L’OABA souffle ses 60 bougies ! - La Semaine Vétérinaire n° 1918 du 29/10/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1918 du 29/10/2021

Protection animale

ANALYSE MIXTE

Auteur(s) : Par Marine Neveux

L’assemblée générale de l’OABA, organisée le 9 octobre à l’Assemblée nationale, a été l’occasion de célébrer les 60 ans de l’association. Un événement, alors que s’achevaient les 20 ans de présidence de Jean-Pierre Kieffer. Actif durant 30 ans au sein de l’OABA, Jean-Pierre Kieffer vient
de nous quitter, après avoir passé le témoin à Manuel Mersch.

L’assemblée générale de l’Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs (OABA) s’est tenue dans la salle Victor Hugo de l’Assemblée nationale le 9 octobre. Lieu symbolique, Victor Hugo étant député, mais aussi « un fervent défenseur des animaux avant que cela ne nous paraisse normal », rappel Loïc Dombreval, vétérinaire et député, accueillant l’ouverture de la session. « Une plume féroce qui établit un lien unique à l’époque entre la misère animale et la misère humaine. » Une plume qui révèle le côté sombre de l’humain envers l’animal. Victor Hugo aura ainsi pesé de sa plume dans des poèmes comme celui de Melancholia dans Les Contemplations et de toute son influence pour que la loi Grammont en 1850 apporte de premières avancées sur les animaux maltraités. « Avant tout le monde, il a compris que la souffrance des animaux ne s’oppose pas à celle des humains. La souffrance animale est un humanisme », poursuit notre confrère.

Loïc Dombreval dresse les avancées nombreuses de l’OABA et reconnaît que la condition animale en France doit beaucoup à notre confrère Jean-Pierre Kieffer, président pendant vingt ans de l’OABA et engagé dans bien d’autres associations1. « Un esprit caustique dans le calme et la bienveillance, souligne-t-il, un illustre confrère et un grand président de l’association. » Cette assemblée était riche en émotions et en reconnaissance pour Jean-Pierre Kieffer. L’OABA, ce sont en effet de nombreuses avancées comme le déploiement de l’information Bien-être animal dans les grandes surfaces, les audits d’abattoirs, les combats de longue haleine pour dénoncer les conditions d’abattage, de transport, etc.

L’OABA collabore avec bien d’autres associations : la Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA), Compassion in World Farming (CIWF), Animal Welfarm, etc. L’occasion pour leurs représentants de monter à la tribune pour expliquer leurs actions.

Le droit à la traîne

Jean-Pierre Marguénaud, professeur retraité de la faculté de droit et des sciences économiques de Limoges, a abordé le sujet de la protection juridique des animaux d’élevage et évoqué la problématique des animaux sauvages qui ne disposent pas de protection contre les actes de cruauté et ne sont pas reconnus individuellement. Le droit de l’environnement n’est pas plus protecteur pour eux, car il « est attaché à la biodiversité, aux espèces, mais là aussi la sensibilité de l’animal sauvage n’est pas au cœur du droit de l’environnement ».

Jean-Pierre Kieffer est revenu sur l’une des actions importantes de Jacqueline Gilardoni, fondatrice de l’OABA il y a soixante ans : l’abattage sans étourdissement. Des avancées, mais bien des reculs aussi, alors que « 62 % des abattoirs peuvent déroger à l’obligation d’étourdissement en 2020 », s’insurge-t-il. Un triste constat aussi ces derniers mois comme le montrent des records en termes d’animaux maltraités confiés à l’OABA. En 1993, ce sont 14 bovins confiés à l’OABA, en 2020, ils sont 1 800. « Si l’administration assume les frais de transport, elle ne participe pas aux frais d’hébergement que l’OABA supporte seule, souvent pendant de longs mois dans l’attente d’une décision de justice », ne décolère pas notre confrère.

Frédéric Freund, directeur général de l’OABA, poursuit les actions. Dernière en date : celle du Label Rouge. En 2019, l’OABA était alertée sur une demande de modification du cahier des charges. Dans l’annexe du site de l’Institut national de l’origine et de la qualité (INAO), la section intitulée « amenée au poste d’étourdissement » était remplacée par la formule « amenée au poste de contention ». L’étourdissement avait ainsi disparu. « Le ministère de l’Agriculture vient de reconnaître qu’en production de Label Rouge, on peut avoir de l’abattage sans étourdissement, explique Frédéric Freund. Désormais, l’OABA déposera tous les recours juridictionnels possibles pour publicité trompeuse et mensongère dès que la filière viande associera Label Rouge et bien-être animal. »

Information et formation

L’OABA participe à l’information et à la formation auprès de plusieurs publics. Ainsi, elle participe à la formation des vétérinaires inspecteurs « pour apporter le point de vue d’une association de protection des animaux d’élevage, pour informer sur les procédures de retrait des animaux maltraités et sur les bonnes pratiques en abattoirs ». Frédéric Freund s’est ainsi rendu à l’École nationale des services vétérinaires (ENSV) de Lyon en mars 2020 pour intervenir devant les futurs agents de l’État en charge de la santé et de la protection des animaux.

Dans le prolongement des audits de protection animale en abattoirs réalisés par notre confrère Michel Courat, l’OABA a mis en place un apprentissage aux grilles de ces audits. Ainsi, plusieurs vétérinaires conseils ont été formés pour les contrôles exigés par le groupe Carrefour dans les abattoirs fournisseurs.

L’OABA participe aussi à la formation des élèves ingénieurs agronomes, lors de réunions professionnelles comme celles de l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), et à celle des vétérinaires praticiens, avec notamment la session de formation sur des situations de maltraitance animale en élevage organisée par la direction départementale de la protection des populations (DDPP) de la Drôme.

Nouveau conseil

Notre confrère Manuel Mersch succède à la présidence de l’OABA à Jean-Pierre Kieffer. Nommé président d’honneur, Jean-Pierre Kieffer est décédé dans la nuit du 25 au 26 octobre. Manuel Mersch, vétérinaire praticien en Île-de-France, est engagé dans les secours aux personnes et aux animaux, il est commandant de sapeurs-pompiers volontaires et attaché au service départemental d’incendie et de secours du Val-d’Oise.

Deux vétérinaires entrent aussi au conseil d’administration : Anne-Claire Gagnon, présidente de l’Association contre la maltraitance animale et humaine (Amah), et Cédric Vandendries qui a été vétérinaire pour animaux de ferme dans plusieurs départements ruraux ainsi que responsable d’une ferme pédagogique pour une association de protection animale, et qui désormais sensibilise et réalise la promotion des bonnes pratiques d’anesthésie et gestion de la douleur auprès des établissements de soins vétérinaires.

  • 1. Lire La Semaine Vétérinaire no 1916 et 1917 du 15 et 22 octobre 2021, page 42.
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