Identification : un devoir d’information citoyen et salutaire - La Semaine Vétérinaire n° 1939 du 08/04/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1939 du 08/04/2022

Témoignage

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Propos recueillis par Anne-Claire Gagnon

Responsabiliser les propriétaires face à l’obligation d’identification peut être facilité par la signature d’un document attestant, en cas de refus, que leur vétérinaire leur a délivré les informations nécessaires. C’est ce qu’a mis en place Brigitte Leblanc, une consœur, qui assure que 70 % des propriétaires identifient leur animal après la signature de cette attestation.

Notre consœur Brigitte Leblanc (N88), praticienne à Brest (Finistère), a mis en place depuis mi-2019 une information systématique des propriétaires d’animaux de compagnie non identifiés (majoritairement des chats), qu’elle formalise par la signature d’une attestation.

Pourquoi avoir mis en place cette information éclairée, formalisée par un document signé ?

À la suite de mes formations en droit animalier (je suis titulaire depuis 2018 du DE Protection animale : de la science au droit délivré par VetAgro Sup et, depuis 2019, du DU Droit animalier de l’université de Limoges), il m’a semblé que l’on pouvait utiliser la force des textes de loi pour appuyer le discours à nos clients en faveur de l’identification (même si nul n’est censé ignorer la loi…). De plus, cela nous permet de justifier la proposition de l’acte d’identification comme le simple respect de la réglementation sans que cela puisse être considéré comme une recherche de profit, ce qui nous est parfois reproché. Enfin, il m’a semblé important que notre devoir déontologique d’information du client puisse être utilisé pour cet acte ô combien primordial. Cette fois, le formalisme ne conduit pas qu’à nous protéger dans notre pratique mais il permet d’agir. Signer cette attestation permet de responsabiliser le propriétaire sans que nous endossions un rôle de « gendarme ».

Cela concerne-t-il majoritairement les chats ou aussi les furets et les chiens ?

Dans l’absolu, cela peut être utilisé effectivement pour tous les animaux domestiques pour lesquels l’identification est d’ores et déjà obligatoire, en espérant que peut-être la liste s’agrandisse à l’avenir à certains NAC (lapins par exemple), l’identification étant l’un des outils possibles pour limiter les abandons. Dans la pratique, ce sont principalement les chats qui sont concernés. Cette attestation permet de diminuer un peu le manque d’identification rencontrée dans cette espèce.

Est-ce incitatif et quel pourcentage de propriétaires identifie leur animal dans la foulée ?

L’attestation n’est présentée qu’après avoir développé tout l’argumentaire (protection de l’animal si perdu, vol, etc.) puis après avoir rappelé que l’identification est une obligation légale. En cas de refus encore à ce stade, nous présentons l’attestation à signer en mettant en avant notre devoir déontologique d’information de nos clients. Devant le document, environ 70 % des personnes se rendent compte que le coût de l’identification est bien moins important que l’amende encourue et acceptent ce geste, parfois en demandant des facilités de paiement, que nous leur accordons volontiers, notamment en cas de couplage avec une chirurgie de convenance.

Quelles sont les remarques des propriétaires réfractaires ?

Les réfractaires ne font aucune remarque négative, se contentant de refuser en disant qu’ils le feront plus tard, ce qui, dans la pratique, est malheureusement rare…

Identification féline, un libellé initial peu motivant

L’obligation d’identification des chats date de 1999 pour les chiens et de 2012 pour les chats. L’article L212-10 la fixe à 7 mois pour ces derniers et stipule qu’elle doit être faite au niveau de la gouttière jugulaire gauche. Ces deux obligations ont été jugées contre-productives mais ne semblent pas être un frein pour les propriétaires de chats de race, 90 % d’entre eux étant pucés. Cependant, la localisation inquiétant certains propriétaires, de nombreux vétérinaires ont été conduits à adapter, par sécurité, le lieu d’injection sur l’encolure gauche. L’âge de 7 mois ne semble pas non plus pertinent pour un acte qui ne nécessite aucune anesthésie générale ni tranquillisation. Reformuler le lieu d’injection et l’âge du chat améliorerait le bien-être de celui-ci en responsabilisant son propriétaire. Les vétérinaires pourraient ainsi faire de l’identification le premier acte de protection de leurs patients félins en l’effectuant dès la 1re consultation pédiatrique.

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