Chimiothérapie : quels effets secondaires ? - La Semaine Vétérinaire n° 1931 du 08/02/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1931 du 08/02/2022

Cancérologie

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Mylène Panizo

Conférencier

Joaquim Henriques, responsable du service d’oncologie au centre hospitalier vétérinaire Frégis (94).

Article rédigé d’après une webconférence organisée par le CHV Frégis (Arcueil, Val-de-Marne) le 8 septembre 2021.

Les propriétaires d’animaux de compagnie ont souvent une fausse image de la chimiothérapie. Ils l’assimilent en effet à celle utilisée en oncologie humaine et donc aux effets secondaires les plus connus (perte de cheveux, toxicité digestive grave, syndrome dépressif, fatigue, etc.).

La plupart du temps, les effets secondaires chez les animaux sont temporaires, légers à modérés, et présentent des différences avec ceux constatés en médecine humaine. Néanmoins, il est important de les connaître, afin de pouvoir les anticiper, les identifier et les prendre en charge.

La chimiothérapie désigne un traitement d’un cancer par des substances chimiques qui tuent ou empêchent la multiplication des cellules cancéreuses. La réponse et la tolérance aux molécules utilisées sont variables selon l’individu et le type de tumeur. Avant d’entreprendre un protocole de chimiothérapie, il est important de prendre en considération les éléments suivants :

- Les objectifs et les attentes du propriétaire, ainsi que son cadre de vie (présence d’enfants, budget, etc.) ;

- Le type et le stade de la tumeur (s’assurer que la chimiothérapie est la meilleure solution pour l’animal, en se basant sur les principes de la médecine fondée sur les preuves) ;

- L’état clinique du patient (un chien anorexique ou anémique au moment de sa chimiothérapie risque de développer davantage d’effets secondaires) ;

- Les comorbidités éventuelles de l’animal (elles peuvent augmenter le risque d’effets secondaires, ou contre-indiquer un protocole de chimiothérapie) ;

- Le passé médical du patient ;

- Les traitements en cours ;

- Le statut lié à la mutation du gène MDR1 (MultiDrug Resistance) : elle conduit à une neurotoxicité de certaines molécules utilisées en chimiothérapie. Les alcaloïdes (vinblastine, vincristine), le mitoxantrone, la doxorubicine, l’épirubicine sont à éviter chez les chiens qui présentent la mutation.

Les connaissances et l’expérience du vétérinaire sont déterminantes pour la réussite d’une chimiothérapie. L’objectif principal est de ne pas nuire à l’animal et de maintenir une bonne qualité de vie au cours du traitement. Il est nécessaire de bien informer le propriétaire sur les principes de la chimiothérapie et les effets secondaires éventuels.

C’est l’association entre les signes cliniques et les commémoratifs (type de tumeur, protocole de chimiothérapie, date de la dernière séance, existence de comorbidités ou d’autres traitements, etc.) qui permet de conclure à la survenue d’un effet secondaire.

Il est nécessaire de différencier un effet secondaire de la chimiothérapie d’un symptôme dû à un syndrome paranéoplasique (par exemple une hypercalcémie dans un contexte d’adénocarcinomes des glandes apocrines des sacs anaux chez le chien), ou dû à une comorbidité (par exemple une pancréatite chronique peut provoquer de l’anorexie et des vomissements).

Au cours d’un protocole de chimiothérapie, il est conseillé de réaliser un bilan hémato-biochimique. Un guide de référence1, regroupant toutes les informations concernant les effets secondaires de la chimiothérapie chez les chiens et les chats, a été actualisé en 2021. Une classification en cinq grades est proposée par le consensus (voir tableau 1). Les effets secondaires graves restent très rares (moins de 5% des cas) mais ils sont à prendre en charge très rapidement (voir tableau 2). Les effets secondaires modérés les plus fréquents sont résumés dans le tableau 3.

Afin de minimiser l’apparition des effets secondaires, il est nécessaire de respecter les protocoles de sécurité (stockage, manipulation et administration du produit), de mettre en place une voie veineuse propre et fonctionnelle, de respecter la vélocité de l’administration et de surveiller l’animal pendant et après sa chimiothérapie.

  • 1. A K LeBlanc, M Atherton, R Timothy Bentley, et al. Veterinary cooperative oncology group-common terminology criteria for adverse events (VCOG-CTCAE v2) following investigational therapy in dogs and cats. Vet Comp Oncol. 2021 Jun;19(2):311-352.
  • Autres sources
  • - J L Bisson, D J Argyle, S A Argyle. Antibiotic prophylaxis in veterinary cancer chemotherapy: A review and recommendations. Vet Comp Oncol. 2018 Sep;16(3):301-310.
  • - J L Bisson, Q Fournier, E Johnston, et al. Evaluation of a 0.75 × 10 9 /L absolute neutrophil count cut-off for antimicrobial prophylaxis in canine cancer chemotherapy patients. Vet Comp Oncol. 2020 Sep;18(3):258-268.
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