Test génétique pour laPSSM2 et la myopathie myofibrillaire - La Semaine Vétérinaire n° 1913 du 24/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1913 du 24/09/2021

Diagnostic

FORMATION MIXTE

Auteur(s) : Anne Couroucé

Le test commercial génétique pour la PSSM2(PolySaccharide Storage Myopathy type 2)et la myopathie myofibrillaire ne correspond pas à un diagnostic histopathologique comme le montre une récente publication.

La PSSM

La PSSM, ou myopathie à stockage de polysaccharides, est une forme de rhabdomyolyse à l’exercice qui a été identifiée à l’origine chez les Quarter Horses et apparentés. Les marqueurs ayant permis de découvrir la PSSM sont les agrégats de polysaccharides résistants à l’amylase dans le muscle squelettique lors de l’utilisation de la coloration PAS (periodic acid shiff)(photos 1 et 2) ainsi qu’une concentration en glycogène 1,5 fois plus élevée que la normale. En 2008, une mutation au niveau du gène de la glycogen synthase 1 (GYS1) a été identifiée, ce qui a permis de revoir la classification de la PSSM (1). Les chevaux présentant une modification de ce gène ont été classifiés comme présentant une PSSM de type 1 (PSSM1). Le terme de PSSM de type 2 (PSSM2) a alors été créé et attribué aux chevaux présentant des signes cliniques d’intolérance à l’exercice et des agrégats anormaux de polysaccharides dans les fibres musculaires mais qui ne possèdent pas la mutation GYS1. La PSSM2 est plus commune chez les chevaux de selle (warmbloodou WB) et les chevaux arabes (AR), alors que la PSSM1 prédomine chez les chevaux lourds et les Quarters Horses et apparentés.

Récemment (2 et 3), une analyse histologique plus approfondie de biopsies musculaires réalisées chez des chevaux de races AR et WB présentant une PSSM2 a révélé que certains d’entre eux présentaient des agrégats anormaux d’une protéine cytosquelettique, la desmine, sur une petite portion des fibres musculaires 2A. À la microscopie électronique, il s’est avéré que le glycogène s’accumulait entre les myofibrilles désorganisées. Du fait de cette trouvaille, les chevaux présentant des agrégats de desmine qui avaient été initialement classés comme PSSM2 ont été reclassifiés comme présentant une myopathie myofibrillaire (MFM, pour myofibrillar myopathy). Au vu de la similarité des signes cliniques chez les chevaux MFM et PSSM2, il est très probable que la PSSM2 soit une manifestation précoce de la MFM. Toutefois, cela n’a pas été complètement établi à ce jour.

Focus sur le test

Un test génétique, mis au point et commercialisé pour la PSSM1, a été validé scientifiquement et a reçu une licence. Attention, certains laboratoires utilisent un test pour la PSSM1 qui n’est pas validé et dont les résultats ne sont pas corrects. Il convient donc de bien vérifier avant d’envoyer des échantillons que le test proposé est conforme.

Un test génétique pour le diagnostic de la PSSM2, et de la MFM, a récemment été commercialisé mais n’a pas été validé scientifiquement.

Le but de cet article était donc de comparer le génotype et la fréquence des allèles de ce test commercial pour les variants suivants : (P variants) dans MYOT (P2 ; rs1138656462), FLNC (P3a ; rs1139799323), FLNC (P3b ; rs1142918816) et MYOZ3 (P4 ; rs1142544043) entre des chevaux de selle (Warmblood ou WB) et des chevaux arabes (AR) diagnostiqués avec une PSSM2 ou MFM par histopathologie.

Les chevaux : ont été inclus dans cette étude, 54 chevaux contrôles WB, 68 PSSM2/MFM-WB, 30 chevaux contrôles AR et 30 PSSM2/MFM-AR et 205 génotypes publics.

Résultats

Il n’y avait aucune association significative entre aucun des locus et un diagnostic histopathologique de PSSM2/MFM. Pour tous les tests, la sensibilité était inférieure à 0,33.

La fréquence des allèles chez les WB (contrôles/cas) était de : 8 %/15 % (P2), 5 %/6 % (P3a/b) et 9 %/13 % (P4) ; chez les AR les fréquences étaient de : 12 %/17 % (P2), 2 %/2 % (P3a/b) et 7 %/12 % (P4).

Conclusion

Du fait d’une absence d’association entre le diagnostic histopathologique de la PSSM2 ou MFM et le test génétique commercialisé pour les variants P2, P3 et P4 chez les WB et les AR, il n’est pas possible de recommander d’utiliser ce test pour la sélection et l’élevage, les visites d’achat ou le diagnostic d’une myopathie.

  • D’après l’article de Valberg S.J., Finno C.J., Henry M.L. et coll., Commercial genetic testing for type 2 polysaccharide storage myopathy and myofibrillar myopathy does not correspond to a histopathological diagnosis, Equine Vet. J., 2020;53(4):690-700.

Pour en savoir plus

1 - McCue M.E., Valberg S.J., Lucio M., Mickelson J.R. et coll., Glycogen synthase 1 (GYS1) mutation in diverse breeds with polysaccharide storage myopathy, J Vet Intern Med., 2008;22(5):1228-1233.

2 - Valberg S.J., McKenzie E.C., Eyrich L.V. et coll., Suspected myofibrillar myopathy in Arabian horses with a history of exertional rhabdomyolysis, Equine Vet J. 2016;48(5):548-556.

3 - Valberg S.J., Nicholson A.M., Lewis S.S. et coll., Clinical and histopathological features of myofibrillar myopathy in Warmblood horses, Equine Vet J., 2017;49(6):739-745.

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