Les intoxications chez les lapins, les chevaux et les bovins en 2021 - La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1943 du 06/05/2022

Toxicologie

PHARMACIE

Auteur(s) : Ameline Azam pour le CNITV

D’après les données du Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires (CNITV), l’an passé, l’intoxication du lapin la plus souvent rencontrée était liée à une exposition au fipronil.

Comme au sujet des carnivores domestiques, le Centre national d’Informations toxicologiques vétérinaires (CNITV) reçoit des signalements d’intoxications de petits et de gros animaux. En 2021, bien que la majorité des signalements aient concerné les carnivores domestiques, le CNITV a également récolté des données à propos du cheval (1,1 %), des bovins (0,6 %) et du lapin (3,2 %).

L’intoxication la plus souvent rencontrée en 2021 pour le lapin faisait suite à une exposition au fipronil. Si tous les médicaments vétérinaires qui en contiennent indiquent désormais clairement une contre-indication d’utilisation chez cette espèce, les cas de mésusage sont encore trop fréquents. Les émulsions lipidiques intraveineuses possèdent une efficacité théorique lors de cet empoisonnement, mais le pronostic reste en pratique très sombre. Sur l’année de référence, les lapins ont également été intoxiqués par le chocolat, les plantes (yucca, avocat, monstera, pomme de terre, muguet, spathiphyllum, laurier-rose, ficus), et par les rodenticides anticoagulants. Comme ils sont particulièrement sensibles à ce type de raticide, le CNITV conseille de doubler la dose de l’antidote (vitamine K1) prescrite habituellement pour les carnivores.

Chez le cheval, les principales intoxications sont d’origine végétale. Les intoxications au robinier faux-acacia, laurier-rose et gland peuvent être graves voire fatales. L’ingestion de thuya et de fusain entraîne principalement des troubles digestifs. Des cas groupés de suspicion forte d’intoxication par l’adonis d’été ont été mis en évidence dans une manade du sud-est en septembre 2021.

Le CNITV et ses collaborateurs ont ainsi pu diagnostiquer la présence d’adonis dans le foin des chevaux intoxiqués, et ont ensuite lancé une alerte afin de prévenir les vétérinaires et propriétaires d’équidés de ce risque. Sur la quarantaine de chevaux exposés à la plante ayant contaminé le foin distribué, une trentaine a exprimé des troubles digestifs, cardiaques et nerveux et 14 sont morts. Des investigations complémentaires sont en cours pour documenter le cas et mettre en évidence les molécules toxiques.

Comme pour les chevaux, les cas confirmés d’intoxication chez les bovins sont relativement rares car, à la différence des carnivores domestiques, il n’est pas évident d’être certain de ce qu’ils ont ingéré. Lors de ces cas, le rôle du CNITV est avant tout d’effectuer une analyse épidémio-clinique, afin d’émettre les hypothèses les plus probables. En 2021, le centre antipoison a rencontré plusieurs cas d’intoxication médicamenteuse chez les bovins (phoxime, moxidectine, kétamine), ainsi que des cas d’intoxication à l’arsenic, aux rodenticides anticoagulants et aux plantes (datura, galega, vesce, If…).

Lire La Semaine Vétérinaire n° 1939 du 08/04/2022.

Une hotline ouverte 7j/7

Récemment certifié ISO 9001:2015, le Centre national d’informations toxicologiques vétérinaires est ouvert tous les jours de 8 h 30 à minuit. Des permanents et étudiants formés tiennent la hotline pour conseiller et répondre aux vétérinaires au sujet de leurs cas de toxicologie et de pharmacovigilance. Ils sont joignables au 04 78 87 10 40.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr