Approche de la fièvre chez les équidés - La Semaine Vétérinaire n° 1936 du 15/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1936 du 15/03/2022

Médecine interne

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Marine Neveux

« La régulation de la température corporelle se fait grâce à un thermostat au niveau de l’hypothalamus », rappelle notre confrère Jean-Luc Cadoré. Par exemple, si l’organisme lui-même ressent le froid, il va avoir des frissons pour augmenter sa température par rapport à ce thermostat hypothalamique. Son dérèglement entraîne le développement d’une vraie fièvre et ce sont les substances pyrétogènes (endogènes ou exogènes) qui déclenchent l’augmentation de la température.

Les causes de la fièvre sont toutes les situations pathologiques au cours desquelles il y a libération et fabrication de ces substances.

Ils proviennent de micro-organismes, les plus étudiés jusqu’à maintenant étant les lipopolysaccharides (LPS), des endotoxines produites par les bactéries à Gram négatif. Mais celles à Gram positif peuvent aussi fabriquer des substances pyrétogènes (entérotoxines, toxines de staphylococcies ou toxines du streptocoque), rappelle notre confrère. Ces pyrétogènes exogènes ont une action directe sur le thermostat hypothalamique, mais peuvent également activer des pyrétogènes endogènes.

Ils sont produits par les leucocytes et correspondent globalement aux cytokines, les plus importantes étant IL-1 (interleukine-1), TNF alpha (tumor necrosis factor alpha), LT alpha (lymphotoxine alpha), IFN (interférons), IL-6 (interleukine-6) et IL-18 (interleukine-18). Toutes ces cytokines sont formées notamment par des cellules monocytaires, mais aussi par des cellules épithéliales, endothéliales et fibroblastiques. Ceci signifie qu’il peut y avoir une toile de fond infectieuse à la fièvre, mais qu’elle peut aussi être strictement inflammatoire, rappelle Jean-Luc Cadoré. Les situations de stress cellulaire (complexes immuns, radiations ionisantes, brûlures, production de cytokines…) peuvent être à l’origine de la fabrication de pyrétogènes endogènes. Un grand nombre de pathologies non infectieuses peuvent donc entraîner une hyperthermie.

L’apparition d’un syndrome fébrile peut également être expliquée par une altération d’un organe (foie, endothélium, épithélium…) ou même du système nerveux central.

Les données de la littérature concernant les normes usuelles de la température d’un cheval (qui varie, selon les publications, de 37,2 à 38,2/38,5 °C) sont difficiles à trouver.

La mesure correcte de la température nécessite que la pointe du thermomètre soit positionnée contre la muqueuse rectale et non au milieu des crottins. De plus, il ne faut pas l’effectuer immédiatement après un exercice physique.

Dans le cas d’une suspicion d’augmentation de la température corporelle, l’apparition de signes comme l’abattement, la dysorexie ou la fatigue, qui constituent le cortège fébrile, permettent de confirmer la fièvre.

Face à une fièvre isolée, il faudra réitérer les mesures, en attendant éventuellement des symptômes, afin de déterminer la courbe de température. Lors d’une infection grippale, par exemple, il n’est pas rare de constater trois phases : un grand pic, un retour à la normale puis un second pic. Il existe de nombreux termes pour qualifier une fièvre, qu’elle soit continue ou discontinue (voir encadré).

Il est à noter que si le diagnostic d’une hyperthermie s’oriente vers une maladie vectorielle, il faut déterminer le vecteur (Dermacentor reticulatus, Ixodes ricinus,…), mais aussi l’agent pathogène (Babesia caballa, Theileria equi, Anaplasma phagocytophilum ou Borrelia burgdorferi). Il serait intéressant, en équine, d’avoir une idée plus précise de la distribution des vecteurs sur le territoire français.

Les différentes courbes thermiques

Fièvre continue

- Début brutal et défervescence lente

- Début et défervescence brutaux

- Clocher thermique

Fièvre discontinue

- Ondulante ou cyclique

- Récurrente, intermittente

- Rémittente

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