LES RÉSEAUX SOCIAUX, UN DANGER POUR LA PROFESSION ? - La Semaine Vétérinaire n° 1918 du 29/10/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1918 du 29/10/2021

EXPRESSION

Auteur(s) : PROPOS RECUEILLIS PAR CHANTAL BÉRAUD

Quel regard les praticiens portent-ils sur les réseaux sociaux ? Quels sont leurs avantages mais également leurs inconvénients ? Histoires de réseaux, tout aussi sociaux qu’asociaux, selon la façon dont l’homme les utilise.

CYRIL CHOVET (N 05)

Praticien en canine et NAC, du groupe CaduVet à Lille (Nord) et Pontcharra (Isère)

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On y trouve le meilleur comme le pire !

Nous gérons activement les réseaux sociaux de CaduVet, car ils sont devenus indispensables pour tester le pouls de notre clientèle, voire pour recruter des patients comme des salariés. Nous donnons de l’information ou répondons à des messages sur la page FB, publions sur Instagram et YouTube. Sur ces réseaux, nous observons les évolutions des comportements, telle la place grandissante des lapins comme membres de la famille ! Les propriétaires y expriment aussi leurs inquiétudes, auxquelles nous pouvons répondre directement en touchant l’ensemble des propriétaires concernés. Tous les vétérinaires et ASV de l’équipe ont les droits pour intervenir librement sur les groupes, afin de réagir rapidement, notamment en cas de problème (diffamation, propos agressifs, « consultations » médicales en ligne, etc.). Car il ne faut pas oublier que la structure vétérinaire est juridiquement responsable de ce qui est publié sur ses réseaux sociaux !

CAROLINE TRUFFAUT (N 01)

Praticienne en canine à Plouay (Morbihan)

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Mon billet lu plus de 200 000 fois !

Notre clinique a une page FB, outil incontournable pour communiquer avec nos clients. Fin 2020, j’y ai posté une sorte de remise au point, intitulée « Les vétos, ces escrocs », en expliquant notamment que nous aimons les animaux, mais que c’est aussi notre gagne-pain, et en nous comparant à une autre profession : « Votre pédiatre aime (peut-être encore) les enfants, mais il ne les soigne pas gratuitement, même s’ils sont errants dans les rues. » Ce message a été lu plus de 200 000 fois, y compris à l’étranger ! Ce genre de réponse favorise peut-être une prise de conscience chez certains ? Je rédige ponctuellement divers billets, parfois même en vers, car cela m’amuse et que je ne veux pas d’une page FB clinique « standardisée ». Pour répondre, j’essaie de prendre de la distance, pour ne pas être agressive. À partir du moment où l’on bosse correctement, ce n’est pas la note Google qui doit nous empêcher de dormir ! Heureusement, la majorité de notre clientèle est sympathique.

HERVÉ BOSSY (N 83)

Praticien en canine à Pornichet (Loire-Atlantique)

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Les praticiens doivent réagir aux propos haineux

En qualité de président du conseil régional de l’Ordre des Pays de la Loire, j’ai parfois connaissance de confrères qui sont agressés sur les réseaux sociaux. Par exemple, quand un praticien euthanasie un chien estimé dangereux, il peut y avoir à son encontre des réactions explosives en chaîne provenant de toute la France. Jusqu’à des menaces de mort ! Des messages haineux, anonymes, se mettent alors à tourner en boucle, sur les comptes Google, les pages FB, parfois même laissés sur les répondeurs. Quand une affaire devient à ce point incontrôlable et part en vrille, il y a quelques années, nous restions tous sidérés, aujourd’hui, nous recommandons aux praticiens de porter plainte. Depuis l’assassinat atroce de Samuel Paty, juges et enquêteurs sont devenus plus attentifs aux dangers induits, qui sont réels. Dans les cas graves, il arrive que l’Ordre national se signale auprès du procureur afin de pouvoir se constituer partie civile auprès des confrères.

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