Le jeu, un besoin comportemental chat dépendant - La Semaine Vétérinaire n° 1938 du 29/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1938 du 29/03/2022

Comportement

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Tanit Halfon

Si le jeu a son importance dans le développement du chaton, seuls certains individus, une fois adultes, continueront à manifester le besoin de jouer régulièrement. L’enrichissement du milieu de vie apparaît encore plus essentiel pour ces chats.

Jouer avec son chat adulte est-il indispensable ? Quels jeux privilégier ? Caroline Gilbert, enseignante-chercheuse en éthologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort, fait le point.

Le chat adulte a-t-il besoin de jouer ?

Chez le chat, le jeu est vraiment prédominant chez le jeune avec 2 phases : la première, entre l’âge de 3 à 8 semaines, correspond à une période de jeux interactifs, entre les chatons de la portée, ou avec d’autres chats, adultes ou jeunes ; la deuxième, lorsqu’il est âgé de 8 à 14 semaines, se manifeste par des jeux avec des objets. Ces phases de jeu appuient le développement du chaton, via l’apprentissage, de façon ludique, des postures sociales adultes, et notamment du comportement de prédation.

À partir de la puberté, le budget-temps de l’animal se modifie avec une diminution de la fréquence de jeu. Cette situation générale est à moduler suivant les individus : les chats qui étaient très joueurs et prédateurs étant petits, auront tendance à continuer des séquences fréquentes de jeux. Dans ce cas-là, il est recommandé d’enrichir le milieu de vie de l’animal en les facilitant, et si possible qu’il puisse avoir un accès à l’extérieur, au risque, en cas de frustration, de voir le chat s’attaquer aux humains. D’autres seront, au contraire, très peu joueurs. Les propriétaires s’en aperçoivent rapidement.

Est-ce qu’il a des jeux à privilégier, ou à éviter ? Une étude récente1 suggère un lien entre l’utilisation du laser et les comportements compulsifs du chat (tourne autour de la queue, chasse les lumières et les ombres, fixe un objet, fixe les zones de lumières) ?

De manière générale, le chat apprécie les jeux suspendus et ce qui est en mouvement, l’idée étant d’avoir à sa disposition plusieurs types d’objets pour varier les séquences de jeux. On peut jouer avec son chat, il peut nous solliciter, il peut aussi jouer tout seul avec un objet. Pour le laser, il y a à ce jour peu d’études qui appuient l’hypothèse d’une frustration du chat. Dans l’étude en question, il s’agit d’une association, et pas d’un lien de causalité, qui a été mise en évidence. J’aurais tendance à penser que ce sont les chats déjà prédateurs à la base qui ont davantage tendance à jouer avec le laser. Par contre, c’est vrai que le laser excite beaucoup les chats, par rapport à d’autres jeux. Il vaut donc mieux les utiliser avec modération.

Par ailleurs, chez le chat, la séquence comportementale du jeu est similaire à la séquence de prédation, le déclencheur étant le même, à savoir un objet en mouvement. C’est la marche en crabe, le dos voussé, le chat qui se jette sur quelque chose… Il est difficile de faire la part des choses et d’identifier les réelles motivations de l’animal. Dans cette optique, les mains sont à proscrire lors des jeux, étant donné que le chat qui « joue » terminera sa séquence par des griffures et morsures, ce qui est normal pour lui. Cela n’est pas forcément relié à un défaut dans la période de développement (absence de la mère), comme certains l’affirment, les études explorant cette question étant insuffisantes.

Le jeu entre congénères (au sein d’une même maison) est-il possible ?

Oui, cela sera en particulier le cas pour des jeunes chats qui s’entendent bien. Adultes, les phases de jeux seront moins fréquentes. On observera en particulier des phases de jeu avec objets, les deux chats pouvant interagir également.

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