Mc Allister. Diagnosis and control of bovine neosporosis. Vet clin food anim 32 (2016) 443-463. 23
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