Prévenir le burn out - La Semaine Vétérinaire n° 1932 du 15/02/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1932 du 15/02/2022

Développement personnel

ENTREPRISE

Auteur(s) : Par Françoise Sigot

Surcharge de travail, contraintes administratives, difficultés de recrutement, tension avec les clients…, les sources de stress sont nombreuses dans le cadre de l’exercice vétérinaire. Les repérer et mieux s’organiser pour les prévenir permet d’éviter le burn out.

C’est peut-être parce qu’il était à l’origine une maladie des soignants et des aidants que le burn out trouve un terreau favorable dans les rangs des vétérinaires. Ceux qui en souffrent ne porteront certainement guère attention à la genèse de l’histoire, trop occupés à combattre ce mal qui les ronge. « Nous voyons effectivement de plus en plus de vétérinaires touchés par un burn out », constate le Dr Artagnan Zilber, membre de Vétos-Entraide. Souvent insidieux et pas toujours repéré, le phénomène peut toucher tous les praticiens, des jeunes vétérinaires aux plus capés. En effet, tous sont soumis à de multiples facteurs de stress. Pour autant, si celui-ci peut effectivement engendré un mal-être, il ne conduit pas toujours à des situations extrêmes. S’il s’agit d’un passage transitoire, il est même plutôt de nature à dynamiser les performances. C’est donc l’excès qui doit être repéré. Et en la matière, la tâche n’est pas aisée.

Du surcroît de travail aux relations difficiles avec les clients en passant par une mauvaise ambiance dans une équipe, le stress peut être généré par de nombreuses situations. « Ces facteurs sont différents selon que l’on est un jeune vétérinaire tout juste installé ou un vétérinaire en activité depuis plus longtemps. Chez les premiers, on note souvent l’inquiétude de ne pas réussir à réaliser les gestes techniques. Chez les seconds, la charge de travail, les tracas administratifs, les relations avec la clientèle sont les causes les plus fréquentes », indique le Dr Artagnan Zilber. Bien évidemment, la vie personnelle influe également sur le déclenchement d’un burn out. Mis bout à bout, tous ces éléments mettent à mal aussi bien la santé physique que mentale et peuvent conduire à une sensation d’impasse. Fort heureusement, même si le stress s’installe et conduit au burn out, nombre de vétérinaires parviennent à se sortir de cette mauvaise passe, mais mieux vaut agir en amont.

L’objectif est de parvenir à identifier les causes susceptibles de laisser la tension s’installer et devenir malsaine. Ce n'est pas toujours facile lorsque l’on est pris dans le quotidien, d’autant plus que les signes d’alerte ne sont pas systématiquement les mêmes en fonction des personnalités. Certains seront capables de supporter des déséquilibres plus longtemps que d’autres. C’est pourquoi les conséquences doivent être considérées en fonction de chaque individu et non au regard d’un prisme général. Reste toutefois que quelques signaux semblent récurrents, parmi lesquels une accélération du rythme cardiaque, des tensions musculaires, des troubles du sommeil ou de l’appétit, mais aussi des difficultés de concentration, de la mauvaise humeur ou de l’anxiété. « La perte de l’estime de soi est un signe souvent commun aux situations de burn out », estime le Dr Zilber.  La survenue et l’installation de ces maux sont souvent liés à des situations elles aussi communes. « Nous notons certaines périodes charnières. Par exemple, chez les jeunes, la première année d’activité voire la deuxième sont souvent des temps où le stress est important », commentent les Dr Pauline Gauthier et Marie Dunand de Vet'side. La surcharge de travail récurrente au même titre qu’une mauvaise ambiance au sein d'une équipe en clinique sont aussi des situations qui ne doivent pas être prises à la légère.

Si l’identification des facteurs de stress susceptibles de conduire au burn out constitue une première étape, elle est loin d’être suffisante. La prise de conscience doit en effet s’accompagner de mesures de correction, sous peine de ne pas servir à grand-chose. Il s’agit donc d’agir rapidement et doublement, à la fois pour prévenir les situations générant du stress et, lorsqu'elles surviennent, en limiter les conséquences. Il est impératif de travailler sur soi et, de façon plus globale, sur l’organisation générale afin de corriger les dysfonctionnements. Pour relever ces défis, la clé réside dans le dialogue. Avec l’équipe, si l’ambiance de travail n’est pas satisfaisante, avec ses associés si le partage des tâches n’est pas équitable, avec ses clients si les tensions se multiplient, avec ses fournisseurs ou d’autres parties prenantes de la vie de la clinique si les problèmes se multiplient. En interrogeant chacun sur son ressenti et en partageant sa propre analyse de la ou des situations, les bases seront jetées pour agir. Là aussi, les solutions viennent souvent du collectif, encore faut-il être capable de se mettre en posture d’écoute et d’échange.

En la matière, la recette universelle n’existe pas. « Il est important de libérer sa parole face à une situation de stress et de burn out », conseillent toutefois les vétérinaires fondatrices de Vet'side. En général, chacun parvient à trouver les solutions qui lui permettront de remonter la pente. « Lorsque les vétérinaires nous sollicitent, nous ne cherchons pas à leur donner des conseils mais à les accompagner dans la prise de conscience de ce qui les a conduits à cette situation de burn out. Pour cela, parler est essentiel », explique le Dr Zilber. Vient ensuite le temps d’oser mettre en place des changements. L’objectif est de trouver les outils qui parviendront à soulager le vétérinaire, sans nécessairement se fier à des programmes tout tracés. Reste que bien souvent, agir sur l’organisation globale doit s'accompagner d'une action sur le plan personnel. Sur ce dernier point, il s'agit majoritairement de retrouver le sens des priorités afin de mieux séquencer ses journées entre ce qui relève de l’urgence et des missions importantes et ce qui peut être différé. Il en va de même avec ce qui doit impérativement être réalisé seul et ce qui peut être délégué à d’autres collaborateurs de l’équipe.

Même si les causes et les remèdes au burn out dépendent en grande partie de facteurs personnels, il est important de les partager avec d’autres, hors de son environnement familial et professionnel direct. Plusieurs structures d’accueil, d’écoute et de conseil spécifiques à l’exercice du métier de vétérinaire existent. Vétos-Entraide et Vet'side en font partie, au même titre que des blogs ou des groupes de paroles animés par des vétérinaires qui ont connus le stress poussé à l’extrême et le burn out.

Facteurs de risque et signes d'alerte

Les facteurs de risque

Une surcharge de travail 

Des tensions entre collègues 

Des disparités au sein de l'entreprise 

Des objectifs inatteignables ou confus 

L’insécurité de l’emploi

Les signes qui doivent alerter

Le manque d’enthousiasme

L’épuisement

Le manque de performance

Les troubles du sommeil

L'anxiété

L'irritabilité

Les maux de dos ou de tête

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