État des lieux de la gestion des PSE apicoles - La Semaine Vétérinaire n° 1937 du 22/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1937 du 22/03/2022

Apiculture

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Gérald Therville-Tondreau, vétérinaire DIE Apiculture et pathologie apicole

Une enquête menée auprès de vétérinaires responsables de programmes sanitaires d’élevage apicoles dresse un bilan chiffré de leur profil et de leur fonctionnement.

Les programmes sanitaires d’élevage (PSE) apicoles ont fait l’objet d’une récente enquête1 organisée par la commission apicole de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV). Cinquante-quatre vétérinaires gérant actuellement un ou plusieurs PSE y ont répondu, pour un nombre cumulé de soixante-six PSE2. Les résultats apportent des données intéressantes sur plusieurs points clés : visites réellement effectuées, temps passé, nombre d’adhérents, pharmacovigilance… Des marges de progression sont répertoriées et pourront alimenter le débat : la prophylaxie collective, proposée par le PSE apicole, permet-elle une lutte réellement efficace contre le parasite varroa ?

83 % des PSE concernés par cette étude ont été lancés à l’initiative d’un groupement de défense sanitaire apicole (GDSA) ou d’une association sanitaire apicole départementale (ASAD).

Deux tiers des PSE comptent entre 200 et 500 adhérents et un quart plus de 500, ce qui donne une estimation du nombre de visites à effectuer.

Côté gestion, 84 % des vétérinaires conseil s’occupent d’un seul PSE et 82 % gèrent à la fois la pharmacie et les visites aux adhérents. Ils sont majoritairement accompagnés de techniciens sanitaires apicoles (TSA) (jusqu’à 35 pour un répondant). 73 % des PSE reposent sur un travail bénévole des TSA et 28 % rapportent une absence de convention signée avec le vétérinaire. Pourtant, le TSA intervenant sous l’autorité et la responsabilité d’un vétérinaire, cette convention acte la collaboration et le cadre de travail.

51.8 % des répondants demandent des compléments à la formation des TSA, qu’ils organisent majoritairement eux-mêmes.

L’obligation du vétérinaire d’apparaître dans l’organigramme de la structure gérant le PSE n’est pas réalisée dans 20 % des cas. Rappelons qu’il s’agit d’une obligation et d’un levier permettant au vétérinaire d’être écouté par l’organisme titulaire du PSE en insistant sur son bon fonctionnement.

De grandes disparités dans le temps de travail accordé à la gestion ou à la réalisation des visites sont constatées. Il n’y a pas de chiffres reproductibles en rapport avec le nombre d’adhérents mais 70 % des réponses annoncent une visite d’une durée moyenne de deux heures ou plus. Le temps passé suggère qu’elle va au-delà de la visite documentaire, ce qui appréciable pour le conseil. En revanche, le nombre de visites effectivement réalisées est globalement faible : 30 % des PSE ne dépassent pas un taux de 50 % de visites réalisées. Les vétérinaires avancent plusieurs explications. Pourtant, sans respect de la réalisation des visites, le fonctionnement du groupement ne relève plus du PSE mais de celui d’une officine ouverte.

Le prix du médicament est une motivation majeure évoquée pour adhérer à un PSE et 2/3 des programmes bénéficient d’aides financières à des degrés divers, souvent reportées sur le prix de vente. La question est alors posée de la concurrence avec les autres ayants droit.

Le vétérinaire conseil décide majoritairement du choix des médicaments référencés et 80 % des PSE proposent une lutte collective programmée (médicament imposé, alternance évoquée). Mais elle n’est effectivement suivie que dans 30 % des cas.

La rédaction d’une ordonnance a été maintenue dans 80 % des PSE, sans doute pour garder un conseil écrit de la bonne utilisation du médicament.

64 % des PSE n’ont pas effectué de déclaration en pharmacovigilance en cours d’exercice, ce qui peut sembler étonnant au vu des retours réguliers sur le manque d’efficacité supposée de certains médicaments. Les comptages ne sont systématisés en visite que pour 28 % des réponses. Ceci pourrait avoir une influence sur la pharmacovigilance et la consolidation des données permettant de déclarer d’éventuel manque de résultats attendus.

  • 2. Au 31 janvier 2021, 82 PSE apicoles étaient recensés en France (en incluant la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion)
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