Pancytopénie néonatale bovine et traitements administrés à la mère - La Semaine Vétérinaire n° 1930 du 01/02/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1930 du 01/02/2022

Pharmacovigilance

PHARMACIE

Auteur(s) : Céline Gaillard-Lardy

Plusieurs cas de pancytopénie néonatale bovine ont été signalés aux Pays-Bas et en Belgique. En raison de la possibilité d’effets indésirables liés à un médicament, l’Anses appelle les vétérinaires à signaler tout cas dans le cadre de la pharmacovigilance.

L’Anses appelle les praticiens à la vigilance, à la suite de l’apparition de nouveaux cas de pancytopénie néonatale bovine (PNB) en Belgique et aux Pays-Bas depuis 2020. Ces cas pourraient être d’origine médicamenteuse. En effet, la faculté de médecine vétérinaire de Gand a étudié deux de ces cas et a mis en évidence des anticorps alloréactifs à la fois chez les veaux et chez les vaches. Pour l’instant, aucun cas n’est à déplorer en France. Si l’origine de ces affections est encore indéterminée, la vaccination des vaches est fortement suspectée.

En effet, un précédent épisode avait déjà été constaté en Europe, entre 2007 et 2014. Il avait conduit au retrait du vaccin Pregsure BVD, l’association entre l’administration de colostrum de vaches vaccinées avec ce produit et la maladie chez les veaux ayant été démontrée. Des travaux avaient alors permis d’identifier les mécanismes responsables de la PNB, reposant sur la transmission au veau, via le colostrum, d’anticorps alloréactifs spécifiques de certains épitopes du complexe majeur d’histocompatibilité de classe I (CMH1), qui provoquent une disparition rapide, et dans certains cas non réversible, des plaquettes et de certains leucocytes exprimant ces molécules. 

Cependant, le nombre de cas rapportés étant relativement faible comparé au nombre de vaches vaccinées, d’autres facteurs seraient susceptibles de contribuer au développement de la maladie. Pour autant, le vaccin en cause avait été suspendu en 2010, mais des cas de PNB ont encore été rapportés jusqu’en 2014, les antigènes fœtaux exprimés au cours des gestations ultérieures étant susceptibles d’engendrer la persistance de ces allo-anticorps.

La pancytopénie néonatale bovine est une maladie rare des jeunes bovins, au pronostic sombre. Elle se manifeste par des hémorragies externes ou internes, associée à une thrombocytopénie, à une leucopénie et à une aplasie médullaire chez des veaux âgés de moins d’un mois. Les causes peuvent être infectieuses, et notamment virales (BVD, blue tongue, maladie hémorragique épizootique ou EHD). Elle peut également faire suite à l’ingestion de toxiques, comme la fougère aigle, la furazolidone, les antivitamines K, le dichlorovinyl-cystéine ou les mycotoxines. Des origines immunitaires et génétiques ont aussi été décrites.

Pour l’heure, aucun cas de PNB n’a été rapporté en France. Toutefois, l’agence nationale du médicament vétérinaire invite les praticiens à signaler, dans le cadre de la pharmacovigilance, tout cas suspect, « afin de pouvoir déterminer si un médicament vétérinaire joue un rôle dans l’apparition de ces cas », précise-t-elle. Pour cela, l'ANMV rappelle qu'il est important d’inclure un maximum d’informations, tels que les résultats d’analyse sanguine et/ou de moelle osseuse permettant de documenter la PNB, la confirmation que toutes les autres hypothèses, infectieuses et toxiques, ont été exclues, l’historique vaccinal de la mère ou de la donneuse de colostrum, les traitements administrés au veau, ainsi que d’éventuelles analyses concernant les allo-anticorps. 

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