Boiteries des vaches laitières au pâturage : facteurs de risque - La Semaine Vétérinaire n° 1934 du 01/03/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1934 du 01/03/2022

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Céline Gaillard-Lardy

En élevage laitier pratiquant le pâturage, les risques d’apparition de boiteries peuvent être limités grâce à un entretien régulier des zones de passage et à la mise en place d’aménagements, notamment là où la circulation des animaux s’avère difficile.

Les boiteries sont un problème récurrent en élevage laitier, avec des conséquences sur le bien-être des animaux et un impact financier important. Elles sont considérées comme l’une des trois pathologies les plus coûteuses en raison de la baisse de production, de la diminution de la fertilité, du coût des traitements ou de la réforme. En zéro pâturage, les facteurs de risques d’apparition de boiteries, objectivés par de nombreuses études, dépendent essentiellement des conditions de logement et de l’état des animaux (note d’état corporel, taille des onglons…). Dans un système mixte (pâturage une partie de l’année et l’autre en stabulation), les vaches sont exposées aux facteurs de risque des deux systèmes. Les maladies non infectieuses (maladie de la ligne blanche et hémorragies de la sole) sont les affections les plus courantes, alors que les lésions infectieuses (dermatite digitée) sont plus fréquentes en zéro pâturage.

Une étude irlandaise récente1 a cherché à identifier les facteurs de risque de boiteries à l’échelle du troupeau et à l’échelle de la vache. Elle incluait 102 élevages laitiers irlandais comprenant entre 30 et 250 vaches pratiquant le pâturage et les vêlages de printemps.

Au niveau de l’élevage, il est apparu que la prévalence des boiteries diminue avec la taille du troupeau. Les auteurs expliquent ce résultat par une meilleure conduite d’élevage et une meilleure qualité des équipements.

L’incidence des boiteries est également réduite lorsque les vaches ont une plus longue distance pour tourner dans le virage en sortie de la salle de traite. En effet, les forces de cisaillement sur le sabot sont très importantes lorsque les vaches tournent brusquement, ce qui favorise l’apparition de maladie de la ligne blanche. Des virages serrés sont également susceptibles de gêner la circulation des animaux, poussant les vaches à la bousculade. D’autre part, la présence de caillebottis en béton en sortie de parc d’attente augmente également le risque. En effet, ils sont plus glissants que les sols béton et créent aussi de mauvaises répartitions du poids sur les onglons. Dans ces deux cas, l’installation de tapis en caoutchouc pourrait améliorer le flux des vaches et réduire les traumatismes.

Les boiteries sont également favorisées par la présence de pierres, notamment à l’entrée du pâturage. En effet, cet endroit forme souvent un goulot d’étranglement se transformant une zone de piétinement, dans laquelle les vaches ne peuvent éviter les cailloux. Ces derniers, en pénétrant dans la corne, génèrent des forces de cisaillement, voire une séparation de la ligne blanche.

À l’échelle de la vache, le risque de boiterie est essentiellement lié à son âge. Selon cette étude, pour une vache donnée, le risque de boiterie augmente de 20 % chaque année. En effet, le temps entraîne des changements fonctionnels dans l’anatomie du pied. De plus, le fait d’avoir souffert de lésions podales par le passé, ce qui est d’autant plus fréquent que la vache avance en âge, augmente le risque d’en développer de nouvelles. Cependant, la détection précoce des boiteries, la prévention et le traitement efficace des animaux atteints peut minimiser l’effet délétère de l’âge.

  • 1. Browne N., Hudson C.D., Crossley R.E. et coll. Cow and herd-level risk factors for lameness in partly housed pasture-based dairy cows. J. Dairy Sci. 2022. 105 (2).
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