Quinquennat Macron : de vraies avancées pour la profession ? - La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Michaella Igoho-Moradel

Quel bilan dresser du premier mandat Macron après cinq ans ? Maillage vétérinaire, application du concept Une seule santé, école privée, protection animale… autant de dossiers chauds mis sur la table du gouvernement.

Éric Février (A80)

Vétérinaire mixte à dominante rurale et maire à Saint-Mamet-la-Salvetat (Cantal)

« Nous avons été écoutés »

Il y a eu des avancées importantes pour les praticiens et les éleveurs. En tant que vétérinaire rural, je retiens les solutions apportées pour maintenir le maillage vétérinaire. La mobilisation de la profession a porté ses fruits. Nous avons été écoutés. La loi DDADUE a enfin permis aux collectivités territoriales d’aider les professionnels libéraux dans des situations compliquées. Mon territoire a d’ailleurs été retenu dans le cadre de l’appel à manifestations d’intérêt lancé notamment par des organisations professionnelles vétérinaires. Pour ce second mandat, ces mesures doivent se décliner localement et être mises en place au plus vite. En tant qu’élu rural, je rappelle qu’il est important de conserver ce maillage. Par ailleurs, la loi sur les professions libérales a gommé des incertitudes et apporté des garanties aux libéraux notamment sur les transmissions d’entreprise, la sécurisation du patrimoine des indépendants ou encore le paiement des indemnités journalières. Si le dossier retraites doit être remis sur la table, comme c’est probable, nos caisses devront conserver un certain nombre de spécificités.

*Loi portant diverses dispositions d’adaptation au droit de l’Union européenne

Jean-Yves Gauchot (T 90)

Président de la Fédération des syndicats vétérinaires de France (FSVF)

« La profession a dû batailler »

En pleine crise sanitaire, le concept Une seule santé a connu des déclinaisons concrètes. La profession a dû batailler pour faire entendre sa légitimité scientifique et technique. Le Plan national santé environnement n° 4 intègre désormais cette démarche, nous ne pouvons que nous en réjouir. L’application globale de cette approche sur le terrain reste un enjeu important lors du prochain mandat. Il y a eu aussi un vrai changement de paradigme avec l’ouverture de la première école vétérinaire privée. La profession a été partagée mais globalement plutôt défavorable à la marchandisation de l’enseignement vétérinaire. Nous serons vigilants sur les investissements mobilisés. Nous saluons le lancement, par le gouvernement d’un plan de renforcement pluriannuel sur 10 ans des écoles nationales vétérinaires (ENV). La voie novatrice du recrutement post-bac était également une demande de la profession. Nous veillerons à ce que l’État tienne ses engagements dans l’investissement des ENV. Pour ce second quinquennat, nous porterons plusieurs sujets comme la création d’un revenu sur objectif de santé publique vétérinaire à l’instar des médecins et des pharmaciens, la valorisation de l’épidémiosurveillance. Nous proposerons l’intégration de vétérinaires dans les communautés professionnelles territoriales de santé et l’élaboration d’une loi vétérinaire pour traiter tous les sujets importants pour la profession.

Jacques Lamothe (T84)

Vétérinaire canin à Carros (Alpes-Maritimes)

« Il y avait un arsenal législatif suffisant »

Les vétérinaires ruraux ont l’impression que le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, a été à leur écoute. La question du maillage vétérinaire a été au cœur des débats. Les dispositions pour le maintenir paraissent satisfaisantes. Il y a aussi eu des mesures prises pour les carnivores domestiques notamment sur la vente des animaux. Sur ce dossier, j’estime qu’il y avait un arsenal législatif suffisant en termes de protection animale. Je ne suis pas certain que ces textes aient apporté grand-chose. Le problème reste leur application. L’autre sujet qui a retenu notre attention est celui de la gestion de la crise sanitaire. Les vétérinaires ont été l’une des professions qui a été la moins impactée. Nous avons connu une augmentation de notre activité. Enfin, d’une façon plus générale, je pense qu’il ne faut pas être corporatiste jusque dans la vie politique. Le danger serait de faire du clientélisme et de voter uniquement pour celui qui défend au mieux nos intérêts.

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