La capacité d’autofinancement : un indicateur clé de l’entreprise - La Semaine Vétérinaire n° 1936 du 15/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1936 du 15/03/2022

Finances

ENTREPRISE

Auteur(s) : Par Jacques Nadel

Puis-je autofinancer mes investissements, sans avoir recours à des financements externes ? La réponse est dans la capacité d’autofinancement de l’entreprise.

La capacité d’autofinancement (CAF) est un indicateur de santé essentiel et simple de l’entreprise qui détermine sa « trésorerie potentielle » (hors délais de paiement et opérations liées aux cessions d’immobilisations) ou le surplus de trésorerie qu’elle est capable de générer sur un exercice grâce à son résultat. Cet indicateur financier correspond à l’excédent brut d’exploitation (EBE) déduction faite de la rémunération des capitaux empruntés (frais financiers) et de corrections exceptionnelles (recettes ou dépenses). Mathématiquement, cette somme correspond au résultat courant avant amortissements, qui doivent être réintégrés dans la CAF car ce sont des charges qui ne sont pas décaissées. Il n’en reste pas moins que la CAF correspond bien dans la réalité des faits à la partie de l’EBE qui n’est pas absorbée par les charges financières. Indispensable pour assumer une croissance (investissement en matériel, embauches, etc.), rembourser des emprunts, ou des comptes courants d’associés, ou bien rémunérer les associés sous forme de dividendes, elle nécessite d’être surveillée pour éviter des difficultés de trésorerie.

« La CAF sert à l’augmentation de la marge de sécurité financière. Il est essentiel qu’elle soit positive pour faire face aux investissements à venir sans avoir recours à des financements externes », précise Nicolas Baldo, expert-comptable chez KPMG.

Une clinique vétérinaire veut créer un nouveau poste pour générer plus d’activité, ce qui permettra de le rentabiliser rapidement. « Il faut regarder la rentabilité dégagée par l’entreprise pour savoir si on peut embaucher », souligne Nicolas Baldo. Le calcul de la CAF permet, préalablement à la décision d’investir, d’analyser ses finances et de s’assurer que l’entreprise a le potentiel pour recruter et la capacité à gérer par elle-même ses besoins en investissement. L’objectif est que cet investissement en RH se traduise par un chiffre d’affaires qui augmente pour qu’il soit autofinancé par la croissance. Mais celle-ci peut ne pas être au rendez-vous et ne pas ramener de la trésorerie à l’entreprise dès la première année.

Pour un investissement humain de 30k € par an, Thomas Grosse, expert-comptable du cabinet Extencia, explique qu’« avec une CAF de 100 000 € annuels, le chef d’entreprise a 3 ans devant lui pour rentabiliser son investissement à activité constante. » En effet, sans une progression du CA pendant 3 ans, la CAF ne sera plus que de 100k – (30k x 3) = 10k €. Au-delà, l’entreprise devra puiser dans la trésorerie pour financer le coût de ce salarié supplémentaire. Bien entendu, la CAF sera plus élevée si la clinique n’a plus d’emprunt à rembourser. À l’inverse, si la CAF est faible, il peut être judicieux de la consolider par une trésorerie de réserve constituée, par exemple, par un prêt garanti par l’État (PGE).

Deux méthodes de calcul

Dans le calcul de la CAF (à confier à son expert-comptable), on considère que les produits encaissables ont été encaissés et que les charges décaissables ont été décaissées. Ainsi, une CAF de 50k € signifie que l’entreprise a pu dégager au cours de l’année écoulée 50k € de trésorerie grâce à son activité. La première méthode de calcul consiste à reprendre le résultat de l’exercice et à le retraiter. On annule l’effet des charges et produits calculés (sans impact sur la trésorerie) et ceux inhérents aux cessions d’immobilisations, ce qui donne : résultat + dotations aux amortissements et provisions - reprises sur amortissements et provisions + valeur nette comptable sur cessions d’immobilisations - produits de cessions d’immobilisations - quote-part de subvention virée au résultat = CAF. L’autre méthode se différencie par le fait que le calcul, qui in fine est le même, se fait à partir de l’EBE.

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