Quel impact des confinements sur la santé des animaux ? - La Semaine Vétérinaire n° 1920 du 12/11/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1920 du 12/11/2021

EXPRESSION

Auteur(s) : Propos recueillis par Pierre Dufour

Avec les confinements successifs et la modification des modes de travail engendrés par la crise sanitaire, les relations entre propriétaires et animaux ont évolué. Avec des conséquences globalement positives pour la santé des animaux.

Céline Rossignol (T16)

Praticienne à Pignan (Hérault)

CelineRossignol.jpg

« Plus de temps pour observer les animaux »

Pendant le confinement, les propriétaires, bien plus présents dans leurs foyers avec le télétravail, ont eu plus de temps pour observer leurs animaux. Ils ont détecté des maladies, souvent chroniques, plus facilement en relevant des symptômes légers jusqu’ici passés inaperçus, comme de la polyuro-polydipsie ou de la toux. Et comme nous sommes restés ouverts, c’était le moment idéal pour faire des bilans. Ils ont consacré plus de temps et se sont investis davantage dans la santé de leurs animaux. En ce sens, les confinements ont eu un impact positif, même si au départ certains avaient peur de sortir de chez eux pour venir à la clinique. Nous avons également constaté de nombreuses primo-adoptions avec des propriétaires qui avaient plus de temps pour l’éducation, ce qui est aussi positif. En revanche, leurs absences soudaines après le confinement ont provoqué quelques troubles d’anxiété de séparation, avec des destructions notamment.

Costanza Azzari (Pérouse 2012) 

Praticienne à Montpellier (Hérault)

CostanzaAssari.jpg

« Quelques problèmes de comportement »

Nous avons remarqué une hausse des adoptions, pour de multiples raisons : beaucoup de personnes se sont retrouvées seules, ont enfin eu le temps de s’occuper d’un animal, ont cherché une excuse pour sortir, ou ont eu accès à un extérieur en déménageant. Cette hausse, ainsi que le temps passé en confinement, a eu des conséquences sur le travail vétérinaire : en plus des visites de routine, les propriétaires, dans un contexte de stress général, sont devenus beaucoup plus attentifs aux moindres symptômes et inquiets pour leurs animaux. De plus, en ayant moins dépensé, les gens ont probablement pu investir plus en soins vétérinaires. Nous avons aussi observé quelques problèmes de comportement : hyperattachement et anxiété chez les chiens adoptés en confinement, qui ont dû affronter le retour au travail de leur propriétaire après des mois de présence constante. Des changements de routine ont pu également perturber certains chats, habitués à être autonomes la journée.

Julie Bernard (T 16)

Praticienne à Angoulême et Gond-Pontouvre (Charente)

JulieBernard.jpg

« Une grosse épidémie de typhus »

Nous nous sommes rendu compte de la hausse des adoptions avec le boom des vaccinations pendant l’été suivant le premier confinement. Le télétravail a été une bonne opportunité pour s’investir dans l’éducation des animaux et, malgré une appréhension des propriétaires à la reprise, nous n’avons pas constaté d’impact majeur sur le comportement des jeunes animaux, même si certains chiots peu sociabilisés avaient peur de tout, ce qui a été, pour la plupart, facilement rattrapé ensuite. Pendant le confinement et au moment de l’arrêt du télétravail, nous avons vu davantage de cystites idiopathiques chez des chats dont l’environnement avait été bouleversé. Lors du confinement et durant quelques mois, une augmentation du poids chez 70 % des animaux de notre clientèle a aussi été observée. Mais surtout, du fait de l’augmentation des adoptions et de l’arrêt des vaccinations, nous avons eu une grosse épidémie des typhus qui n’a pas été simple à gérer. Nous avons revacciné en masse, remédicalisant même certains animaux qui ne l’étaient plus.

Abonné à La Semaine Vétérinaire, retrouvez
votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr