Le « sans antibiotiques » gagne du terrain - La Semaine Vétérinaire n° 1926 du 04/01/2022
La Semaine Vétérinaire n° 1926 du 04/01/2022

Filière porcine

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Tanit Halfon

Le dernier congrès de l’Association française de médecine vétérinaire porcine a été l’occasion de présenter un bilan des filières porcines « sans antibiotiques ».

La démarche « sans antibiotiques » est désormais bien ancrée dans les productions animales. Dans le secteur porcin, 15% des porcs produits en France en sont issus, a-t-il été indiqué au congrès 2021 de l’Association française de médecine vétérinaire porcine, par Christine Roguet1, agro-économiste à l’Ifip-Institut du porc. Apparues au début des années 2010 à la demande de certains distributeurs, ces démarches s’inscrivent à ce jour toutes dans un cadre privé. En effet, les différents référentiels existants permettent de se démarquer des autres et d'améliorer son image de marque. Parmi eux, on distingue le « sans antibiotiques » à partir de 42 jours, et le « sans antibiotiques » depuis la naissance, la tendance des professionnels étant d’aller vers le deuxième. Une quinzaine de gammes de produits sont référencées, accolées à des distributeurs, des transformateurs, des abatteurs et des organisations de producteurs (OP), avec leurs propres cahier des charges et étiquetage. Il s'agit principalement de jambon cuit, un produit consommé par les enfants et les familles en général, donc aux attentes fortes. Aujourd’hui, le marché est considéré comme mature, et la demande satisfaite. 

Du côté des élevages, intégrer une telle démarche est avant tout motivé par des aspects économiques, les carcasses étant valorisées, et les prix sécurisés. Pouvoir redorer son image entre aussi en ligne de compte. Un audit préalable est fait, par les OP, afin de s’assurer de la capacité des éleveurs à pouvoir répondre aux exigences du cahier des charges. L’engagement se matérialise par un contrat définissant la durée (3 à 5 ans), le volume, la plus-value et les modalités de fixation du prix de base. La plus-value est en moyenne de 5 euros par porc produit, mais très variable suivant les obligations du cahier des charges et la fidélité de l’éleveur envers la coopérative. Certains éleveurs, pour bénéficier du bonus propre à chaque cahier des charges, ne traitent pas les porcs malades. L’OP est aussi soumise à un contrôle par un organisme tiers extérieur, qui va vérifier comment s’effectue la certification des éleveurs : chaque année, l’OP devra s’astreindre à contrôler 100% de ces élevages certifiés, et 10 à 20% des élevages seront soumis à un contrôle tiers aléatoire. L’ALEA (Animal level of exposure to antimicrobials) n’est pas utilisé de manière systématique pour suivre l’utilisation des antibiotiques ; d’autres indicateurs de santé comme le taux de mortalité peuvent être préférés. Face à cette hypersegmentation du marché, à la lisibilité parfois floue pour le consommateur, la question d’un cadrage par les pouvoirs publics se pose. Cela avait d’ailleurs été envisagé en 2015 avec un projet de décret d’encadrement de l’allégation « sans antibiotiques » toutes filières confondues, qui avait finalement été abandonné au profit des seules démarches privées.

Le top 3

Le numéro 1 du « sans antibiotiques » est la gamme « Bien élevés » (marque Brocéliande) de Cooperl, qui compte 350 élevages et 3 millions de porcs produits « sans antibiotiques » dont 1 million depuis la naissance (sur 6 millions). Suivi de « La Nouvelle Agriculture » de la coopérative Terrena et son groupement Porvéo, avec 60 élevages, et 200 000 porcs produits (sur 825 000). Le numéro 3 est « Engagés dans l’élevage » de la société Avril et du transformateur Fleury-Michon, avec une cinquantaine d’élevages, et 120 000 porcs produits (sur 1,9 million).

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