PLAN DE RENFORCEMENT DES ENVF : UNE DÉCISION ET DES MOYENS SUFFISANTS ? - La Semaine Vétérinaire n° 1935 du 08/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1935 du 08/03/2022

EXPRESSION

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHANTAL BÉRAUD

Ce plan vise à renforcer les capacités d’accueil des écoles face à un besoin croissant en vétérinaires sur le marché de l’emploi. Des promotions de 200 étudiants au lieu de 160 sont visées d’ici 10 ans, associées au recrutement de 180 enseignants-encadrants supplémentaires.

VANESSA LOUZIER (A96)

Enseignante à VetAgro Sup et présidente de la Fédération des syndicats des enseignants des écoles vétérinaires

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Oui à davantage d’étudiants, mais avec plus de moyens !

Les postes débloqués fin 2021 sont censés correspondre à la fois à un rattrapage du manque d’effectifs passé et à une anticipation des besoins nécessaires à l’encadrement de plus d’étudiants. Nous regrettons cependant l’absence de visibilité et d’un plan pluriannuel sur la période courant de 2023 à 2025. Et seule une partie des postes accordés sont sous le statut de fonctionnaire, les autres étant sous celui, moins rémunérateur, d’agent contractuel. Aucun poste de soutien technique ou administratif n’est prévu. Enfin, comme les ENVF doivent désormais rester ouvertes pendant la période estivale, il manque 2/12e de personnel correspondant dans leur calcul… En définitive, nous craignons que le plan annoncé soit insuffisant, notamment pour maintenir nos accréditations européennes. Conséquemment, concernant l’attractivité de l’emploi dans les ENVF, certains enseignants-chercheurs ou praticiens hospitaliers préféreront peut-être se faire embaucher par d’autres structures vétérinaires, voire peut-être par une éventuelle future école privée ?

BRUNO POLACK (A80)

Enseignant à l’EnvA et représentant au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche agricole, agroalimentaire et vétérinaire (CNESERAAV - Snetap-FSU)

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Une évolution positive, à poursuivre

Depuis 2012, l’augmentation de 35 % du nombre d’étudiants s’est faite à effectif de fonctionnaire constant. C’est donc la première fois depuis longtemps que le ministère semble être à notre écoute ! Néanmoins, nous n’avons aucune assurance sur l’évolution des années à venir… Ceci dit, les ENVF, soumises à une évaluation européenne, devront continuer à respecter certains critères d’encadrement quantitatifs pour conserver l’accréditation A3EV, qui joue donc un rôle important de régulateur. Ce renforcement est aussi nécessaire pour accompagner toutes les évolutions des écoles. Par exemple, les CHUV sont devenus des centres de soins où se déroulent de l’enseignement et de la recherche avec pour objectif de respecter l’obligation de continuité des soins, ce qui nécessite des moyens… Il faudra également réfléchir à l’évolution de leur parc immobilier. En effet, si à Alfort les salles de TD rénovées peuvent accueillir 40 étudiants et les amphis 200, ce n’est pas le cas partout ailleurs. Je suis donc dans un état d’esprit positif, mais très vigilant pour notre futur.

LAURENT PERRIN (L84)

Président du Syndicat national des vétérinaires d’exercice libéral (SNVEL)

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Le SNVEL : très attentif à la tenue des promesses

On peut toujours estimer que quels que soient les moyens mis à disposition, ils sont insuffisants. La prise en compte de la nécessité d’augmenter les effectifs est une avancée et cela ne pouvait se faire sans accorder les moyens de maintenir la haute qualité de l’enseignement vétérinaire public. Une partie du plan permet de rectifier cet oubli avéré lors des dernières augmentations d’effectifs, le reste doit permettre d’atteindre l’actuel objectif de 800 diplômés par an. Certes, cet objectif à horizon de dix ans ne permettra de combler qu’une partie du déficit ressenti sur le front du recrutement. Mais il s’inscrit dans un cadre européen où il est nécessaire de trouver l’équilibre entre réduire notre dépendance à la formation dans le reste de l’Union européenne et ouvrir, au risque d’avoir une pléthore de diplôme (même si on peut penser que nous en sommes loin…). Ce plan étant sur dix ans, le SNVEL sera très attentif à ce que les promesses soient toutes tenues. Pour pallier les difficultés de recrutement, il faut en effet agir à la fois sur le nombre de diplômés mais également améliorer l’attractivité du métier afin de les garder en activité.

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