Pour une hospitalisation respectueuse du chien - La Semaine Vétérinaire n° 1936 du 15/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1936 du 15/03/2022

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Jade Lardenois et Caroline Gilbert, professeures en éthologie fondamentale et appliquée à l’EnvA

Une hospitalisation respectueuse du bien-être permet au chien de pouvoir se reposer dans un lieu confortable et, si possible, en bénéficiant de plages de détente (promenades ou interactions positives avec le personnel). Il s’agit d’un moment important au cours duquel le stress est limité, ce qui peut être un facteur d’amélioration de la prise en charge (animal qui accepte de s’alimenter, qui est plus coopératif pour ses soins…).

Lorsqu’il est possible d’organiser l’espace d’hospitalisation selon son souhait, il est préférable de réserver aux chiens un lieu dédié, séparé des autres espèces. Il doit être situé au calme pour limiter le stress dû aux bruits ambiants dans la clinique. Afin de pouvoir surveiller les animaux sans avoir besoin d’ouvrir systématiquement la porte, il peut être intéressant de prévoir une vitre entre le chenil et, par exemple, la salle de préparation. Si la taille des locaux le permet, il est envisageable de séparer les hospitalisations de « longue durée », placées au calme, de celles à la journée, qui nécessitent une surveillance plus régulière (comme les chirurgies ambulatoires). Cela limite ainsi les allers-retours dans le chenil. Si un choix de couleur est possible, il vaut mieux opter pour des couleurs pastel en évitant le blanc, l’orange et le rouge1. La lumière doit être douce et indirecte2.

Lors de l’aménagement du chenil, le choix du revêtement des cages et du sol en général est important. Il doit bien sûr être facilement lavable mais surtout ne pas être glissant. Les cages en inox étant particulièrement glissantes, il existe des revêtements lavables vendus en rouleaux découpables qui ont une surface antidérapante et une surface confortable. Cela présente le double avantage de sécuriser la cage et d’isoler l’animal du froid, ce qui est particulièrement important lors des phases de réveil d’anesthésie. La taille des cages est également essentielle puisque le chien doit pouvoir s’y tenir debout et se retourner. Peu confortables, les caillebotis, dans lesquels les griffes et parfois les tubulures de perfusion peuvent se coincer, sont à éviter. Un lieu de couchage type panier peut être bienvenu pour améliorer le confort.

S’il n’est pas toujours envisageable de réaliser des aménagements particuliers dans des locaux donnés, la modification de certaines habitudes peut rendre le lieu d’hospitalisation moins stressant pour le chien. Des promenades, si elles sont possibles, permettent aux chiens de pouvoir satisfaire leurs besoins d’exploration et d’élimination. Des interactions positives avec le personnel permettent également de diminuer le stress. Afin de limiter les stimuli extérieurs, il est préférable, dans la mesure du possible, d’organiser les visites des propriétaires en dehors du chenil (salle dédiée, salle de consultation non occupée, etc.). Concernant l’entretien, les produits inodores sont préférés afin de ne pas inhiber l’odorat du chien, qui se sert énormément de ce sens pour prendre des informations sur son environnement1. Idéalement, il est conseillé d’attendre que l’odeur se soit complètement dissipée après un nettoyage pour placer un nouvel animal dans la cage. Enfin, il est préférable de réaliser les soins aux chiens hospitalisés en dehors de la cage pour que celle-ci reste un lieu de repos sans stimulus désagréable.

  • 1. Lloyd J.K.F. Minimising stress for patients in the veterinary hospital : why it is important and what can be done about it. Vet. Sci. 2017 ; 4 (2) : 22
  • 2. Herron M.E., Shreyer T. The pet-friendly veterinary practice : a guide for practitioners. Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract. 2014 ; 44 (3) : 451‑481
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