La contention du chien - La Semaine Vétérinaire n° 1911 du 10/09/2021
La Semaine Vétérinaire n° 1911 du 10/09/2021

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FORMATION CANINE

Auteur(s) : Jade Lardenois, praticienne à NancyCaroline Gilbert, professeure en éthologie fondamentale et appliquée à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (ENVA)

Que ce soit lors de l’examen général ou des examens complémentaires chez le chien, le praticien a souvent besoin que l’animal adopte une position particulière et reste immobile. Lors de ces manipulations, l’objectif est à la fois d’assurer la sécurité des intervenants et de limiter le niveau de stress de l’animal.

Se mettre en sécurité

La première action à faire pour se mettre en sécurité est de poser une muselière, de type Baskerville. Lorsqu’un chien est stressé, le halètement est une réaction physiologique et une muselière en nylon ou un lien le limite ou l’empêche, ce qui peut augmenter le stress et le bloquer pour réguler sa température. Ces muselières présentent aussi l’avantage de permettre au chien de prendre des friandises ou de boire. Afin de poser la muselière, le mieux est de se placer à côté de l’animal ou derrière lui et non face à lui afin de ne pas avoir une attitude menaçante. Déposer une friandise au bout de la muselière, à l’extérieur, incite le chien à placer son museau à l’intérieur pour l’atteindre. Une habituation est recommandée, afin d’apprendre la muselière par étapes : 1) le chien place son museau dans la muselière, il est récompensé ; 2) il place son museau à l’intérieur, la bride de la muselière est placée, sans être fermée ; 3) la muselière est fermée. Ces étapes peuvent être effectuées pendant plusieurs jours.

Pour les brachycéphales, la muselière n’étant pas possible (sauf muselière adaptée), deux solutions sont possibles : une collerette ou une serviette assez épaisse, roulée pour être placée autour du cou du chien. Ces deux outils font alors fonction de minerve et empêchent le chien de se retourner pour mordre la personne réalisant l’acte.

Guider l’animal dans sa position

Une fois la sécurité assurée, le chien peut être amené dans une position particulière pour un examen ou un acte vétérinaire. Puisque toute contention est source de stress, la première chose à faire est de demander au propriétaire si le chien sait se coucher, sur le côté ou le dos, sur commande – un nombre croissant d’éducateurs proposent des programmes d’entraînement médical. Dans le cas contraire, les changements de position doivent s’effectuer en équilibrant et manipulant le chien doucement et lentement pour éviter qu’il ne panique. Ainsi, pour coucher un grand chien en décubitus latéral, il est préférable de se placer à genoux à côté de lui, de le faire doucement basculer sur soi, puis de le faire glisser de ses cuisses au sol. Si au cours de ces manipulations, il est nécessaire de repositionner ses mains différemment, il est préférable de les faire glisser le long du corps du chien jusqu’à la nouvelle position plutôt que de lâcher et de reprendre la contention, car ce nouveau contact pourrait surprendre l’animal. Pour un chien agressif, très peureux ou stressé et qui se débat, il est nécessaire d’envisager une sédation plutôt que d’augmenter le nombre de personnes tenant l’animal, ce qui pourrait accentuer le stress du chien et le risque pour tous les manipulateurs.

  • 1. Herron M.E., Shreyer T., The Pet-friendly Veterinary Practice : a guide for practitioners, Vet. Clin. North Am. Small Anim. Pract., 2014 ; 44 (3) : 451-481.
  • 2. Yin S., Low stress handling, restraint and behavior modification of dogs and cats : Techniques for developing patients who love their visits, 2009, CattleDog Publishing. ¶
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