La crise du Covid va faire s’envoler les prix du petfood - La Semaine Vétérinaire n° 1928 du 18/01/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1928 du 18/01/2022

Alimentation

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Charlotte Devaux

En décembre dernier, la Facco envoyait un communiqué sur l’explosion du coût des matières premières en petfood. Quelles conséquences pour la filière et les consommateurs finaux ?

La Facco1 alertait en décembre dernier sur la hausse du prix des matières premières et les difficultés d’approvisionnement auxquelles les industriels sont confrontés. De quoi inquiéter quant à une éventuelle pénurie de petfood, dans un contexte d’augmentation de la demande. « Il n’y aura pas de pénurie », répondent d’une même voix Isabelle Leriche, vétérinaire directrice technique chez Virbac Nutrition, et Jean-Charles Duquesne, vétérinaire directeur de l’usine La Normandise. Pour Isabelle Leriche, c’est plutôt la sortie du confinement en mai 2020 qui avait été marquée par des pénuries de matières premières, provoquant des ruptures produit et la nécessité de reformuler : « Cette année, c’est différent, les matières premières sont disponibles mais les prix se sont envolés. »

Jean–Charles Duquesne, de son côté, précise que ce sont « les protéines animales qui ont subi une augmentation entre 4% et 100% ». La baisse de consommation de viande dans la filière humaine, donc la diminution de produits disponibles pour le petfood, a provoqué une raréfaction des produits et donc une augmentation des prix. Certaines marques basées sur de la volaille ont connu des pénuries, notamment en canard, à cause des abattages massifs liés à la grippe aviaire.

Mais les produits animaux ne sont pas les seuls à avoir vu leur prix s’envoler. Les céréales sont concernées aussi, car le prix des engrais et des semences a augmenté. L’aluminium, qui provient de Chine, a aussi essuyé une hausse de 22%, ce qui a eu un fort impact sur les gammes humides ayant recours à ce matériau pour l’emballage. Charlotte Greff, ingénieure agronome travaillant pour le site de vente en ligne Nourrir comme la nature, explique que « certaines gammes d’humide premier prix ont arrêté leur conditionnement de 800 g car le prix de l’emballage devenait trop élevé ». Les sites de e-commerce font aussi face à la pénurie de carton et aux délais d’impression de trois à cinq mois pour les étiquettes. Ces augmentations se répercutent en chaîne jusqu’au client final, mais avec un peu de délai : c’est au premier semestre 2022 que le prix du petfood devrait s’envoler pour les propriétaires.

Le marché du petfood est un marché en croissance, ce que confirme Charlotte Greff : « Toutes les usines avec lesquelles nous travaillons sont en train de s’agrandir. » Tant que la filière viande poursuit son ascension, favorisée par l’augmentation de la consommation de produits carnés dans les pays en développement, le petfood trouvera des coproduits. Mais est-ce vraiment une stratégie durable ? Comme l’aurait dit l’économiste Kenneth Boulding, « celui qui croit à une croissance exponentielle infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste ». Pour l’instant, les économistes se frottent les mains : les prix ne font qu’augmenter à l’instar du nombre d’animaux. Mais certaines, comme Charlotte Greff, s’inquiètent :  « À quand le point de rupture ? »

  • 1. Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chat, oiseaux et autres animaux familiers
Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr