Enquête sur la perception de l’indépendance professionnelle - La Semaine Vétérinaire n° 1941 du 22/04/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1941 du 22/04/2022

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Marine Neveux

À l’occasion des Universités de printemps du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral qui se sont tenues les 7 et 8 avril 2022 à l’école nationale vétérinaire de Nantes-Oniris, notre consœur Françoise Bussiéras, praticienne dans les Pyrénées-Atlantiques et vice-présidente du syndicat, a présenté les résultats de l’enquête menée par ce dernier auprès des consœurs et confrères fin 2021.

Le SNVEL poursuit sa réflexion sur l’indépendance. Un premier rapport avait été remis fin juin 2021 sur l’indépendance des vétérinaires praticiens en clientèle, basé sur les témoignages d’experts. L’enquête dévoilée aux Universités du syndicat est une deuxième étape. Le questionnaire avait été adressé aux vétérinaires fin 2021.

« Un groupe de travail a été mis en place sur l’indépendance » explique notre consœur Françoise Bussiéras, le groupe « Patou » (clin d’œil aux chiens de montagne des Pyrénées indépendants). L’objectif initial était de définir l’indépendance. Une première définition se dégage avec l’article du Code rural L 241-17 sur la détention des capitaux. Une deuxième approche inclut l’indépendance financière, la troisième l’indépendance d’exercice (temps de travail, prescription, protocole, etc.) et l’indépendance déontologique, citée à plusieurs reprises dans le Code.

1 008 vétérinaires ont répondu à l’enquête. Les indépendants représentent 88,7 % de l’échantillon, et les titulaires 75 % ; il y a 5 % de collaborateurs libéraux. Les établissements de soins de un ou deux à quatre vétérinaires représentent les deux tiers de l’échantillon.

La première question posée concerne les choix professionnels : « Que privilégiez-vous dans vos choix professionnels ? » (figure 1). Pour 76 % des répondants, il s’agit de la qualité de la prise en charge médicale de l’animal, pour 61 % : ce qui semble utile et juste. Les bonnes conditions de travail et l’équilibre de vie sont privilégiés pour 46 %, et 39 % choisissent ce qui est conforme à l’état de la science. Seulement 8 % préfèrent les consignes validées par leurs pairs.

Une question est posée à propos des investisseurs : « Selon vous, quelles peuvent être les conséquences négatives de la revente de tout ou partie des capitaux d’une clinique à un investisseur ? » (figure 2). « Les vétérinaires ont compris que l’arrivée d’investisseurs ne va pas emmener vers du low cost et ils sont peu inquiets par la perte d’indépendance sur la prescription et les choix thérapeutiques » analyse Françoise Bussiéras à la lecture des résultats de l’enquête. En tête des réponses, les vétérinaires indiquent l’augmentation de la rentabilité pour plus de dividende pour l’investisseur, puis une éventuelle revente par la suite, enfin l’irréversibilité de l’opération.

Dans les conséquences positives (figure 3), les vétérinaires répondants envisagent d'abord la possibilité de récupérer du cash à court terme, ensuite la réponse à l’absence de repreneur vétérinaire, enfin la vente plus onéreuse qu’à un vétérinaire en exercice. L’enquête révèle aussi des tendances de fond présentes dans la profession comme la réorientation de sa vie professionnelle.

Alors quels seraient les critères intrinsèques de garantie d’indépendance ? Pour les répondants, c’est d’abord la liberté de prescription et des choix médicaux et chirurgicaux (figure 4).

Les garde-fous externes (figure 5) résident dans le Code de déontologie et la possibilité d’obtenir des remises identiques pour les achats (identiques, mais sans les supprimer pour autant).

Françoise Bussiéras explique que la typologie des répondants influe sur les résultats de l’enquête. Ainsi par exemple, plus ceux-ci sont jeunes et plus ils accordent d’attention à l’animal et moins au détenteur ; les vétérinaires en filières prennent plus le détenteur et la réglementation en considération, les canins font plus attention à l’animal. Les indépendants croient davantage qu’ils vont arrêter la gestion avec l’arrivée des groupes, alors que ceux qui y sont déjà y croient moins.

Enfin, il reste difficile aujourd’hui d’avoir un large recul sur les effets de la consolidation, car elle est très récente dans la profession. En outre, les vétérinaires de groupe représentent seulement un peu plus de 10 % de l’échantillon qui a répondu à l’enquête.

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