Mesures pour soutenir les femmes libérales : quelles sont aussi vos attentes sur ce point ? - La Semaine Vétérinaire n° 1941 du 22/04/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1941 du 22/04/2022

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Jacques Nadel

Les femmes représentent environ 46 % des professionnels libéraux. Il est plus que temps que l’on s’occupe d’elles si l’on veut accroître ce nombre de la féminisation de l’activité libérale ! 

Véronique Luddeni

Praticienne à Saint-Martin-Vésubie (06)

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Créer un environnement plus adapté

Il faut créer un nouvel environnement plus adapté à leur épanouissement professionnel et personnel. Je souhaite que le congé maternité bénéficie d’aides de l’État car la couverture proposée par les mutuelles n’est pas suffisante. La suspension de l’activité libérale pour cause de maternité ne doit pas être source de difficultés structurelles pour l’entreprise et émotionnelles pour la professionnelle libérale au moment de sa reprise d’activité. Elle doit pouvoir bénéficier de crèches de proximité, partout sur le territoire, de crédit d’impôts en cas d’emploi d’une personne à domicile pour garde d’enfant, etc. Il faut instaurer un droit de retrait au regard de l’obligation de permanence et de continuité des soins lorsqu’on a des enfants de moins de 16 ans ou en cas de certaines maladies chroniques. La majoration de la pension de retraite devrait intervenir dès le premier enfant. Toutes ces mesures permettraient de créer un cadre sécurisé et rassurant, encourageant les jeunes vétérinaires femmes à devenir professionnelle libérale.

Julie Paquette

Praticienne à Bourg-Achard (27) 

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Des progrès à faire

Consciente des difficultés liées au statut libéral, j’ai eu mes enfants (4 et 6 ans) en étant salariée avant de m’associer. Nos droits en matière de congé maternité/paternité semblent s’améliorer, mais il faut aussi que notre situation de chef d’entreprise évolue dans nos pactes d’associé(e)s en sensibilisant la profession. Il y a des progrès à faire pour sortir du schéma de la mère qui s’occupe principalement des enfants, même si de plus en plus d’hommes modernes se sentent plus investis pour assumer cette charge familiale. Un autre axe à développer est celui de l’information auprès des étudiantes véto, afin de lever leurs craintes sur la précarité du statut de professionnelle libérale. Il faut arrêter de stigmatiser les femmes vétérinaires libérales qui ne travaillent qu’à temps partiel à un moment donné de leur vie professionnelle. Notre vie ne se résume pas à notre métier. Enfin et pour finir, même si les vétérinaires ne sont pas les libéraux les plus concernés par les différences de revenus entre hommes et femmes, l’égalité des rémunérations à travail équivalent et durée de travail identique doit être une évidence.

Françoise Bussiéras

Praticienne à Oloron-Sainte-Marie (64)

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Ne pas tout attendre de l’État

Avec un état d’esprit « 100 % professionnelle libérale », j’ai tenu à avoir mes enfants en ayant déjà ce statut, donc après avoir créé ma clientèle. Il ne faut pas tout attendre de l’État pour donner envie de devenir femme professionnelle libérale. L’approche est avant tout culturelle et dépend à mon avis de la façon dont nous éduquons nos enfants dans le respect de l’égalité entre les sexes. Il faut aussi casser les idées reçues selon lesquelles il est préférable d’être en arrêt maternité lorsqu’on est salariée plutôt qu’en exercice libéral. Une vétérinaire avec un peu d’expérience est mieux indemnisée en libéral, surtout si elle est à temps partiel, qu’une salariée dont les indemnités vont être vite plafonnées et ramenées au prorata de son temps de travail. Et l’arrêt de travail en cas d’incapacité pendant la grossesse est pris en charge par la plupart des indemnités journalières. Il faudrait, en revanche, que les jours d’arrêt après l’accouchement soient mieux indemnisés, en étant adossés par exemple sur le montant des nouvelles  indemnités journalières de l’Urssaf en cas d’arrêt de travail. Il faudrait aussi que tous les jeunes couples comprennent que la parentalité s’exerce à deux, pendant au moins quinze ans, alors que la grossesse ne dure que quelques mois.

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