Vaincre son monstre

Une mère et son fils s’installent dans le Morvan à la fin de l’été. Nouvelle institutrice, Chloé est bien accueillie par le village, tandis que Jules ressent une présence hostile la nuit autour de la maison. D’autres mystères – la disparition d’une fillette, une bête qui rôde dans la forêt et s’en prend au bétail – vont définitivement mettre ses sens en alerte. Décors en clair-obscur, ombres mouvantes, caméra glissant lentement, visages saisis par l’anxiété, dégringolades d’accords tendus, dès les premières minutes nous identifions les figures de style du film d’angoisse. L’originalité ici est d’utiliser cette forme codée moins pour appuyer le suspense et la peur que pour nous insinuer dans le regard troublé du jeune enfant. Ce qu’il voit est-il réel ou imaginaire ? La réponse n’a peut-être pas d’importance et certains personnages resteront ambigus. Distillée avec maîtrise par la combinaison du script, de la mise en scène et des effets spéciaux, la sensibilité à vif de Jules est, on le devine, liée à un trauma du passé. Habilement, le film le laisse hors champ mais il fera surgir le monstre qu’il a engendré.

• Ogre d’Arnaud Malherbe avec Ana Girardot, Giovanni Pucci, Samuel Jouy, 1h43, en salle le 20 avril.