Des étudiants de classe préparatoire en colère - La Semaine Vétérinaire n° 1922 du 26/11/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1922 du 26/11/2021

Concours vétérinaire

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Tanit Halfon

Les places offertes par la nouvelle voie post-bac pour intégrer une école nationale vétérinaire ont été retirées à la voie A des classes préparatoires. Conséquence : une chance en moins pour les étudiants en 5/2 de classe BCPST cette année, dénonce une pétition en ligne.

En septembre 2021, 160 étudiants1 issus de la nouvelle voie de concours vétérinaire post-bac ont débuté leur première année d’études vétérinaires en école nationale vétérinaire (ENV). Ils seront rejoints l’année suivante par les étudiants issus des autres voies de concours pour former une promotion complète. Ces 160 places n’ont pas été ajoutées à celles des autres voies, mais retirées aux voies A et A-TB des classes préparatoires, sans conséquence sur la taille finale des promotions. Une réforme bien huilée ? Non, selon une pétition2 lancée par trois étudiantes 5/2 de classe préparatoire BCPST. Ces étudiantes ont débuté leur cursus en septembre 2019. Après un 1er essai raté à la session 2021 du concours, elles ont décidé de retenter leur chance une seconde fois (5/2), ce qui, somme toute, n'est pas inhabituel. Problème : avec la voie post-bac, le nombre de places à la session 2022 sera réduit de 160, passant donc de 472 places (dont 461 pour les BCPST) à environ 310. Une situation dénoncée par la pétition en ligne, qui a récolté au 17 novembre environ 3197 signatures.

Un sentiment d’injustice

« En commençant la classe préparatoire, nous n’avons pas été prévenues qu’un redoublement impliquait un tiers de places en moins pour le concours, expliquent les étudiantes. Dans notre lycée, cela a été évoqué une seule fois, l’année dernière, par un professeur. Cette communication unique était intentionnelle car selon le corps enseignant, en parler plusieurs fois n'allait pas changer la quantité de travail à fournir ». Si elles ont décidé malgré tout de retenter leur chance en 5/2 malgré la difficulté supplémentaire, pour elles, l’injustice est flagrante, d’autant plus que la classe préparatoire exige de lourds sacrifices de la part des étudiants qui la suivent. « Nous ne sommes pas opposées à la nouvelle voie post-bac, précisent-elles. Ce que nous dénonçons est un changement de règles en cours de route ». Et une décision illogique dans un contexte de tension sur le marché vétérinaire. Pour ces étudiantes, le taux de réussite3 passerait de 22,4 % (461 places offertes en 2021 sur 2055 candidats) à environ 15 % (310/2055). 

A ce stade, en plus de la pétition, les étudiantes ont envoyé des courriers au ministère de l'Agriculture ainsi qu’à l’Elysée, et prévenu aussi le député de l’Ain qui, à son tour, a sollicité la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Elles ont également pu interpeller le ministre de l’Agriculture au Sommet de l’élevage.

Une réponse limitée du ministère

Pour elles, cette réforme dans les voies du concours vétérinaire soulève aussi d’autres questions. « On peut entendre que la voie post-bac permet de diversifier les profils. Mais la classe préparatoire apprend à gérer de fortes charges de travail, et de se forger un mental d’acier. Les étudiants du post-bac n’auront peut-être pas ce mental-là, soulignent les étudiantes. Ne risque-t-on pas d’aboutir à des profils d’étudiants vétérinaires trop différents ? »

Quelle réponse du ministère à cette situation ? Pour la session 2022, 20 places supplémentaires seront exceptionnellement créées pour la voie A BCPST : il y aurait donc finalement une réduction de 140 et non plus de 160 places, ce qui ne change en réalité qu’à la marge le taux d’admission. Par voie de conséquence, on passerait à des promotions de 165 étudiants par ENV, et non plus 160, dès la rentrée 2022. Ces 20 places supplémentaires seront probablement conservées à l’avenir, dans le cadre du plan de renforcement des ENV annoncé récemment par le ministère4, mais avec un report probable des places à la voie post-bac. En effet, le plan de renforcement vise des promotions de 200 étudiants, avec non plus 40 mais 80 étudiants issus du post-bac. Pour la session 2022, est aussi annoncée une hausse des places pour les écoles d’ingénieurs agronomiques ou agro-alimentaires, ou à caractère généraliste.

Côté communication, il semble y avoir eu un petit retard, en effet, car la baisse des places en BCPST n’a été rendue publique qu’en janvier 2020, indique le ministère. Une autre communication officielle a été faite en juin 2021 pour informer les candidats des conséquences d’un redoublement.

Malgré ces évolutions dans les voies de concours, celle des classes préparatoires (surtout BCPST) reste la principale pour intégrer une ENV, même si elle est effectivement en perte de vitesse. A partir de la session 2022, 47,9 % des places offertes seront ainsi encore accessibles via cette voie, contre un peu plus de 70 % auparavant, et 25 % pour la voie post-bac. Ceci dit, il est à noter que le taux de réussite au concours vétérinaire apparaît meilleur par la voie du post-bac : 22,25 % (160 places offertes en 2021 / 719 candidats admissibles après Parcoursup5) contre 15 % pour la prépa.

Des conséquences aussi pour les étudiants de 2020

Une partie des étudiants des classes préparatoires auront aussi à subir une autre réforme, celle du baccalauréat. En effet, celles et ceux ayant débuté une classe préparatoire BCPST en septembre 2020, s’ils font 5/2, se retrouveront à refaire une 2ème année de prépa en 2022-2023, avec un programme différent car adapté au nouveau baccalauréat. De fait, les épreuves du concours vétérinaire à partir de la session 2023 seront aussi différentes. Dans ce contexte, ils pourront exceptionnellement présenter1 3 fois (7/2), et non 2, le concours vétérinaire (2022, 2023 et 2024).

1. https://bit.ly/3kNyLc6

  • 1. 40 étudiants par école.
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