Systématiser la prise de tension - La Semaine Vétérinaire n° 1914 du 01/10/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1914 du 01/10/2021

Cardiologie féline

ANALYSE CANINE

Auteur(s) : Par Karin de Lange

Bien qu’encore peu pratiquée en routine, la mesure de la tension artérielle devrait faire partie de la consultation féline de base. Le 25 mai dernier, Ceva organisait la journée Cat Expertise, l'occasion de contrer les idées reçues autour de cette expertise essentielle.

« L’hypertension touche environ 10 % des chats âgés », a rappelé Andy Sparkes (Dipl. ECVIM, spécialiste en médecine féline au Royaume-Uni) lors de la journée Cat Expertise organisée par Ceva le 25 mai dernier. « Si près de 90 % des vétérinaires s’accordent à dire que la mesure de la tension artérielle est bénéfique chez les chats, seule une petite minorité offre effectivement ce service ». En effet, sur 350 000 consultations félines au Royaume-Uni, la mesure de la tension artérielle a été proposée dans moins de 1,5 % des cas et dans moins de 5 % des consultations de chats âgés de plus de 9 ans. En d’autres termes, « nous sommes d’accord que c’est une affection courante, mais nous ne sommes pas très bons dans la prise de la tension au quotidien », ajoute Andy Sparkes qui bat en brèche cinq excuses couramment employées face à ce constat :

1. « Je ne sais pas quel équipement utiliser ! » « La vérité : cela n’a pas vraiment d’importance ! Tous les équipements sont efficaces, que vous optiez pour l’oscillométrie, le doppler ou l’oscillométrie haute définition. L’essentiel est de garder tout constant, donc le même équipement sur le même site anatomique avec le même brassard et le chat dans la même position. »

2. « Je n’ai pas le temps ! » « Pour quoi d’autre n’avez-vous pas le temps : mesurer le poids corporel, la température, l’auscultation ou une prise de sang ? », relève le conférencier. De plus, la prise de tension peut être faite rapidement : « dans la moitié de cas, cela prend moins de 5 minutes, et dans 90 % de cas moins de 10 minutes. »

3. « Les chats sont trop stressés, les résultats ne sont pas fiables ! » « Les humains aussi souffrent de l’effet de la blouse blanche ! Pourtant, si votre médecin généraliste ne prenait pas votre tension, cela serait considéré comme une mauvaise approche clinique. Et vous pouvez rendre le résultat plus fiable : endroit calme, manipulation calme et empathique, en laissant le chat s’acclimater, utilisation de phéromones, etc. De plus, le stress et son impact peuvent être pris en compte. »

4. « Ce n’est pas viable financièrement ! » « Ce n’est pas vrai si vous l’intégrez comme une procédure de routine à haut volume et à faible coût, précise Andy Sparkes. Cela devrait faire partie de la consultation de base. » L’investissement initial est relativement faible, mais l’appareil permet la détection précoce de nombreuses affections sous-jacentes et de lésions des organes cibles (TOD pour target organ damage). La tension artérielle devrait être prise en routine au moins une fois par an chez les chats de plus de 7 ans, et deux fois par an, voire plus souvent chez les chats de plus de 10 ans. « Si vous le faisiez payer, vous en feriez moins et vous passeriez à côté de l’hypertension, mais aussi de nombreuses maladies associées. »

5. « Comment savoir quand traiter ? » En règle générale, il convient de traiter si la pression artérielle systolique (PAS) dépasse les 140-150 mm Hg et s’il y a des signes de TOD oculaire ou neurologique, ou si la PAS est supérieure ou égale à 160 mm Hg ET s’il existe des signes de TOD, ou si la PAS est supérieure ou égale 160 mm Hg à au moins deux reprises sans « l’effet blouse blanche ». L’amlodipine est le traitement de choix : l’objectif doit être de faire descendre la tension en dessous de 160 mm Hg. Un traitement adjuvant peut être prescrit, tel que les inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine ou les bêta-bloquants.

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