La rentrée des étudiants du post-bac - La Semaine Vétérinaire n° 1911 du 10/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1911 du 10/09/2021

ENV

ANALYSE GENERALE

Auteur(s) : Par Tanit Halfon

Avec la nouvelle voie de concours post-bac, 160 étudiants, encore lycéens l’an dernier, entameront directement une première année d’études vétérinaires au sein des quatre écoles nationales.

Coup de jeune pour cette rentrée dans les écoles nationales vétérinaires (ENV). En septembre 2021, elles accueillent chacune 40 étudiants, ayant obtenu leur baccalauréat l’an dernier, pour une première année d’études vétérinaires. Ces 160 étudiants, dont 81 sont encore mineurs au moment de cette rentrée, ont, en effet, réussi les épreuves du concours vétérinaire de la nouvelle voie post-bac. Avec la création de cette nouvelle voie de recrutement, s’opère un changement dans la numérotation des années d’études. Ainsi, la première année d’études vétérinaires, A1, correspond désormais à celle suivie par les 160 étudiants du post-bac. Ceux issus des autres voies du concours intégreront donc les ENV à partir de la deuxième année d’études vétérinaires, ou A2, pour former avec les admis du post-bac, une promotion complète. Pour les étudiants issus des voies classiques, il n’y a pas de changement dans le nombre d’années d’études en ENV qui est de cinq ans : pour eux, ces cinq années correspondent donc désormais aux deuxième, troisième, quatrième, cinquième et sixième années d’études vétérinaires. Les admis du post-bac suivront donc, eux, un total de six années d’études en ENV. Six années d’études, c’est presque deux années de moins que la durée moyenne des études vétérinaires en France, estimée entre sept à huit ans. Et cela correspond à la durée moyenne des études dans les autres pays européens. Cette réduction était un des objectifs phares de la réforme.

Une semaine à Limoges

Après une rentrée le lundi 6 septembre dans chaque école, tous les étudiants vont se retrouver pendant une semaine à Limoges avec des enseignants des quatre écoles, en réponse à l’invitation lancée par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Au programme, des visites, notamment d’exploitations agricoles et du pôle de Lanaud, et des conférences, entre autres sur le métier de vétérinaire et l’histoire de la médecine vétérinaire et de l’agriculture. Par la suite, l’emploi du temps est commun entre les quatre écoles, et certains enseignements pourraient aussi être concernés, par voie dématérialisée. Les enseignants sont des professeurs agrégés qui ont été recrutés au sein de chaque école, associés à des vacataires, notamment pour les mathématiques et les langues. Les enseignants-chercheurs des autres disciplines des ENV seront aussi amenés à participer aux enseignements. Au cours de cette année, l’objectif est de dispenser des enseignements « utiles » pour la profession dès la première année d’études, avait expliqué la direction générale de l’enseignement et de la recherche (DGER) interrogée à ce sujet pour un précédent article. Cela se voit effectivement dans le programme accessible sur Internet1 : ainsi, si les mathématiques sont bien entendu enseignées, elles sont « appliquées aux études vétérinaires ». Un module d’enseignement est consacré à la présentation du secteur vétérinaire, son histoire et les enjeux de la profession, avec une partie dédiée à la construction de son projet professionnel. Pour une autre unité d’enseignement dédiée aux méthodes d’apprentissage et à la communication, un des objectifs sera de réaliser une analyse critique et éthique de sujets de société liés à l’univers vétérinaire. À la fin de l’année, les étudiants devront passer des examens pour valider leur passage en deuxième année d’études en septembre 2022. Pour que la transition se passe bien avec l’arrivée en deuxième année d’études des étudiants issus des autres voies du concours, un groupe de travail sur le passage du cursus de cinq à six ans, qui réunit étudiants, membres du personnel et enseignants, s’est mis en place.

Des objectifs atteints

Selon Marc Gogny, professeur à Oniris et chargé de mission national concours vétérinaire post-bac, les objectifs visés sont atteints, et confirment la qualité de ce dispositif de recrutement. D’une part, les étudiants retenus sont d’excellent niveau et d’une grande maturité. D’autre part, l’exigence de diversification territoriale et sociale recherchée est gagnée. Il y a 12 % de boursiers, selon les critères de bourses de l’enseignement secondaire, qui sont plus drastiques que ceux de l’enseignement supérieur. Si on ajoute les boursiers du supérieur, cela amènerait à environ 40 % de boursiers, ce qui est supérieur au 30 % environ de boursiers des ENV. De plus, 7 % des admis sont issus des filières générales des lycées agricoles (pour comparaison, 3,2 % des bacheliers de la filière générale sont issus de ces lycées) ; 67 % des admis viennent de lycées sans filières post-bac (classes préparatoires et BTS), ce qui se rencontre plutôt dans les lycées de grandes métropoles ; trois étudiants sont issus du dispositif Les Cordées de la réussite, ce qui n’avait jamais été le cas dans les ENV. Enfin, des analyses préliminaires suggèrent une répartition plus homogène de ces étudiants sur le territoire, par rapport notamment à ceux issus de la voie A. Parmi eux, quatre jeunes sont issus des territoires ultramarins. Cette voie ne déroge pas à la tendance de ces dernières années pour ce qui est de la part femmes/hommes : sur les 160 admis, presque 80 % sont des femmes.

Ce bilan positif conforte les modalités du concours post-bac de l’an prochain : ainsi, les entretiens oraux – épreuves scénarisées et QCM – seront conservés à l'identique, y compris le format visio.

Au final, la première promotion intégrant des étudiants du post-bac sortira en 2027. Ces étudiants seront suivis jusqu’à l’obtention de leur diplôme, et comparés avec ceux issus des autres voies. Seront-ils plus prêts à la réalité du métier de praticien ? Selon la DGER, «  le type d’épreuves que nous avons retenues est assez unanimement mesuré et décrit, au niveau international, comme étant nettement mieux corrélé à une bonne acquisition de compétences professionnelles, notamment dans le domaine médical, que les épreuves académiques classiques ». À suivre.

Une voie qui pèse

Cette nouvelle voie post-bac s’ajoute aux autres voies existantes du concours vétérinaire : voie A et A-TB (classes préparatoires), B, C, D et E. Les places offertes ont été retirées à la voie des classes préparatoires : ainsi, pour le concours 2022, seulement environ 310 places seront accessibles via les voies A et A-TB, et 170 places pour les voies B, C et D. Pour la session 2021, les voies A et A-TB offraient respectivement 461 et 11 places. Au final donc, les étudiants du post-bac représenteront un quart d’une promotion complète.

Du changement aussi dans les autres voies

Les autres voies de recrutement évoluent également. Parmi les changements notables, le concours B qui, à partir de cette année 2021, pouvait être passé dès la seconde année de licence et non plus la troisième, pour ici aussi réduire la durée globale des études. De fait, les étudiants en licence accès santé (L.AS) ont pu aussi présenter le concours B vétérinaire, en parallèle des concours pour les études de santé humaine. Dans la même optique, pour le concours C, il est interdit depuis 2018 de redoubler la classe ATS-bio qui y prépare. Enfin, pour le concours A, avec l’évolution du baccalauréat, il est prévu d’adapter le programme et les épreuves : elles seront notamment réduites avec en plus un entretien scientifique et professionnel de 45 minutes. Il est aussi possible qu’un bonus de points soit attribué aux élèves de cette voie A qui présentent pour la première fois le concours afin de décourager les 5/2 (élèves qui refont leur seconde année de classe prépa et présentent donc le concours pour la deuxième année consécutive).

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