​​​​​​Retraites : quelles sont vos attentes pour le quinquennat à venir ? - La Semaine Vétérinaire n° 1939 du 08/04/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1939 du 08/04/2022

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Jacques Nadel

Quelle retraite demain, avec la nouvelle réforme dont on ne pourra pas faire l’économie lors du prochain quinquennat ? Quel que soit l’âge minimum de départ à la retraite, les vétérinaires sont viscéralement attachés à l’autonomie de gestion de leur caisse de retraite.

Éric Moret 

Praticien à Marcoussis (91)

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Indispensable mais…

Je ne vois pas quelle politique pourrait esquiver une fois de plus une réforme des retraites. Celle-ci me paraît bien indispensable (trop de régimes spéciaux, allongement de l’espérance de vie). Malgré cela, je crains que notre caisse de retraite complémentaire y perde de son autonomie à travers un régime unique de retraites complémentaires des professions libérales et que l’État fasse main basse sur les réserves constituées par notre profession. Notre caisse s’est toujours débrouillée seule pour assurer l’équilibre financier de son régime, cela m’ennuierait qu’elle serve à combler les déficits des caisses qui ont été moins bien gérées. Permettre aux vétérinaires de partir à la retraite à 62 ans me paraît une solution déraisonnable et contreproductive en raison du rapport démographique défavorable de notre profession entre cotisants et retraités. Il ne faut pas se leurrer, le risque d’avoir une baisse de la valeur du point est élevé. La baisse de rendement du point de RC est depuis quelque temps d’actualité. Heureusement que notre RC est pleine à partir de 65 ans, mais j’envisage de partir avant, avec l’application d’une décote de 5 % par année de réfaction.

Florian Spieser 

Praticien à Longuyon (54)

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Laisser au vétérinaire la liberté

J’ai 34 ans et trouve que notre système de retraite autonome est bon et qu’il faut le préserver sous réserve qu’il y ait encore des vétérinaires libéraux cotisants pour en assurer l’équilibre financier. Il n’est pas plus incertain que des placements comme le Plan épargne retraite individuel, successeur du Plan Madelin, ou des placements boursiers, quand on voit la volatilité actuelle des titres. Il est difficile de se projeter sur les valeurs de rendement de ces placements, alors que notre régime de retraite, compte tenu des réserves accumulées, offre des certitudes : celui qui a cotisé 2 fois plus que les autres aura toujours plus que ceux qui ont moins cotisé. Je travaille en clinique rurale et je ne pense pas qu’à 65 ans, j’aurai la même facilité et souplesse qu’aujourd’hui à soigner des vaches. Il faut pouvoir laisser au vétérinaire la liberté de prendre sa retraite à partir de 62 ans en fonction de situations particulières. On pourrait très bien envisager des majorations pour ceux qui décident de prolonger au-delà de cet âge.

Hervé Hiard 

Praticien à Dol-de-Bretagne (35)

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Conserver cette autonomie

Partant à la retraite dans peu de temps, je ne serai pas impacté par une réforme des retraites, quel que soit le président de la République qui sera élu. Un allongement progressif de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, comme l’annonce Emmanuel Macron dans son programme, ne présentera pas de grands changements pour la profession. En effet, sous Mitterrand, l’âge légal de la retraite a été ramené à 60 ans en 1982 puis relevé à 62 ans sous la présidence de Nicolas Sarkozy. La CARPV n'a jamais utilisé les 60 ans comme âge de départ. Elle a toujours géré notre régime complémentaire de retraite en bon père de famille, sans excès ni déficit. Ce qui a permis de constituer des réserves financières permettant de garantir les droits de ses affiliés pendant au moins 25 ans. Il faut donc conserver sous le prochain quinquennat cette autonomie et cette liberté de gestion de la retraite complémentaire qui perdurent depuis plus de 40 ans.

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