Biodiversité : un nouveau plan de lutte contre les espèces exotiques envahissantes - La Semaine Vétérinaire n° 1941 du 22/04/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1941 du 22/04/2022

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Corinne Lesaine

Pour lutter contre l’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE), la Stratégie nationale biodiversité (SBN) prévoit un plan de gestion des espèces exotiques envahissantes, présenté dans le cadre du « Plan d’action 2022-2030 » édité par le ministère de la Transition écologique en collaboration avec l’Office français de la biodiversité.

« L’introduction et la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE) constituent une menace majeure pour la biodiversité comme pour la santé car, même si pour certaines d’entre elles des équilibres peuvent s’observer, pour d’autres l’impact biologique est sérieux. » Pour cette raison, la lutte contre les EEE est une action phare de la Stratégie nationale biodiversité en France qui a été déclinée sous la forme du « Plan d’action 2022-2030 » édité par le ministère de la transition écologique en collaboration avec l’Office français de la biodiversité. Ce dernier a pour objet de prévenir l’introduction et la propagation des espèces végétales ou animales, au caractère envahissant et dommageable pour l’environnement, tout en renforçant la coordination des acteurs, la mobilisation volontaire des filières commerciales, la vigilance et l’observation.

En effet, le taux d’introduction de nouvelles EEE semble s’accélérer plus que jamais et ne montre aucun signe de ralentissement. Ces 40 dernières années, un département français a vu s’installer en moyenne tous les dix ans cinq nouvelles espèces exotiques envahissantes nuisibles aux espèces endémiques. Et cette menace va continuer à croître, car elle bénéficie de facteurs aggravants bien identifiés : le réchauffement climatique qui stimule la résistance et l’implantation d’espèces venues d’autres régions, la modification des milieux terrestres et aquatiques par les activités humaines qui peut créer des conditions favorables au développement de ces espèces, et enfin l’essor du commerce et des transports qui facilite leur introduction et leur propagation.

La priorité passe par la prévention, car au-delà des espèces exotiques envahissantes déjà présentes et préoccupantes pour la France, c’est aux nouvelles espèces d’EEE au fort risque d’introduction sur le territoire national que ce nouveau plan s’adresse. Il répond ainsi à l’exigence du Règlement (UE) n° 1143/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 sur la prévention et la gestion de l’introduction et de la propagation des EEE, ainsi qu’aux objectifs fixés par la Stratégie nationale relative aux espèces exotiques envahissantes adoptée en mars 2017. Réalisé en concertation avec le Conseil national de la protection de la nature et le Conseil national de la biodiversité notamment, il a vocation à évoluer au fur et à mesure de l’évolution de la situation et de la mobilisation des différents acteurs institutionnels français. L’enjeu pour 2030 est d’amplifier également la coordination des politiques publiques de santé humaine, animale et environnementale, dans une approche « Une seule santé ».

À cet égard, le Plan s’articule autour de quatre grands axes d’intervention : la sensibilisation des particuliers et des structures produisant ou détenant des animaux indigènes et exotiques (élevage, professionnels d’aquaculture, jardins zoologiques…) aux enjeux liés à l’introduction et la propagation des EEE afin d’éviter que les animaux ne soient relâchés de manière intentionnelle ou non ou qu’ils s’échappent, l’édition de guides d’informations sur les enjeux des EEE et les conduites à tenir comme celles concernant la vente en animalerie, la consolidation du cadre réglementaire en articulant la réglementation propre aux EEE avec celles sur la pêche en eau douce, la chasse, la détention de la faune sauvage, le commerce des espèces, les espèces nuisibles à la santé humaine et le renforcement des contrôles et des moyens de surveillance, d’alerte, de détection précoce et de suivi, en mobilisant le grand public avec les sciences participatives (pour des espèces déjà présentes et facilement identifiables) et les réseaux plus structurés d’experts et de gestionnaires.

Actuellement, trois ministères sont impliqués dans la réglementation des organismes vivants : celui de la Transition écologique pour les espèces à forts impacts environnementaux, de l’Agriculture pour celles ayant des impacts sur les productions agricoles animales et végétales, et celui de la Santé pour celles ayant un impact sur la santé humaine. Les différentes réglementations, parallèles, peuvent poser des difficultés de cohérence et rendent difficiles la mutualisation des moyens et la mobilisation des acteurs. Ainsi, les moyens de surveillance, de gestion, de contrôle et les outils de communication pourraient utilement être mutualisés entre les différentes politiques menées sur les espèces exogènes car l’approche « Une seule santé », nouveau cadre scientifique qui permet d’appréhender les risques liés aux espèces vivantes, ne trouve pas encore sa déclinaison administrative. Or, la transmission de maladies infectieuses par les EEE est également un enjeu de santé publique comme en témoigne le plan de surveillance du chikungunya, de la dengue et du Zika dont est vecteur le moustique tigre ou encore la recrudescence de la leptospirose, avec la multiplication des ragondins. Tous les professionnels de l’animal dont les vétérinaires, sont par conséquent appelés à sensibiliser, éduquer tout en rapprochant la communication sur les espèces animales exotiques envahissantes, avec celle qu’ils connaissent déjà sur le bien-être animal et le commerce d’espèces protégées.

Les EEE en France

Sur le territoire national : 1 379 espèces de plantes exotiques et 708 espèces exotiques de faune. Ces 40 dernières années, un département français a vu s’installer en moyenne tous les dix ans cinq nouvelles EEE.

La liste des EEE est disponible sur le centre de ressources des EEE http://especes-exotiques-envahissantes.fr

L’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) est l’outil national qui référence les taxons (groupes d’organismes vivants) introduits ou exotiques envahissants dans le territoire français. https://inpn.mnhn.fr/programme/especes-exotiques-envahissantes

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