Un cas de sténose nasopharyngée chez un chat - La Semaine Vétérinaire n° 1927 du 11/01/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1927 du 11/01/2022

Pathologie respiratoire

FORMATION CANINE

Auteur(s) : Marion Guichard, Boland Laetitia (diplomate ECVS), praticiennes au CHV Nordvet (La Madeleine, Nord)

Anamnèse et examen clinique

Un chat mâle castré de 3 ans de type européen est présenté pour une consultation spécialisée suite à une intolérance à l’effort évoluant depuis plusieurs semaines. À l’examen clinique, l’animal est alerte sans altération de son état général. L’auscultation cardio-respiratoire met en évidence une dyspnée inspiratoire associée à un stertor, sans jetage rapporté. Compte tenu de l’anamnèse et de l’examen clinique, une affection des voies respiratoires supérieures est suspectée en première hypothèse.

Diagnostic

L’analyse sanguine ne montre aucune anomalie significative. Des radiographiques de la région cervicale crâniale sont réalisées et mettent en évidence une membrane d’opacité tissulaire au niveau du nasopharynx, à l’extrémité caudale du palais mou (voir photo 1). Dans un second temps, un examen rhinoscopique rétrograde et un scanner sont entrepris pour confirmer la présence de cette membrane (voir photos 2 et 3).

Traitement

Le traitement est chirurgical : une palatoplastie du palais mou par abord oral est réalisée. Elle consiste à réséquer la partie caudale du palais mou en incluant la membrane. Un contrôle radiographique post-opératoire est réalisé (voir photo 4), et permet de noter l’absence de la portion caudale du palais mou ainsi que de la membrane visualisées sur la radiographie préopératoire. Le chat sort le lendemain avec un traitement à base d’anti-inflammatoires stéroïdiens pendant 3 jours et d’amoxicilline-acide clavulanique pendant 1 semaine. Les contrôles post-opératoires à 15 jours et à 4 mois permettent de noter la résolution de l’intolérance à l’effort et du stertor.

Les différentes causes qui peuvent affecter le nasopharynx du chat sont rapportées dans le tableau ci-contre. La sténose nasopharyngée est une affection peu fréquente chez le chat et se définit comme une obstruction complète ou partielle du nasopharynx suite à la présence d’une membrane de tissu mou se situant majoritairement dans la partie caudale du nasopharynx. Elle peut être d’origine congénitale ou le plus souvent secondaire à un processus inflammatoire.  Les signes cliniques comprennent de la dyspnée inspiratoire, du stertor, des éternuements et une diminution du débit de circulation de l’air dans les cavités nasales. Les symptômes étant assez peu spécifiques, des examens d’imagerie médicale sont nécessaires pour établir un diagnostic, tels que la radiographie, la tomodensitométrie et l’endoscopie rétrograde. Ces deux derniers examens sont souvent réalisés en complément l’un de l’autre. En effet, bien que le scanner permette de visualiser les cavités nasales dans leur entièreté, il peut s’avérer difficile d’évaluer précisément la lésion si du mucus est présent dans cette zone. L’endoscopie rétrograde permet quant à elle en général de visualiser uniquement la partie caudale de la lésion.

Le traitement de la sténose nasopharyngée est chirurgical. Plusieurs techniques sont décrites, telles que la dilatation de la sténose par ballonnet, l’exérèse de la membrane, ou encore la pose d’un stent en région nasopharyngée. Toutes ces méthodes présentent un taux de récidive élevé, nécessitant fréquemment une reprise chirurgicale. Plus récemment, une étude menée sur 6 chats présentant une sténose nasopharyngée décrit une technique alternative qui vise à retirer l’entièreté de la région sténosée par exérèse de la portion caudale du palais mou situé rostralement à la sténose. Leurs suivis post-opératoires à court (2 semaines) et à long terme (6 mois) ne montrent aucune récidive. Le suivi de notre cas est similaire, sans signe de récidive à court et à long terme. Le chat est sorti le lendemain de l’opération avec une prescription d’antibiotiques et des anti-inflammatoires stéroïdiens, recommandés habituellement dans les affections du nasopharynx. En conclusion, la palatoplastie dans la gestion des sténoses nasopharyngées chez le chat est une technique chirurgicale alternative. Elle présente un faible taux de récidive.

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