Hyperoestrogénisme : penser aux substituts hormonaux humains - La Semaine Vétérinaire n° 1930 du 01/02/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1930 du 01/02/2022

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PHARMACIE

Auteur(s) : Céline Gaillard-Lardy

Face aux effets indésirables des substituts hormonaux humains, l’Anses souhaite encourager les vétérinaires à déclarer toute suspicion entrant dans ce cadre, afin de mieux évaluer les risques inhérents à l’usage de ces médicaments pour les animaux de compagnie.

Plusieurs cas d’hyperoestrogénisme, dus à des traitements topiques hormonaux des propriétaires, ont été décrits chez des chiens de petit format, des chats, chiots et chatons dans toute l’Europe, grâce à une enquête initiée par l’agence suédoise du médicament vétérinaire.

Les traitements en cause sont généralement des sprays ou des gels à base d’oestrogènes, utilisés pour contrer les effets indésirables de la ménopause. Ces produits sont appliqués sur des zones susceptibles d’entrer en contact avec leurs animaux de compagnie (cuisses, ventre, bras). Un exposition indirecte, par l’intermédiaire de draps ou de vêtements, est également possible.

Cet hyperoestrogénisme peut se manifester sous la forme d’une hyperplasie mammaire ou vulvaire chez les femelles ou de cryptorchidie chez certains chiots. Il est également à l’origine de signes cutanés, notamment l’apparition d’une alopécie, essentiellement localisée au niveau des épaules, des cuisses, mais également de la face ventrale du thorax et de l’abdomen, associée parfois à une hyperpigmentation de la peau. Des effets sur la reproduction, et notamment la baisse de la qualité du sperme, ont été décrits chez un chien, sans modification notable de la concentration sanguine en oestrogènes. Une exposition, même minime, est donc susceptible d’avoir des conséquences délétères.

Enfin, des cas de syndrome de rémanence ovarienne ainsi qu’un cas de pyomètre localisé au niveau du moignon d’utérus résiduel chez une chienne ovariohystérectomisée ont été rapportés. De plus, l’exposition chronique de la moelle osseuse à des oestrogènes de synthèse pourrait également entraîner une érythroblastopénie toxique se caractérisant par une anémie non régénérative, pouvant évoluer vers une pancytopénie, potentiellement fatale. Le délai d’apparition des symptômes reste variable, allant de quelques semaines à plusieurs années. Les signes s’atténuent généralement, voire disparaissent, suite à l’arrêt de l’exposition aux hormones.

Bien que ces effets indésirables soient peu documentés en France, qui fait un usage limité de ces produits comparativement à ses voisins, toute manifestation d’hyperoestrogénisme chez un animal doit faire suspecter l’usage de tels substituts hormonaux, et le diagnostic différentiel doit donc inclure la possibilité d’une exposition à ces produits, rappelle l’Anses.

Si cette hypothèse est confirmée, des précautions d’emploi doivent être rappelées aux propriétaires et notamment, le lavage des mains après l’application du produit et la couverture des zones traitées avec un vêtement. Il est également déconseillé de dormir avec son animal. En cas de contact direct de l’animal avec une zone traitée, il faut l'empêcher de se lécher et rincer à l’eau les surfaces corporelles sur lesquelles le médicament a pu être transféré.

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