FORMATION MIXTE
Auteur(s) : Clothilde Barde Article rédigé d'après la présentation faite par Miranda Millérioux (vétérinaire, société nutree.vet) à l'occasion des JNGTV 2021, qui se sont tenues à Tours du 20 au 22 octobre 2021.
Même si, à l'occasion de l'agnelage, le vétérinaire intervient généralement pour des problèmes médicaux ou de performance des animaux, il peut également jouer un rôle de conseil lors de la préparation à la mise-bas. C'est pourquoi la conférencière a proposé, malgré la grande variété de productions ovines, une trame d’actions communes à mettre en place pour préparer la mise-bas dans les troupeaux d'ovins.
Ainsi, la préparation à l’agnelage peut se faire en trois grandes étapes, dont la première consiste à fixer une date de début de protocole raisonnée. Officiellement, la préparation à l’agnelage commence deux mois avant la mise-bas1, 2, 3, 4. Cependant, comme le note la conférencière, l’ajustement nutritionnel doit être plus précoce lorsque l'animal en a besoin de manière intrinsèque4, 5, si la note d'état corporel (NEC) des futures mères est insuffisante, chez les primipares en croissance, lors de gestations multiples et dans les troupeaux hautement productifs (laitiers ou allaitants avec trois agnelages en deux ans). Le facteur climatique est également à prendre en considération. Lorsque le THI (Index Température Humidité 6) dépasse 70 (par exemple >24°C avec une humidité de 50%) 2, il faut anticiper voire renforcer la préparation à la mise-bas pour compenser la diminution d’ingestion ; de même lors de température ambiante froide, car les dépenses dues à la thermogenèse augmentent alors 4. De manière générale, il faut se souvenir que la reprise d’état, lorsqu’elle est nécessaire, doit être entreprise précocement car elle devient difficile en fin de gestation, du fait de l’encombrement abdominal ainsi que des nouveaux équilibres hormonaux3. Comme l'a ajouté la conférencière, si l’on reprend la chronologie de la gestation d’un point de vue nutritionnel, lors du premier mois, une sur- ou sous-alimentation nuit à l’implantation embryonnaire. En effet, cela modifie les sécrétions oviducales et utérines ainsi que les profils hormonaux1, 2. Les deuxième et troisième mois sont, quant à eux, favorables à un rattrapage de NEC. Ils permettent de réaliser un ajustement nutritionnel précoce avant l’entrée en préparation à l’agnelage2, 3, 4, dont le développement placentaire bénéficie7, 8.
Le protocole défini peut ensuite être présenté à l’éleveur pour préparer les animaux, la ration, le binôme installations-environnement ainsi que pour définir les pratiques d’élevage. Comme l'a conseillé la conférencière, ce schéma peut être présenté lors d’une visite d’élevage ou lors d’une formation destinée aux éleveurs, puis, les années suivantes, sous forme de rappel par courrier ou mail. Le vétérinaire devra ensuite rechercher les « failles » dans la réalisation du protocole. Cette étape permettra de mettre en avant l'importance de son rôle de conseiller en élevage. À cet égard, selon la conférencière, il n'est pas forcément nécessaire de calculer la ration car de nombreux techniciens ou technico-commerciaux le font déjà sur le terrain tous les jours. "Avant de vouloir rendre ses propres rations, je pense qu’il est important de savoir analyser qualitativement les rations pour éliminer les principaux risques de sous-valorisation (ingestion, ordre et fractionnement, ratio concentré/fibre, % amidon + sucre…) mais il est également important d'établir un diagnostic pour chiffrer les effets de la ration (notation des animaux, profils métaboliques, résultats zootechniques et sanitaires). En maîtrisant « juste » ces deux aspects, on peut faire un excellent travail sur le terrain", ajoute-elle. Par la suite, pour les praticiens équipés d’un logiciel de rationnement, il est possible de vérifier les rations qui existent déjà et de proposer alors les grandes lignes de changement. Enfin, avec l'expérience, le vétérinaire peut calculer des rations (et en assumer les conséquences). Le protocole de préparation à l’agnelage repose donc sur trois piliers : " commencer à temps, ne rien oublier et détecter les facteurs de sous-valorisation." Ces différents points sont réalisés en détail lors d’une « première grande visite de mise en place », avant d'être contrôlés lors d’une visite de contrôle pré-partum.